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Portfolio 24 juillet 2025

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Mon député a voté la loi Duplomb

Nicolas Ray, député Les Républicains (LR) de la 3e circonscription de l’Allier (Vichy), est, comme de nombreux parlementaires de droite, un soutien assumé de la FNSEA. La preuve en images, via son compte X (ex-Twitter).

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  1. Illustration 1
    © Nicolas Ray, post du 26 mai 2025.

    Dans l'après-midi du 26 mai dernier, Nicolas Ray est sorti de l'enceinte de l'Assemblée nationale pour aller « témoigner [son] soutien aux agriculteurs [de la FNSEA] mobilisés [en faveur de la loi Duplomb] ». La proposition portée par le sénateur de la Haute-Loire devait être discutée ce jour-là par les député·es, après le vote de la chambre haute quelques mois plus tôt. En votant la motion de rejet présentée par le rapporteur – lui aussi LR – de la loi, le parlementaire bourbonnais a validé une manœuvre inédite sous la Ve République et contribué à empêcher tout débat dans l'hémicycle : les seules discussions se sont déroulées le 30 juin dans le huis clos d'une commission mixte paritaire penchant nettement à droite... et vers la FNSEA.

  2. Illustration 2
    © LCP, 8 juillet 2025

    Nicolas Ray a voté ce 8 juillet la loi Duplomb, comme 315 autres député·es, tous et toutes issu·es des bancs du « bloc central » (macronie et LR) et de l'extrême droite (RN et UDR). La surprise est venue du fait qu'il n'ait pas mis en scène sa satisfaction de voir la proposition de loi adoptée : aucun post à signaler. Parce qu'avant même le lancement et le succès foudroyant de la pétition, qui approche désormais de la barre des 2 millions de signatures, il était déjà difficile d'assumer son soutien à un texte aux lourdes conséquences sanitaires et environnementales

  3. Illustration 3
    © Nicolas Ray, post du 20 février 2025

    Nicolas Ray a soutenu la PPL Duplomb en reprenant les éléments de langage de la FNSEA : le texte devait selon lui « apporter de nombreuses simplifications administratives » (il permet en particulier la réintroduction de l'acétamipride et de semences enrobées avec cet insecticide de la famille des néonicotinoïdes), « lutter contre les surtranspositions » de règles européennes (qui n'existent pourtant pratiquement pas) et « faciliter la gestion de l’eau » (c'est-à-dire la construction de mégabassines). « Pas d’interdiction sans solution » est le mantra de la FNSEA au sujet des pesticides. En février, Nicolas Ray avait proposé la transposition suivante : « Aucune interdiction, sans solution alternative pour les agriculteurs. »

  4. Illustration 4
    © Nicolas Ray, mai 2022

    Sa proximité avec le syndicat agricole majoritaire n'est pas un scoop. Pendant la campagne du printemps 2022, Nicolas Ray l'avait même ostensiblement affichée : dans la plaquette de 12 pages qu'il avait fait distribuer dans les boîtes aux lettres de la circonscription, il posait aux côtés de Patrice Bonnin, président en exercice de la chambre d'agriculture de l'Allier, qui avait été élu en 2013, puis réélu en 2019 à la tête d'une liste FNSEA 03-JA. Dans l'Allier, la fédération départementale du syndicat est dissidente de la fédération nationale ; la création en 2010 de la FNSEA 03 est l’œuvre du très droitier maire LR de Saint-Pourçain-sur-Sioule, Emmanuel Ferrand, également conseiller régional délégué aux fonds européens agricoles depuis 2016. 

  5. Illustration 5
    © Nicolas Ray, juin 2022

    Rebelote dans la profession de foi de juin 2022 : Patrice Bonnin, qui possède une exploitation de 160 hectares en Montagne bourbonnaise, y appelait à voter pour le candidat LR Nicolas Ray. Il se trouve que les deux hommes se connaissent bien, puisque le second était alors depuis plus de trois ans l'agent comptable de la chambre d'agriculture présidée par le premier. Le Code rural et de la pêche prévoit que « les opérations relatives à la gestion financière des services généraux de la chambre d'agriculture sont effectuées par le président et par l'agent comptable » et que « le président et l'agent comptable rendent compte de leur gestion dans un document commun, le compte financier, qui constate les résultats du budget de la chambre d'agriculture et décrit l'évolution du patrimoine ». Des dispositions qui créent visiblement des liens. 

