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Édité à l’occasion de l’exposition éponyme à la galerie de photographies du Centre Pompidou, l’ouvrage revient sur un chapitre méconnu de l’engagement des surréalistes et de l’avant-garde artistique des années trente. En 1931, lors de l’ouverture de l’Exposition coloniale internationale organisée à Vincennes, les surréalistes dénoncent la politique impérialiste de la France par l’organisation d’une contre-exposition nommée : « La vérité sur les colonies ». Cet épisode constitue le point de départ d’une réflexion sur les rapports équivoques qu’a entretenus la photographie moderne avec les cultures extra-européennes. La riche collection du Musée national d’art moderne permet d’analyser toute la complexité d’un regard entre fétichisation et renouvellement des codes de la représentation exotique. L’ouvrage est dirigé par Damarice Amao, docteure en histoire de l’art et attachée de conservation au cabinet de la photographie du Musée d’art moderne Centre Pompidou, qui est également la commissaire de l’exposition. Elle a précédemment co-dirigé l’ouvrage « Photographie arme de classe » et assuré le commissariat de l’exposition éponyme.
Décadrage colonial. Surréalisme, anticolonialisme et photographie moderne, sous la direction de Damarice Amao, avec les contributions de : Alix Agret, Patrice Allain, Anaïs Mauuarin et Lilah Remy, Textuel, 2022, 21 x 27, relié, 192 pp., 160 photographies. En coédition avec le MNAM / Centre Pompidou avec le soutien du ministère de la Culture et de la société des Amis du Centre Pompidou. ISBN : 978-2-84597-929-1
45€
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Figure majeure de la poésie sonore, John Giorno (1936-2019) est, à partir des années soixante, l’une des personnalités les plus influentes de la scène artistique étatsunienne. Nourrie de ses échanges et de son intimité avec Andy Warhol, Robert Rauschenberg, Jasper Johns ou Ugo Rondinone, mais aussi Louise Bourgeois, Marcel Duchamp ou encore Patti Smith, ses mémoires constituent un précieux témoignage écrit dont la grande liberté de ton apparait caractéristique de l’artiste. Happenings, premières de films d’avant-garde, lecture de poésie, croisent des moments plus personnels comme la création en 1968 de « Dial-a-poem », service public de poésie, ou la genèse de « Sleep », film de Warhol dans lequel Giorno est le principal et unique acteur. L’artiste achève ses mémoires peu de temps avant sa mort, y consacrant près de vingt-cinq ans. Un document remarquable qui retrace la vie et l’œuvre d’un artiste pionnier revendiquant son homosexualité à une époque où la plupart la cachait. La préface française est signée de l’artiste Jean-Jacques Lebel. Il y évoque cette « sorte d’invincible jubilation » dont Giorno ne se départissait jamais.
John Giorno MÉMOIRES, Beaux-arts de Paris éditions, Collection Écrits d’artistes, préface par Jean-Jacques Lebel, traduction par Denyse Beaulieu, 140 x 205 mm, 350 pp., ISBN : 978-2-84056-8339
25€
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Catalogue de l’exposition éponyme actuellement présentée à la Collection de l’Art Brut à Lausanne, « Art Brut et bande dessinée » met en avant les liens intimes qui unissent écriture et images dans les œuvres d’Art Brut. Erwin Dejasse, commissaire de l’exposition, qui assure, avec Sarah Lombardi, la direction de l’ouvrage, a rassemblé un ensemble de travaux s’apparentant, d’une façon ou d’une autre, à la bande dessinée. Le catalogue regroupe environ cent-cinquante illustrations couleur reproduisant les œuvres d’une trentaine d’artistes. Il est le fruit d’une collaboration inédite entre la Collection de l’Art Brut et la maison d’édition de bandes dessinées genevoise Atrabile. Si, de prime abord, tout semble séparer la bande dessinée de l’Art Brut avec, d’un côté, des créations personnelles qui ne sont pas faites pour être montrées, et de l’autre, une expression artistique associée à ses héros, stars d’une culture populaire déclinée sur nombre de supports, beaucoup de créateurs de l’Art Brut se réapproprient l’imagerie et le codes de la bande dessinée pour mieux les intégrer à leur propre imaginaire.
