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Portfolio 10 novembre 2022

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Iran- Les jeunes filles et la Mort

Ce portfolio revient, en images, sur la place des filles dans la Révolution qui a lieu en Iran, un détail qui en dit long, et pourrait bien s'avérer décisif.

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  1. Illustration 1

    J'ai déjà publié un billet que j'avais titré "une révolution de Fillettes", parce que mon interlocuteur s'y lamentait sur l'horreur absolue que constituent les meurtres répétés de très jeunes filles dont le seul crime aura été de réclamer leur liberté, mais je crois qu'il me faut rendre ici justice à ces "fillettes", à toutes ces jeunes filles que le peuple en lutte appelle ses lionnes, ou encore "les filles de l'Iran", oui, leur rendre justice en parlant d'elles autrement que simplement comme des victimes sacrificielles.

    C'est pour cela que j'ouvre ce portfolio avec une photo que je trouve très puissante, prise lors d'une des très nombreuses cérémonies de deuils de victimes de la répression qui sont devenues les points de ralliement de la Révolution.

    Ici, c'est un jeune père (Ismail/Semko Mouloudi) qui a été porté en terre à Mahabad et sa fille de 7 ans, Dalia, qui se tient debout, le regard déterminé et les deux mains brandissant dans les airs le signe de la victoire, s'exclamant sur la vidéo dont est extraite cette image :"je ne pardonnerai pas ceux qui ont tué mon père". 

  2. Illustration 2

    Par solidarité avec les victimes des massacres perpétrés à Zahedan, au Balouchestan (le mot de massacres est ici utilisé à dessein, des organisations de défense des droits de l'homme ont confirmé l'utilisation d'armes de guerre, et les tirs directs sur la population civile, y compris plusieurs enfants), les habitants de Saghez, au Kurdistan (la région d'origine de Mahsa Amini, qui a également payé un lourd tribut à la répression) ont aspergé de "sang" une statue locale.

    Depuis le début des protestations, les noms et les visages de nombreuses jeunes filles mortes sous les coups de matraque, sous la torture ou les balles à bout portant, défigurées, violées, enterrées en catimini, sont venus rejoindre le nom et le visage de Mahsa/Jina Amini dans le cœur de tous les kurdes. 

    Alors quand ils ont voulu exprimer leur solidarité avec les martyrs de Zahedan, le symbole était tout trouvé. 

    La statue s'appelle "la petite bergère de Saghez" et, oui, c'est encore une fillette. 

  3. Illustration 3

    Cette fillette en blouson bleu est kurde aussi, sa photo est partout sur les réseaux sociaux persanophones, reprise dans des dizaines d'œuvres d'art qui alimentent les supports de communication et de manifestation.

    Elle est le plus souvent montrée sur le cliché que vous pouvez voir ci dessus, entre la photo de sa mère, Fereshte Ahmadi, et la pierre tombale de cette dernière, où l'on peut lire "femme, vie, liberté" en kurde.

    Il y a d'autres photos et vidéos où l'on peut voir et entendre ses pleurs déchirants, mais cette image, où elle serre entre ses doigts la terre qui vient de recouvrir le corps de sa mère (abattue par un tir direct alors qu'elle assistait en famille depuis le toit de sa maison aux protestations de la rue) est devenue un symbole fort pour tous ceux qui combattent le régime, y compris très loin de son Kurdistan natal. 

  4. Illustration 4

    Par exemple, sur cette capture d'écran d'une vidéo (volontairement floutée par son auteure pour des raisons de sécurité) où l'on entend les élèves d'une école de filles entonner toutes ensemble la chanson "Baraye" de Shervin Hajipour (devenue un des principaux hymnes de cette révolution), on devine à l'arrière plan cette même photo, celle de la fillette kurde au blouson bleu, et aux doigts plantés dans la terre d'Iran, brandie à bout de bras face à la foule de fillettes qui chantent le poing levé "barayé Azadi" (pour la liberté).

