Il s'agit d'essayer de retracer l'histoire du guérillero Antonio Navarro Beamonte

Pas  simple car comme les espagnols vaincus qui avaient laissé leur famille en otage chez le dictateur fasciste Franco, il fallait changer de nom. 

Pour protéger sa famille, en rejoignant la Nueve de la 2^e DB, il avait opté pour Carapalo.

Puis lorsqu'il redevint un guérillero en Espagne, il se transforma en Comandante Navarro.  

Attention, ce qui va suivre est une simple enquête personnelle à des années lumières d'une quelconque étude historique. 

Cette histoire a bizarrement débuté à la ferme Kitteria chez Pauline et Ellande avec vu sur ces passages aléatoires de la liberté. Je devais récupérer une sélection de leurs magnifiques produits maison avant d'aller les livrer en Béarn chez les parents d'Éric.

L'évidence s'est invitée bien plus tard à Biel là où nous attendait Alain, le cousin d'Éric. Et les recherches ont commencé ...  

Sur le chemin du retour de la première randonnée, au moment où mon appareil-photo me lâche. 

L'appareil-phote inutilisable, on aurait pu dire que j'avais coulé une " Biel " à Biel, ce beau village aragonais. 

Et cette première reclusienne s'acheva  au club des anciens. Nous voulions jouer à la pétanque mais les derniers orages violents avaient entièrement lavé le boulodrome. 

Alors Alain, qui vit à présent à Biel, proposa un " estanquet " chez les anciens pour effacer la déception. Et entre deux tournées de " mousses ", notre conférencier improvisé nous a conté la vie bien réelle du petit village aragonais, avant d'évoquer l'histoire ou la légende du fameux Comandante Navarro. Voilà ce que j'avais retenu :

" Autrefois, les gens s'essuyaient les pieds sur sa tombe à l'entrée du cimetière, aujourd'hui qu'il est redevenu un héros, tout le monde salue sa mémoire ! "  

Un mois plus tard, Eric est venu m'apporter ce livre qui évoque une histoire de la famille Navarro car une dame de 78 ans a consigné ce formidable témoignage (non signé) la veille de Noël 2010 à l'attention de ses petits enfants.

Avec mon faible niveau d'espagnol, voilà ce que j'ai retenu  pour la partie qui concernait mes recherches : 

" Les Républicains espagnols qui avaient combattu en France, avaient alors constitué un groupe de résistants, pour lutter contre Franco [...]. Parmi ces guérilleros, il y avait un commandant Navarro qui était le fils de mon oncle Donato. La nuit, ils descendaient des Pyrénées pour chercher de la nourriture pour leurs hommes et donner des nouvelles à la famille. Ces guérilleros s'appelaient Los Makis. On ne devait en parler avec personne car les oncles étaient en danger de mort ; ils pouvaient être fusillés pour traîtres au gouvernement de Franco. [...] Cette situation se répétait tous les trois ou quatre jours, par semaine. Pour moi, c'était comme faire de l'espionnage ... "

Et c'est ainsi que Los Makis en Aragon venaient de révéler la piste du guérillero Antonio Navarro Beamonte !

Et j'a fini par retrouver Antonio, devenu le soldat Carapalo de la Nueve de la 2e DB !

La Nueve ? Je n'en avais jamais entendu parler avant de lire le livre d'Evelyn Mesquida que j'avais trouvé à la médiathèque de Villepinte.

J'allais le relire pour vérifier quelques points puisque il figure à la médiathèque d'Orthez. 

En attendant, tout en écoutant Un nuage espagnol de  Serge Utgé-Royo qui en a fait la traduction en français, grâce aux premiers documents trouvés, j'ai vérifié que le soldat Carapalo avait bien appartenu à la Nueve.

Et j'ai fini par le retrouver sur cette célèbre photo. 

Par ailleurs, avec deux autres camarades,  Antonio Gutiérrez et Francisco Sánchez, ils avaient coincé dans son bureau le sinistre général allemand Von Choltitz (confère les exécutions d'aout 1994).

Mais comme en général, un général reste un général, ce monstre ordinaire ne voulait pas être arrêté par de simples soldats espagnols alors les trois " Pingouins " l'avaient retenu prisonnier jusqu'à l'arrivée d'un gradé.  

Puis la Nueve n'étant plus l'essentiel de son combat pour la liberté, le soldat Carapalo  est devenu le guérillero Comandante Navarro. Il es talors retourné en Espagne après avoir quitté la 2e DB ! 

J'ai ajouté ce document " Jugement par contumace du soldat Carapalo " car il montre simplement comment on peut condamner un mort.

Stupidité de la justice et du fait militaire. Tournons la page à présent pour retrouver le guérillero près de Biel, son village natal. Son dernier combat pour la liberté s'est achevé le 6 février 1945 !  

Les Harmonistes sur les chemins dissimulés du Commandante

Antonio Navarro Belmonte a abandonné la Nueve pour aller combattre en Espagne. Là, il devient le guérillero Comandante Navarro.

Il meurt dans la Sierra Carbonera entre Luna et  Santa Eulalia de Gállego, le 6 février 1945 lors d'affrontement avec les forces de la Guardia civil. 

Et il disparait dans une fosse commune du cimetière de Santa Eulalia de Gállego

Sources : Cuando los maquis (Luis Pérez de Berasaluce) et Foro por la Memoria de Aragon

La réhabilitation

Biel, fin de l'histoire.