Art Brut et bande dessinée, par Erwin Dejasse, Atrabile, Genève, 20 x 26 cm, cartonné, 160 pp., quadrichromie, ISBN 978-2-88923-120-1
35€. En vente sur le site de la Collection de l’Art Brut.
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« Repos à nos magiques » est la première monographie de l’artiste Neila Czermak Ichti (née en 1996 à Paris, vit et travaille à Marseille), publiée à l’occasion de son exposition personnelle à la galerie Anne Barrault à Paris à l’automne 2021. L’ouvrage reproduit près de quatre-vingts dessins reflétant l’univers de l’artiste dans lequel des figures issues de la sphère intime, famille ou amis, évoluent entre culture populaire et tradition immémoriale. Le regard tourné vers le hors-champ, l’esprit vagabondant, la plupart sont présentes sans vraiment l’être, flottant vers un ailleurs, parfois créatures hybrides, animaux fantastiques, oiseaux à tête d’homme. Elle rappelle que son prénom à l’envers s’écrit et se prononce Alien. La créature de Ridley Scott est le personnage central d’un bel essai intitulé « Hommage et paix à Bolaji Badejo » dans lequel elle évoque l’invisibilité imposée à la différence, affirme sa volonté de ne laisser personne disparaitre. « Notre histoire est incroyable, et qu’on a trop longtemps voulu nous effacer, encore aujourd’hui » écrit-t-elle.
Neïla Czermak Ichti, Repos à nos magiques, Editions P, hors collection, 23 x 30 cm, 80 pp., ISBN 978-2-917768-84-6
25€. En vente sur le site de la galerie Anne Barrault.
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Aéroports, barrages, centres commerciaux, ... Les projets actuels portant atteinte à l'environnement ne manquent pas. Si les luttes d'hier – Plateau du Larzac, ZAC Notre Dame des Landes, etc. – et d’aujourd’hui – tunnel ferroviaire Lyon-Turin, terres agricoles de Gonesse, etc. – sont connues et documentées, celles du passé restent très largement ignorées de ceux qui se mobilisent actuellement. Pourtant, l’histoire est riche en exemples, à commencer par la première enquête officielle sur le changement climatique qui a lieu en France en 1821. En 1958 en Union Soviétique, la société civile se mobilise contre les menaces industrielles qui pèsent sur le lac Baïkal. « Une histoire des luttes pour l’environnement. 18e – 20e siècles. Trois siècles de débats et de combats » confirme que le grand récit de la modernité relève majoritairement du mythe. L’ouvrage constitue le premier panorama des luttes environnementales à l’échelle mondiale, rendu possible grâce au partage des recherches des quatre historiens qui en sont les co-auteurs. Une histoire des voies contestataires et de leur répression ou de leur domestication, et du socle précieux qu’elles sont pour les combats d’aujourd’hui.
Une histoire des luttes pour l’environnement. 18e - 20e Trois siècles de débats et de combats, Anne-Claude Ambroise-Rendu, Steve Hagimont, Charles-François Mathis, Alexis Vrignon, Textuel, 2021, 18 x 24, relié, 304 pp., 100 récits, 250 images. ISBN : 978-2-84597-865-2
47€
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Sortie à l’occasion de « Body body », la rétrospective de l’artiste Nina Childress qui s’est tenue au Frac Nouvelle-Aquitaine MECA à Bordeaux au cours du premier semestre 2022, l’ouvrage, décomposé en deux volumes, est un véritable objet d’art. Le premier tome prend la forme d’un catalogue raisonné, une monographie qui recense toutes les œuvres de l’artiste depuis le premier tableau daté de 1980 jusqu’aux à ceux de 2020. Le second renferme une biographie de l’artiste par Fabienne Radi dont l’humour subtil intervient dès le titre du volume : « Une autobiographie de Nina Childress » qui n’en est pas vraiment une. Sur la quatrième de couverture est écrit : « Ce livre raconte la vie de l’artiste-peintre Nina Childress. On y croise un camion de glaces en Californie, une sculpture de Picasso à New-York, des piscines au Texas, le milieu punk parisien des années 80, des artistes de la scène française des années 90, une famille de rats, un cheval, des couples de nudistes et une paire de culottes ». Le ton est donné. Pour fêter ses quarante ans de peinture, l’artiste s’offre le récit de sa vie, un hommage à l’humour à contre-temps. Nina Childress est assurément punk.