  6. Illustration 6
    © Nicolas Ray, post du 13 juillet 2023

    Pendant son premier mandat écourté par la dissolution (2022-2024), Nicolas Ray s'est mis en scène sur son compte X avec le président des Jeunes agriculteurs de l'Allier, puis avec celui de la FNSEA 03, Christophe Jardoux, à l'occasion d'une étape du Tour de France, d'une cérémonie de vœux, ou encore sur les salons de l'élevage à Cournon-d'Auvergne et de l'agriculture à Paris. Le parlementaire bourbonnais a ainsi légendé la photographie reproduite ci-dessus : « Un merci particulier à mes amis agriculteurs pour m'avoir permis de suivre l'étape depuis [la voiture de la FNSEA dans] la caravane du Tour. » 

  7. Illustration 7
    © Nicolas Ray, post du 7 octobre 2023

    Lors du Salon de l'élevage 2023, Nicolas Ray s'est notamment rendu avec Christophe Jardoux sur le stand du mastodonte Limagrain et de son président Sébastien Vidal (2e à droite sur la photo). Christophe Jardoux, dont l'exploitation compte 450 hectares, a succédé début 2025 à Patrice Bonnin à la tête de la chambre d'agriculture de l'Allier, mais sa liste n'a recueilli que 40% des voix, soit un recul de 10 points par rapport au précédent scrutin. Président de la FNSEA 03 depuis 2021, il vient de passer la main à son vice-président et ancien président des JA 03, Geoffroy Rivaux, dont l'exploitation couvre 170 hectares. 

  8. Illustration 8
    © Nicolas Ray, post du 29 janvier 2024

    La révolte des tracteurs a secoué le pays début 2024. Nicolas Ray avait alors souhaité « des revenus dignes pour les agriculteurs » – il avait pourtant piscine lors des votes pour l'instauration de prix planchers agricoles en novembre 2023 et en avril 2024 –, et surtout « moins de normes et de contraintes ». C'est justement ce grand bond en arrière sanitaire et environnemental qu'a négocié le gouvernement avec la FNSEA pour détourner la colère paysanne. 

  9. Illustration 9
    © Nicolas Ray, post du 30 janvier 2025

    Depuis dix mois, Annie Genevard met en œuvre cette feuille de route productiviste au ministère de l'Agriculture. En septembre 2024, Nicolas Ray avait aussitôt salué la nomination de son « amie » au gouvernement et affirmé qu'elle saurait « répondre aux attentes de nos agriculteurs et éleveurs ». Traduisons-le : l'ancienne députée-maire LR de Morteau (Doubs) est comme lui totalement en phase avec les revendications de la FNSEA. Leur parti compte aujourd'hui plusieurs ministères d'Etat (outre l'agriculture, l'intérieur et la culture), alors qu'il n'a obtenu que 6,5% et 5,4% des voix aux 1er et 2nd tour des dernières élections, qu'a remportées le Nouveau Front populaire avec 192 député·es, contre 161 pour la macronie, 138 pour le bloc d'extrême droite et 48 pour LR.

  10. Illustration 10
    © Nicolas Ray, post du 26 novembre 2024

    Ce n'est pas parce que Nicolas Ray s'oppose à l'accord de libre-échange avec le Mercosur, qu'il défend les intérêts de tous les agriculteurs bourbonnais et français, ou même seulement d'une majorité d'entre eux. Rappelons que depuis deux ans, le président de ses « amis » de la FNSEA n'est autre qu'Arnaud Rousseau, qui est à la tête d'une exploitation de 700 hectares, mais aussi et surtout du groupe agro-industriel Avril, implanté dans 18 pays avec les marques Lesieur, Puget ou Sanders. Un autre président du syndicat agricole a déjà cumulé les deux fonctions avant lui : Xavier Beulin, entre 2010 et 2017.

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