    (Et je parierais sans hésiter sur le fait que le cadre dans lequel la photo a été glissée, contenait il y a peu l'un des portraits officiels du Guide Suprême affichés dans toutes les classes)

  5. Illustration 5

    Il n'est pas anodin que des fillettes kurdes ou baloutches soient ainsi érigées en symboles de cette révolution des femmes, et du peuple en lutte contre l'oppression.

    La photo de Mahsa/Jina Amini que je glisse dans ce portfolio, avec les vêtements traditionnels de sa région, est l'une de celles que sa mère distille sur les réseaux sociaux à intervalles plus ou moins réguliers, comme des signes d'encouragement à ceux qui continuent à se battre (ceux qui ont lu mes précédents articles savent que toute la famille est soumise depuis des semaines à des pressions et menaces constantes visant à les empêcher d'alimenter la protestation, avec leurs propres revendications de justice pour leur fille, ou même les simples expressions de leur deuil).

    Ce n'est pas anodin car le régime fasciste de la République Islamique s'emploie depuis des années à présenter les minorités ethniques comme des éléments dangereux de la société , voire des terroristes, des citoyens de seconde zone dont la population respectable n'aurait pas à se préoccuper.

    Les jeunes iraniens font clairement entendre qu'ils ne mangent pas de ce pain là, et qu'ils entendent choisir eux mêmes où se trouve leur honneur. 

  6. Illustration 6

    Cette photo a été prise dans une salle de classe, la surface blanche au fond est le tableau blanc recouvert de slogans révolutionnaires, et la photo du guide suprême a été remplacée dans son cadre par celle de Sarina Esmailzadeh, lycéenne "vloggeuse" de 16 ans, matraquée  à mort à Karaj (grande banlieue de Téhéran) pendant une des premières manifestations de protestations ayant suivi la mort de Mahsa. 

    Maintenant que chaque jour qui passe est devenu la cérémonie du 3ème, 7eme ou 40eme jour de deuil d'au moins une victime de l'oppression du régime, de nombreux autels de ce genre fleurissent dans les salles de classe à travers tout le pays.

    Beaucoup d'iraniens protestent sur les réseaux sociaux, et supplient les parents de ne plus envoyer leurs enfants à l'école (surtout depuis les drames de l'école Shahid à Ardabil et de l'école Sadr à Téhéran, où les jeunes filles n'ont pas été protégées par les chefs d'établissement, bien au contraire), mais à dire la vérité, ce sont les élèves elles-mêmes qui insistent et supplient pour pouvoir continuer à venir à l'école. Et pour beaucoup de professeurs, le calcul est simple: les laisser se rassembler dans les salles de classes et les cours de récréation, c'est toujours du temps qu'elles ne passeront pas dans la rue, à risquer plus encore.

  7. Illustration 7

    Réunies sur leurs lieux d'études, avec parfois (cela varie beaucoup suivant les établissements) des enseignants qui les encadrent avec bienveillance, les écolières iraniennes qui ont grandi avec la culture chiite et sa martyrologie triomphante (les chants à la gloire des martyrs de la guerre sont quotidiens, on étudie leur vie, on habite dans des rues qui portent leurs nom, on perpétue leur mémoire dans les gestes de tous les jours et on n'oublie jamais qu'il n'y a pas plus noble destin que le leur) font un travail de réinterprétation et de réappropriation aussi profond qu'il est intuitif.

    Sans conférences et sans guides, sans personne pour leur montrer comment faire, elle ont identifié leurs propres martyres d'un nouveau genre, des jeunes filles qui leur ressemblent et qui, plutôt que de donner leur vie pour dieu,et "l'au-delà obligatoire" promis par le régime, s'engagent pour la vie terrestre, et annoncent être prêtes à devenir martyres à leur tour, mais pour la liberté sur cette terre.

    (sur cette photo, des jeunes filles mettent en scène cette transmission, en écrivant chacune sur leur avant bras le hashtag du nom d'une des victimes de la répression).

  8. Illustration 8

    On les voit imaginer des moyens de se joindre au combat, et il est manifeste qu'elles y ont réfléchi, au moins autant que les adultes.

