Chemin Paradis. Un coin de bocage, loin de l'agitation fiévreuse du Monde

Cet arbre vénérable, au corps perclus de vieillesse, semble avoir trouvé appui sur un piquet de clôture opportun.

Séparation puis retrouvailles, une joyeuse farandole de branches au sommet.

Fenêtre sur cour.

Les "tripes à l'air", cette sentinelle de bord de champ tombera bientôt sous l'assaut de la tronçonneuse d'un furieux exploitant agricole qui fait place "nette" pour du maïs intensif, tout comme le bois de plusieurs hectares en arrière plan.

Tel un méchant pervers de film d'animation voulant effrayer l'enfant égaré, à moins que le jeune tronc issu du presque cadavre de son ancêtre soit un alien... Le bocage est propice à l'imaginaire, pas seulement enfantin.

Une gueule cassée à la nombreuse descendance.

Le combat de l'arbre jeune et solitaire contre le lierre et ses puissants tentacules.

Promesses d'ombrage estival pour le troupeau qui ne tardera pas à paître dans ce pré.

Survivant d'une haie qui protégeait autrefois l'intimité de ce chemin creux.

Combien de saisons, de tempêtes, de troupeaux, de flâneurs a-t-il en mémoire ?

Couple enlacé au crépuscule attendant la grande faucheuse du maïsiculteur.

Blessure de jeunesse.

Corps meurtri.

Valse avec la mort, fidèle à son compagnon desséché.

Amputé par la foudre ou le poids du lierre ou un vent tournoyant, ce phare au milieu de la prairie semble inexpugnable.

Nid douillet à louer à l'étage avec vue imprenable sur la prairie fleurie.

Résilience sylvestre, méditation de pleine conscience.