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Géographiquement parlant (source Madame Wikipedia), l'Angara est la seule rivière issue du lac Baïkal alors que celui-ci reçoit 336 cours d'eau. Après avoir quitté le lac au niveau de Listvianka, l'Angara s'écoule vers le nord en arrosant les villes d'Irkoutsk et de Bratsk, puis s'oriente vers l'ouest après avoir reçu les eaux de l'Ilim, et se jette dans l'Ienisseï à hauteur de Strelka. Sa longueur est de 1 779 km.
Angara, c'est aussi une légende que nous raconte notre guide Anna, pour qui, comme pour beaucoup d'Irkoutiens, la rivière (mais j'ai du mal à me contenter de ce mot-là vu ses dimensions et son débit) est un être à part entière.
"Au temps jadis, le puissant Baïkal était bon et joyeux. Il avait une fille Angara, d'une grande beauté, qu’il aimait fort. Tout le monde l’admirait et la respectait, jusqu'aux oiseaux de passage qui n'osaient effleurer ses eaux. Vint le moment où l'on songea à marier la jeune fille. Le vieux Baïkal lui présenta un jeune prince nommé Irkout qui laissa Angara indifférente. Celle-ci avait, en effet, déjà croisé le noble Iénisseï et en était tombée éperdument amoureuse.
Une nuit, alors que son père dormait, Angara a pris toutes ses eaux et s’est mise à courir à perdre haleine vers son bien-aimé. A son réveil, Baïkal, pris de fureur en découvrant la fuite de sa fille, a saisi un rocher et l'a lancé dans sa direction.
La roche est tombée juste sur la gorge d’Angara qui s’est mise à implorer son père, à lui demander pardon et à le prier de lui donner au moins une goutte d’eau. Baïkal lui a répondu qu’il ne pouvait lui donner que ses larmes...
Depuis lors, l’Angara jette ses eaux-larmes dans l’Iénisseï. On a nommé la roche jetée par Baïkal à la poursuite de sa fille, la pierre de Chaman. Les peuples alentours ont longtemps cru que Baïkal abritait tous les esprits – bons aussi bien que mauvais. Sur cette pierre de Chaman, ils faisaient de riches sacrifices au lac de peur qu’il ne se mette en colère".
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Ce matin - là, sur la route nous menant à la petite ville de Listvianka, à peine défroissés du voyage de la veille, nous peinons à raccrocher la légende à la réalité. La sauvage Angara n'est plus tout à fait ce qu'elle était : des barrages ont dompté ses eaux pour le confort électrique des hommes, et le rocher, dans la brume, n'émerge qu'à peine. A vrai dire, n'importe quelle pierre aurait pu faire l'affaire. Ne la cherchez pas, elle est quelque part derrière les herbes.
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L'Angara c'est aussi, de manière plus anecdotique, l'un des deux brises-glace commandés par la Russie à l'Angleterre à la fin des années 1890. Epargné par les conflits, il fut utilisé pour le transport de fret et de passagers jusqu'en 1962. Amarré depuis 1990 un peu à l'écart du centre ville d'Irkoutsk, c'est aujourd'hui un musée qui participe à la mélancolie que m'a inspiré la ville. Via ces tours de mémoire que nous joue notre cerveau, ce bateau esseulé m'évoqué un documentaire, "Odessa, Odessa", à propos duquel, une amie, aujourd'hui disparue, me disait qu'on ne comprend pas les russes si on ne saisit pas ce qu'est leur nostalgie, quelque chose qui ne se résume pas d'ailleurs à ce mot là.
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Ce sentiment un peu flottant m'a accompagné toute la journée malgré le soleil sur Listvianka. Du moins, il me semble que c'est ce que ces quelques images disent.
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Portfolio 21 octobre 2019
Extraits sibériens suite: Angara
Angara, c'est une rivière mais pas seulement
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