    Dans la vidéo dont est extraite la capture d'écran ci-dessus, un groupe d'élèves chante une version adaptée en Persan de Bella Ciao (aux paroles plus explicitement révolutionnaires que l'original italien), et elles ont pris la peine de faire commencer la chanson par une élève en vêtements traditionnels (foulard compris), progressivement rejointe par ses camarades, certaines dévoilées, d'autre partiellement voilées, et même une ou deux ayant gardé le "maghnaeh" (sorte de hijab cagoule qui couvre aussi le cou), certaines portant le "manteau" couvrant et d'autres en jean et t-shirt.

    Toutes sont filmées de dos, dans un local difficilemenr identifiable, afin de pouvoir diffuser la vidéo sur les réseaux sans trop exposer les participantes, mineures, fragiles, et qui agissent souvent sans l'accord de leurs parents (les iraniens aiment et admirent leurs jeunes lionnes, mais rares sont les parents qui n'ont pas le souhait instinctif de protéger leur propre enfant des conséquences d'actions hostiles au régime). 

  9. Illustration 9

    Les photos prises devant le tableau noir ( ou blanc) sont devenues des classiques, et les écolières et étudiantes qui les mettent en scène, avec des éventails de chevelures denouées et dévoilées souvent impressionnants, cherchent explicitement à provoquer un sentiment d'unité (entre tous les jeunes du pays) et de solidarité ( de la part des jeunes de leur âge, à travers le monde, qui vivent la "vie normale" et jouissent de toutes les libertés pour lesquelles elles se battent).

    Sur cette photo, on les voit faire le signe de la victoire devant le tableau recouvert des slogans qui retentissent dans les rues. 

  10. Illustration 10

    Mais sur celle-ci, on observe qu'elles ont également un message très clair à faire passer au régime (ici incarné par la photo de l'actuel et du précédent guides Suprêmes, Ali Khamenei et Ruhollah Khomeyni) 

  11. Illustration 11

    Elles reproduisent également les poses devenues emblématiques de la révolution, comme celle ci, les bras levés et brandissant le foulard obligatoire qu'elles refusent. 

  12. Illustration 12

    Sur cette photo, des écolieres en uniforme mais tête nue, regardent sur le tableau le hashtag des premiers jours des protestations : non au hijab obligatoire 

  13. Illustration 13

    Sur cette image, un autre groupe d'écolières pointent leurs majeurs vers les mots "république islamique" écrits au tableau. Au dessus, on peut lire deux des slogans les plus utilisés :

    Femme, Vie, Liberté

    et

    Homme, Patrie, Prospérité 

  14. Illustration 14

    Sur cette photo, on sent l'energie libératrice, presque jubilatoire, qui semble habiter les corps de ces jeunes filles, qui exultent de leur double transgression: l'abandon du foulard obligatoire, et le doigt d'honneur vers le tableau et ses symboles d'oppression. 

  15. Illustration 15

    Sur cette photo, ce sont les paroles de la chanson de Shervin Hajipour "Baraye" qui ont été écrites au tableau

  16. Illustration 16

    Il y a quelque chose de touchant, dans les similitudes entre toutes ces chevelures, dont la plupart montrent de très nettes "vaguelettes", signes d'une tresse qui vient d'être défaite, juste après avoir retiré  le foulard obligatoire. 

  17. Illustration 17

    Sur ce cliché, les écolieres se tiennent la main façon chaîne humaine, un autre motif s'ouvent répété dans les cérémonies de deuil des victimes de la répression, mais surtout à l'étranger, notamment lors des manifestations coordonnées de la "freedom human chain" organisée à la fin du mois dernier à travers le monde entier.

    Au tableau, on peut lire "femme, vie, liberté" en kurde, le hashtag Mahsa Amini, et un passage de la chanson "Baraye" qui signifie "pour ma sœur, pour ta sœur, pour nos sœurs". 

  18. Illustration 18

    Et ici, une magnifique caricature d'Ali Khamenei avec des attributs sataniques.

