Le carnaval indépendant de la Plaine, à Marseille, au nom complet "carnaval autogéré de La Plaine, Noailles, et Réformés" était lancé par des militants associatifs et autonomes ça fait 23 ans. Depuis, il est toujours interdit, il est toujours rebelle et révolutionnaire. Les dernières années, le "thème" du carnaval se plie aux mauvaises nouvelles du quartier... L’aménagement de la place Jean-Jaurès et les victimes de la rue d’Aubagne, suite à l'effondrement d'un édifice, réveillent toujours de la rage. Néanmoins, depuis que la Plaine est "fonctionnelle", le quartier subit une gentrification tentaculaire imparable. Ainsi, le carnaval indépendant de la Plaine est un événement où les militant.es marseillais.es (et d'ailleurs aussi) purifient leurs cœurs et renouvèlent des liens d'amour et de force pour le bien de leurs luttes.

Évidement, compte tenu du contexte politique et social explosif, le carnaval de cette année était beaucoup axé sur la Macronie, E. Borne et son 49.3. Dans cette image, un type de potence contient une série de personnages politiques pendus.

Une poignée de participants, portent des pancartes "Carrotte 9.3" et distribuent des carottes. Oui des vraies carottes à manger. Conclusion : il y a donc ; des 49.3 qui détruisent la démocratie et des "Carrotte 9.3" qui la nourrissent.

Les mathématiques n'ont jamais semblé aussi politiques. Si les chiffres ont une valeur dans les démocraties, cette addition est très révélatrice du spectre politique qui est au pouvoir : 47.1 + 49.3 = 1312

D'autres voient en E. Borne une bouffonne de cour qui ne reflète rien de plus que la bêtise d'un système qui produit et a besoin de ce type de personnages pour survivre.

Marseille est sans aucun doute l'une des villes les plus spectaculaires d'Europe en matière d'art urbain. Un art mal aimé, de plus en plus criminalisé, mais qui est synonyme d'une démocratie en bonne santé. Ainsi, les couleurs, les pochoirs, les affiches qui existent et changent tout au long de l'année, dans cette édition du carnaval, on cohabité avec des collages sur la reforme des retraites.

C'est dimanche, on ne sait toujours pas si la motion de censure passera ou non. Aujourd'hui, lundi soir, on le sait et malheureusement, non... Alors, plus que jamais ces collages font sens.

Touristification au détriment des habitantes, spéculation immobilière, standardisation marchande, Air BNBification, bookingfication... Des termes ne manquent pas pour disséquer de qui est la gentrification. Photo à lire attentivement.

Au fond, la gentrification n'est rien d'autre qu'un monstre qui dévore les villes et les pauvres. Un dragon (fabriqué à partir des bagages des touristes), qui mange tout et qui, en fait garde pour lui toutes les richesses, et auquel, selon les histoires de dragons, seuls les rois ou les princes (enfin, les riches) ont accès...

Dans tous les régimes, polices et relations crapuleuses, il y a toujours ceux qui collaborent (et l'assument). Des gens et des machines gérées par des gens, qui pensent que c'est ainsi, qu'ils peuvent se protéger et s'élever dans le monde des classes merdiales...

Voilà, pot de départ de la Macronie...

Mais le Carnaval de Plaine est aussi fait de folie, de folie intelligente, de folie rebelle, qui met en jeu nos croyances et qui nous unit dans nos différences similaires.

Le Joker des films de DCcomics, plus qu'une figure criminelle, il est devenu, principalement depuis le dernier film, un personnage qui incarne l'injustice sociale. De victime à méchant, ce personnage invisible et anonyme devient un symbole d'une révolte populaire. Bon, pour certains...

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La magie du Carnaval de Plaine se pose précisément dans le fait qu'elle mêle les luttes d'émancipation et de justice sociale au côté païen ; coloré, exquise et musical. Typique des fêtes carnavalesques populaires. Cette magie "politisée" qui est fluide et touchante, est appréciée par les milliers de participants qui se rendent à Marseille chaque année. Pour 2023, les organisateurs ont comptabilisé plus de 12 000 participants.

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L'apogée du carnaval de la Plaine et le moment le plus attendu est la mise en feu du "Caramantran" et de tous les chars confectionnés, qui incarnent les maux du gouvernement, mais aussi de la société capitaliste, qu'il faut purger par le feu. Un acte purement spectaculaire, avec des flammes gigantesques entourées d'identités déguisées qui vénèrent le feu et qui chantent et brûlent leurs costumes... D'une beauté incroyable.

Et lorsque le crépuscule arrive, d'autres feux et couleurs s'ajoutent et apparaissent dans le ciel. Comme des enfants, à chaque explosion, l'étonnement. On pourrait dire, qu'être heureux, c'est pouvoir partager les mêmes convictions politiques, un verre, chanter et danser...

Pour moi, c'est un vrai plaisir de pouvoir photographier le Carnaval indépendant de la Plaine et de partager ces beaux moments avec tous les gens qui sont loin. Rappelons-nous que vivre nos combats, nos convictions politiques, c'est pouvoir ressentir de la joie et comme un Phénix, chaque année, pouvoir aussi renouveler, avec nos camarades, l'envie de changement !

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Il y a quelque chose d'hypnotique dans le feu, et cela ajoute de la valeur au monde (photographique) qui, avec ses propres tonalités, redessine la silhouette des gens et les sentiments qui les habitent.

Mais ces gros cochons qui sont au pouvoir préfèrent défendre la mort des animaux dans les corridas ou la poursuite de la destruction de la nature, que de laisser « ce qui est bon pour le peuple » se développer dans le flux de la vie créatrice. Puis les premières grenades lacrymogènes sont tombées... Celle-ci a fini par exploser sur moi, touchant ma poitrine et ma main.

Les couleurs changent et les rires se transforment en cris de rage, en maux de gorge, en poumons qui ne veulent plus respirer, en vomissements et en larmes qui font mal... La fête disparaît violée par des violences policières, choses, qui semblent satisfaire la joie cynique de ceux qui commandent et de ceux qui obéissent.

Et des brumes toxiques, ils apparaissent comme des vaches qui apparaissent dans les montagnes quand le brouillard ouvre ses brèches... Et les braves, les vrais braves, qui devraient obéir, se moquent et c'est parti !

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Voilà, quoi dire de plus ? "49.3 raisons pour tout brûler."

Au grand étonnement de tous, il existe une classe d'êtres humains qui aiment les tuyaux et d'éteindre des incendies. Peut-être que les remercier serait de trop, car la reconnaissance pour leur travail déjà là...