Du 9 novembre 2023 au 10 novembre 2023
Maison de l'Amérique Latine et Maison de la Recherche, Sorbonne Université
DOROTHEE.CHOUITEM@SORBONNE-UNIVERSITE.FR
Depuis les élections démocratiques du 30 octobre 1983, qui ont donné la victoire présidentielle à Raúl Alfonsín du parti radical, la société argentine a entamé un chemin original de démocratisation après avoir subi la dictature militaire la plus sanglante et la plus féroce de toute son histoire.
Malgré quatre tentatives de coup d’État militaire avortées entre 1987 et 1990, malgré la grâce présidentielle accordée par le président Carlos Menem aux membres des juntes militaires jugés et condamnés en 1985, avec l’argument de permettre « la nécessaire pacification et la réconciliation nationale », avec des manifestations massives dans tout le pays s’opposant à une telle amnistie, il est nécessaire de souligner que, finalement, toutes les tentatives pour freiner les demandes de vérité et de justice ont échoué. Les grâces et les lois dites « d’impunité » ont fini par être considérées comme nulles et non avenues par le Parlement argentin en août 2003 et déclarées inconstitutionnelles par la Cour suprême de justice en juin 2005. La procédure d’annulation de ces lois envoyée par le président Néstor Kirchner au Parlement était basée sur le travail inlassable des juristes argentins et internationaux sur l’imprescriptibilité des crimes contre l’humanité.
La réforme constitutionnelle argentine de 1994, une modification importante de la grande charte sanctionnée en 1853, a introduit de nouveaux droits et normes pour la défense de la démocratie et de la constitutionnalité et a conféré un rang constitutionnel aux instruments internationaux relatifs aux droits humains, établissant que ces traités internationaux ont une hiérarchie supérieure à celle des lois nationales. Elle a également supprimé l’élection indirecte du président, réduit son mandat à quatre ans avec le droit à une seule réélection consécutive, introduit le système du ballotage, accordé l’autonomie à la ville de Buenos Aires, reconnu la préexistence des peuples originaires et défini la « récupération des îles Malouines » comme un « objectif permanent et irrévocable du peuple argentin ».
Des spécialistes de la société argentine travaillant en Europe ont été convoqués afin d’analyser, dans une perspective interdisciplinaire et plurielle, le processus de quarante ans d’institutionnalisation démocratique argentine (politique, économie, société et culture) et dans la perspective d’un rendez-vous électoral important qui aura lieu lors des élections présidentielles d’octobre et novembre 2023.
Diana Quattrocchi-Woisson (CNRS) Coordination scientifique.

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