Nina Childress. 1081 peintures, Coéditeurs : Beaux-arts de Paris, Galerie Bernard Jordan et Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA. Monographie de 750 pages avec plus de 1 400 illustrations. Biographie de 246 pages avec 150 petites photos noir et blanc. Ces deux livres séparés de même format (17 x 24 cm) sont réunis par un élastique en silicone vert. ISBN des deux volumes : 978-2-84056-829-2
49€
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En 2011, les artistes Damien Beguet et P. Nicolas Ledoux rachètent le nom du plasticien Ludovic Chemarin, qui a cessé toute activité artistique, ainsi que les droits de patrimoniaux de ses œuvres passées. Un peu plus tard ils feront également l’acquisition de son image et de sa signature, bien décidés à réactiver son œuvre. À travers cet acte, les deux artistes abordent le thème tabou de la faillite de l’artiste « mais aussi de son éventuel salut par le rachat ou une forme de recapitalisation financière et artistique ». En activant ou en augmentant des travaux anciens mais aussi en créant de nouvelles œuvres sous le nom de Ludovic Chemarin© (LC), ils produisent une œuvre unique basée sur un dispositif conceptuel, juridique et formel. LC infiltre le système de l’art et de l’actualité culturelle pour mieux en dénoncer les limites : « le devenir spectacle, l’archaïsme et la logique spéculative financière dont l’artiste est le plus souvent exclu ». L’ouvrage est une biographie qui prend la forme d’un journal pour relater le travail au quotidien d’une œuvre en train de se faire, les développements du projet LC, de 2010 jusqu’à nos jours.
Ludovic Chemarin© Total Recall - Textes de Nathalie Leleu avec Damien Beguet, P. Nicolas Ledoux, Manuella Éditions, 176 pp., 19.3 × 13.7 × 2 cm, Graphiste : ABM Studio, 22 reproductions bleu et blanc. ISBN : 978-2-490505-41-8
17€. En vente sur le site de Manuella Éditions.
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Sous-titré « Réflexions (critiques) sur la représentation des femmes dans l’art et son histoire », le livre prolonge une série d’expositions réalisées à l’initiative du Frac Nouvelle-Aquitaine MECA qui interrogeait, en l’élargissant à d’autres périodes, la place des artistes femmes au sein de sa collection contemporaine. En multipliant les points de vue – historienne de l’art, conteuse, paléontologue, critique d’art, artiste, commissaire, etc. – autour d’un engagement commun, « Vivantes » dresse un état des lieux qui pointe le chemin parcouru et celui qu’il reste à faire dans le domaine de la création et le champ des représentations afin que les femmes artistes rejoignent de façon paritaire leurs collègues masculins. « Parce que la prise de conscience est collective et globale, il est enfin possible de changer les lignes dans le monde de l’art. Gardons le cap ! » écrit la critique d’art Sonia Recasens dans son analyse de la collection du Frac à travers le prisme d’une approche féministe.