    Un choix intéressant quand on sait que la République Islamique aime à qualifier ses ennemis habituels de serviteurs de Satan

  19. Illustration 19

    Sur cette image, une jeune fille accroche un cadre avec les slogans femme, vie, liberté et homme, patrie, prospérité, comme une devise officielle, là où il y avait probablement auparavant un extrait de texte religieux. 

  20. Illustration 20

    J'ajoute cette photo car je ne voudrais pas donner l'impression fausse que toutes les écoles et tous les enseignants se rangent du côté de leurs jeunes élèves.

    Elle est extraite d'une vidéo où l'on voit une enseignante tenter de convaincre ses élèves que les "troubles" auxquels elles apportent leur soutien (elles ont tagué "Mahsa Amini" et "femme vie liberté" sur le pupitre de leur professeur) sont en réalité une mascarade organisée par les américains et les sionistes, et qu'elles ne doivent pas se laisser manipuler.

    Les jeunes filles sifflent, protestent, et crient. Elles ne lâchent pas prise. 

  21. Illustration 21

    Autour d'elles, le régime continue de refermer ses griffes sur ceux qui protestent ouvertement, créant par réaction une sorte d'aristocratie au sain cette martyrologie nouvelle qu'ils ont cessé de pouvoir maîtriser. Les martyrs de cette révolution n'adhèrent pas à la culture de mort du régime. Ils meurent, certes, mais pour la vie. 

    Aujourd'hui, le frère de Navid Afkari (un lutteur très populaire assassiné par le régime en 2020, suite à son arrestation pour avoir participé aux mouvements de protestation de 2017-2018, et à sa condamnation à la peine capitale après des aveux obtenus sous la torture) a annoncé sur Twitter qu'après l'exécution de son frère Navid, après la longue détention de leur autre frère, après les pressions sur leur famille depuis le début de la révolution en cours (Navid est resté un symbole fort de la résistance au régime, et son nom, comme celui d'autres victimes des mouvements de 2009, 2017, etc. figure en bonne place, avec ceux des victimes plus récentes, dans les slogans et les visuels du mouvement actuel), c'était à présent sa sœur Elham qui avait été arrêtée, et accusée d'être un agent de l'étranger pour avoir communiqué des informations à la chaîne Iran International (chaîne en langue persane dont les bureaux sont basés à Londres, et dont le financement par l'Arabie Saoudite rend la plupart des Iraniens méfiants, mais qui est cependant très suivie car elle est l'une des rares chaînes, avec BBC Persian, a diffuser toute la journée des informations en temps réel sur ce qui se passe en Iran, avec de nombreux documents vidéo et audio envoyés par des Iraniens sur place).

    Bref, les premiers messages mentionnaient l'arrestation/kidnapping d'Elham (avec les photos ci dessus, qui la montrent menottée, les yeux bandés et sous escorte dans un véhicule des forces de l'ordre) et précisaient qu'on ne savait pas où étaient son mari et leur fille de 3 ans.

    Dans un message ultérieur, la situation présentait une mise à jour, indiquant que la fillette était elle aussi "détenue", au sein d'un autre établissement pénitentiaire.

    La fillette. De trois ans donc.

    (il semblerait qu'elle et son père aient finalement été libérés ce soir mais je n'ai pas trouvé de sources fiables sur ce point). 

  22. Illustration 22

    Ces cas de familles entières, harcelées et brisées par la répression, sont devenus familiers. 

    Les iraniens les appellent par leur prénom. 

    Ils continuent à s'inquiéter du sort de "Fatemeh" (veuve de guerre et militante pour les droits des femmes, Fatemeh Sepehri a été notamment cosignataire pendant les protestations de 2017/2018 d'une lettre demandant la démission du guide suprême, ce qui lui avait déjà valu un séjour en prison), qui était, aux dernières nouvelles, gardée à l'isolement dans la prison d'Evin et en très mauvaise santé.

