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Ceux qui en ont vu de toutes les couleurs, dans ce pays, ce sont tous ces Ivoiriens du nord dont on déchirait les cartes d’identité parce qu’on avait décidé que leur nationalité était douteuse. Les victimes ce sont tous ces Ivoiriens du septentrion qu’on arrêtait à tous les barrages de police et de gendarmerie parce qu’ils s’appelaient Ouattara, Traoré, Soro, Coulibaly, Cissé, Sidibé, Sangaré, Koné, Bakayoko, Sylla, Diaby, Meité, Touré, etc. Les victimes ce sont ces populations massacrés par milliers durant les dix années de règne de triste mémoire du criminel de guerre gbagbo, dont le seul crime était d’appartenir à la communauté de l’opposant Ouattara. Cette exclusion et ce harcèlement permanent ; ces assassinats ciblés d’opposants et ces massacres communautairement orientés constituent les raisons qui ont motivé la prise des armes par les Ivoiriens du nord, dont la rébellion fut un vrai mouvement de libération similaire à la branche armée de l’ANC de Nelson Mandela. L’objectif était très noble : arrêter l’apartheid qui visait les populations du nord de la Côte d’Ivoire et instaurer une Côte d’Ivoire unie, où nul ne sera persécuté pour son appartenance ethnique, communautaire ou politique.
Ils veulent pervertir l’histoire contemporaine de ce pays désormais mien. Jusqu’à mon dernier souffle je me battrais pour leur rappeler le rôle néfaste de leur idéologie fasciste d’exclusion et leur funeste projet de génocide qui visait les populations du nord de la Côte d’Ivoire, musulmanes comme chrétiennes. Par cette instrumentalisation éhontée, ils n’ont pas que tué leurs propres concitoyens du nord, mais ils ont volontairement amalgamé des Burkinabés, Maliens, Guinéens, Nigériens et même des Sénégalais, dont le tort est de partager avec les ressortissants du nord de la Côte d’Ivoire les mêmes patronymes et/ou la religion musulmane. Je me souviens de ce slogan en guise de consigne que répétaient des agents de la police, des éléments des unités de l’armée et de la gendarmerie dans certaines régions de la Côte d’Ivoire : "Dioulas c’est Dioulas". Plus de distinction entre un Coulibaly de la Côte d’Ivoire, du Mali, du Burkina ou même du Sénégal ; un Ouattara de Côte d’Ivoire, du Mali ou du Burkina ; ou encore un Traoré ou un Touré de Guinée, de Côte d’Ivoire, du Mali ou du Sénégal. « Dioulas c’est Dioulas !» scandaient-ils en sortant en opération les forces du mal sous le commandement direct du chef suprême de l’armée, j’ai nommé laurent koudou gbagbo. Selon des chiffres de différentes organisations nationales ivoiriennes et internationales des droits humains que j’ai consolidés, les années gbagbo furent marquées par les massacres et assassinats ciblés de plusieurs dizaines de milliers de populations communément appelé Dioulas, du nord de la Côte d’Ivoire, mais également du Burkina, du Mali, de Guinée, du Sénégal et, dans une moindre mesure, du Niger.
On peut pardonner et se réconcilier. On doit pardonner et se réconcilier, mais les victimes ne nous pardonneront jamais d’oublier.
Ce qui est vrai, est vrai !
Par Saïd Penda/ Ancien de la BBC et de l'Union Européenne - Journaliste d'investigation et analyste politique.
Portfolio 25 avr. 2021
Côte d’Ivoire : Halte au révisionnisme !
Certains veulent réécrire l’histoire récente de la Côte d’Ivoire. Ils veulent transformer les victimes, le président Ouattara et ses sympathisants, en bourreaux, et nous devons rétablir la vérité.
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