Avec les contributions et les participations de Marie-Laure Bernadac, commissaire et autrice ; Véronique Blanchard, historienne ; Valentine Boé, commissaire ; Nicolas Boone, artiste ; Marie Canet, essayiste et critique d’art ; Vanessa Desclaux, responsable du Pôle des attentions du Frac MÉCA ; Valérie Féruglio, préhistorienne ; Caroline Fillon, conservatrice du musée des Beaux-Arts de Libourne ; Sarah Frioux Salgas, commissaire ; Agnès Geoffray, artiste ; Lise Guéhenneux, historienne de l’art ; Caroline Hancock, critique ; Claire Jacquet, directrice du Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA ; Jacques Jaubert, préhistorien et archéologue ; Isabelle Loubère, conteuse et autrice ; Clovis Maillet, artiste et historien médiéviste ; Camille Paulhan, historienne de l’art et critique ; Sonia Recasens, historienne de l’art et critique ; Karen Tanguy, responsable de la collection du Frac MÉCA.
Vivantes. Réflexions (critiques) sur la représentation des femmes dans l’art et son histoire. Coédition : Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA et Actes Sud, 160 pp., ISBN : 9782330160180
27€
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Cette première biographie de l’artiste franco-norvégienne Anna-Eva Bergman (1909-1987), plasticienne aussi rare que singulière, revient sur un destin hors du commun qui a longtemps échappé aux radars de l’histoire de l’art. Thomas Schlesser, historien de l’art et directeur de la Fondation Hartung-Bergman à Antibes – occupant l’ancien lieu de vie et de travail de l’artiste –, fait le récit de sa vie en se fondant essentiellement sur ses archives conservées par l’institution, renfermant correspondance, journaux intimes, carnets, ainsi que toute sa bibliothèque. Une santé défaillante, trois mariages dont deux avec Hans Hartung, pionnier de l’abstraction informelle et gestuelle, une fin tragique : Anna-Eva Bergman a dédié sa vie à la création plastique. Comme de nombreuses femmes artistes de son époque, elle effectue une carrière dans l’ombre, sa production demeurant à la marge. Et si son travail fait l’objet d’un engouement spectaculaire aujourd’hui, le phénomène est très récent. « Il ne faut faire qu’un avec ce que l’on peint » disait-elle. Cette phrase est encore celle qui la définit le mieux. Dotée d’un courage exceptionnel, elle ne lâchait absolument rien et était habitée par un sens grave, profond des choses donnant à la force qui se dégage de ses peintures une puissance mystique.
Thomas Schlesser, Anna-Eva Bergman. Vies lumineuses, Collection Témoins de l'art, Gallimard, 384 pages + 32 p. hors texte, ill., sous couverture illustrée, 155 x 225 mm, ISBN : 9782072986208
29€
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Sociologue à l’Université de Liège, Manuel Cervera-Marzal axe son travail de recherche sur les mobilisations contestataires contemporaines. L’ouvrage « Résister. Petite histoire des luttes contemporaines » a pour point de départ le constat suivant : « il n’est plus possible de militer comme nous le faisions il y a vingt ans. Ni même il y a cinq ans. Le temps social n’est pas celui des horloges. Il lui arrive d’accélérer. Ce qui hier encore nous semblait impensable devient soudainement réalité. Les choses s’emballent et les acteurs sociaux, pris dans le tourbillon des évènements, ne sont pas toujours en mesure de comprendre ce qui leur arrive ». En interrogeant le moment de bascule qui fait qu’un humain qui n’a jamais manifesté de sa vie se retrouve à lancer des pavés sur des forces de l’ordre, cette courte histoire de la contestation et du militantisme tente de comprendre d'où notre geste politique vient et surtout quels chemins lui sont encore ouverts.
Manuel Cervera-Marzal, Résister. Petite histoire des luttes contemporaines. Des gestes barrière aux gestes barricade, Paris, 12-21, coll. "Amorce", 2022, 112 pp., ISBN : 978-2-264-07986-2
6€
Portfolio 13 décembre 2022
Oh les beaux livres #5
Des catalogues d'exposition, le journal d'un poète, une histoire des luttes pour l’environnement, une réflexion sur les rapports équivoques entre photographie moderne et cultures extra-européennes, une première biographie, une petite histoire de la contestation sociale : dix ouvrages composent cette sélection de fin d'année éminemment subjective.
Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.