    Elle a beau porter ostensiblement le long tchador noir des femmes les plus pieuses, et incarner de tout son corps et de son statut de "femme de martyr" le discours de propagande du régime, les jeunes iraniens voient plus loin que sa silhouette, et entendent le soutien sans faille qu'elle leur a apporté dès le début du mouvement (et qui lui a valu cette nouvelle arrestation): ils suivent les nouvelles que donnent sa mère (plus légèrement voilée qu'elle) et sa fille (non voilée) comme si il s'agissait de leur propre famille.

    D'ailleurs c'est le cas. Le lien familial est acté, par un peuple entier qui dénonce "ils tuent nos enfants", et qui exprime son soutien à ces jeunes en les appelant "nos filles". 

  23. Illustration 23

    Partout où l'on pose le regard, il y a une fille, une mère, une sœur, qui donne de la voix, et pour chaque fois où l'on ferme les yeux d'un cadavre bien trop petit (ici, celui de Mona Naguib, fillette baloutche de 8 ans abattue d'un tir direct dans la voiture qui la conduisait à l'école), il y a mille fillettes de plus qui se lèvent, avec à chaque fois une raison de plus de vouloir arracher leur liberté. 

  24. Illustration 24

    Les photos des enfants sur la tombe de leurs mères, bien trop jeunes elles aussi, pour mourir, circulent comme autant de menaces explicites pour le régime, qui crée, au vu et au su de tous, une génération de martyres dont les filles savent déjà qu'il n'y a pas d'âge limite pour reprendre le flambeau.

    Cette réalité est très éloignée de la vôtre, je le sais bien, oui, je parle de votre réalité, à vous qui avez tenu jusqu'ici, vous qui vous sentez suffisamment concernés pour avoir fait défiler toutes ces photos de jeunes filles qui se dressent contre la mort... A des milliers de kilomètres de chez vous.

    J'espère avoir réussi à vous faire entrevoir ce que cela signifie, quand nous disons "ils tuent nos enfants".

    Et aussi ce que cela implique : nous nous battrons, nous mourrons mais nous leur reprendrons l'Iran.

  25. Illustration 25

    Je voudrais finir sur une note d'espoir, avec cette dernière photo.

    Si j'ai adopté tout au long de cet article le point de vue des jeunes filles, et insisté sur la force de leur implication, depuis les premières heures de ce mouvement qui reste une réelle "révolution des femmes", il ne faut pas oublier qu'elles ne sont pas seules à se battre.

    Tout comme les femmes à travers tout le pays ont su voir dans une jeune touriste kurde l'incarnation de l'oppression dont elles étaient victimes, les jeunes garçons, les hommes, les pères et les frères, ont aussi très vite compris que la révolution des femmes étaient aussi la leur. 

    Cela a commencé avec les sportifs (et en tout premier lieu le footballeur et héros national Ali Karimi, qui a très vite transformé son instagram en plate-forme du mouvement) et maintenant les acteurs, les journalistes, les chanteurs, sur les réseaux sociaux et dans les médias étrangers, agissent comme une caisse de résonnance de de qui se passe dans la rue.

    Et en effet, dans toutes les régions d'Iran, tombant sous les mêmes coups de matraque et les balles réelles que les jeunes filles dont je vous ai parlé tout au long de cet article, "l'homme de la rue", oui, même le gros lourd qui il y a à peine deux mois sifflait ces mêmes jeunes filles dans la rue, au cas où leur foulard mal ajusté aurait été un signe de petite vertu, ces hommes là versent aujourd'hui leur sang, sur ces mêmes trottoir, pour défendre la liberté et mettre fin à l'apartheid de genre.

    Il y a quelques jours, le champion de beach soccer Saeed Piramoon a célébré le but de la victoire contre le Brésil avec un geste inédit: il a tiré vers le ciel une mèche de cheveux imaginaire, et a mimé avec deux doigts, le geste de la couper, en hommage à toutes les femmes à travers l'Iran et le reste du monde, qui se sont coupé les cheveux pour protester contre l'oppression.

    Sur la dernière photo de ce portfolio, des enfants posent en groupe, et miment à leur tour le geste de ce nouveau héros.

    Cette fois ci, ce sont des petits garçons.

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