Le Jour sans fin…
Vous aussi vous avez ce drôle de sentiment de vous réveiller chaque matin en ayant l’impression de revivre à l’infini le même jour d’avant ? Quoi de plus normal… Peut-être pouvez vous essayer de ne plus regarder les « chaines d’info en continu » car cela aggrave considérablement les symptômes. Mais autant le dire, cela ne suffit pas. Regardez la question des retraites… Les mêmes causes supposées produisent les mêmes effets et nous voilà revenu au temps du « on vit plus longtemps » (merci de nous le dire en pleine pandémie !), « les régimes sont en déficit », « il faut travailler plus longtemps » (ouiiiiiii crient les chômeurs et chômeuses nouvellement inscrit-es club de Pôle Emploi). Bref retour à la case départ une fois de plus !
Le calendrier participe aussi de cette journée sans fin qui tourne en boucle : il était urgent de remettre en route le chantier retraite, le « quoi qu’il en coûte » ne nous étant manifestement pas destiné… si on avait un doute ! Mais l’urgence c’est surtout de profiter d’une aubaine : les vacances d’été ! Relancer des négociations en ce début juillet c’est déjà prendre l’assurance (attention ! Le mouvement social n’est pas une science exacte !) qu’il ne se passera rien avant la rentrée..
Un exemple ? Oui si vous voulez, pourquoi pas ? Prenons la Loi Travail de 2017.
- 7 mai 207 : élection d’Emmanuel Macron
- « Réunions bilatérales" conduites par le Président de la République, le Premier Ministre et la ministre du travail jusqu’au 31 mai avec les organisations syndicales et patronales
- 6 Juin : présentation du « programme de travail résultant des premiers échanges avec les organisations syndicales et patronales représentatives.
- 9 juin au 21 juillet : Deux réunions pour chacun des trois thèmes choisis par le gouvernement.
- Reprise des concertations en août…
- Début septembre, consultation des organismes compétents.
C’est ce que j’avais appelé dans mon mémoire « La loi Travail 2 en mode projet ».
Sans vouloir jouer sur votre état de santé, je rappelle qu’ensuite le « projet » avait été légalisé par ordonnance…
La réaction est donc prévue le 17 septembre… La CGT a lancé un appel à la grève et à manifester pour ce jour là. Le grand retour des journées d’action, décidées on ne sait où, par on ne sait qui… On s’éloigne considérablement des nouvelles formes nécessaires au mouvement social… Un jour sans fin ? On verra bien ! On remet le réveil et on en reparle ?
Actions
Visiblement, le 14 juillet devient une date de rendez-vous pour le mouvement social. On retrouvera donc dans la rue, ce mardi, les soignant-es (à l’appel de l’AMUF, SNPI, CFE-CGC, SUD, Collectif de la psychiatrie et la Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité, CGT) pour lesquels-les le résultat du « Ségur » (négociations post-Covid) ne répond pas aux urgences (sans jeu de mot) du secteur. « Le Ségur est une imposture » peut-on lire dans le communiqué commun (voir le Communiqué dans le Zoom en fin d’article). Pour rappel l’accord a été signé par la CFDT, FO SPS et l’Unsa santé-sociaux. La CGT consulte ses adhérent-es.
Le rendez-vous est fixé à 14h00, Paris, place de la République.
Le mouvement sera rejoint par le Collectif des précaires de l’Hotellerie-Restauration-Evénements (CPHRE) et un appel à manifester (« Toutes les Luttes à Paris) circule sur Facebook à l’appel de Bas les Masques, les Jeunes Gilets Jaunes, Cerveaux non disponibles, les Gilets Jaunes… au même endroit.

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Mardi aussi c’est la Ligue des Droits de l’Homme qui appelle à une manifestation à Saint-Denis (La Réunion) à partir de 9h30 devant le mémorial du Barachois. Elle est rejointe par la CGTR.qui a communiqué : « A peine le nouveau gouvernement installé, les réformes antisociales ressurgissent : retraites, assurance chômage, casse des services publics… Autant d’attaques contre les salariés, le monde du travail et le monde social français conquis de haute lutte. » Extinction Rebellion sera également de la partie afin de voir respecter les 146 mesures préconisées par la Convention Citoyenne.
Sauve qui peut !
Deskeo, qui se définit comme « premier opérateur de bureaux flexibles » vient de sortir un sondage sur le télétravail (portant sur 2900 professionnels)… 85 % des dirigeants pensent que le télétravail est une vraie tendance de fond qui va s’intensifier à l’avenir (Ils sont 81 % des français interrogés à penser la même chose). Ils sont aussi 60 % à envisager de passer au « sans bureau fixe » pour optimiser leurs espaces. 54 % des employé-es considèrent qu’ils sont beaucoup plus ou plus productifs à la maison. Mais les dirigeants ne sont pas dupes. La non-occupation des locaux de travail, si elle restait concentré sur le lundi ou le mardi ne réduirait pas les coûts liés aux emplacements de travail. Le télétravail réparti sur quelques jours imposerait donc une organisation par « roulement » au sein des équipes. Attention, Deskeo offrant justement des solutions pour l’organisation du télétravail, il faudra attendre d’autres retours pour juger de l’impact réel du Covid sur l’organisation du travail en général. Mais ce qui est sûr, c’est que cet « engouement » va poser de nouvelles questions sur le plan social (relations entre salarié-es, isolement, RPS, etc) ou même syndical… comme l'aménagement des horaires et l'individualisation des postes de travail en pose déjà dans un certain nombre d'entreprises. (voir le sondage complet sur le site de Deskeo)
A Haubourdin (Nord), chez Cargill (groupe américain), un plan antisocial prévoit le licenciement de 129 des 300 salariés. « Le motif économique est loin d’être réel, ils ont manipulé l’argent, de façon légale en faisant de l’optimisation » déclare un élu CGT. (Voir article Ouest-France)
Inquiétude également chez Beneteau (géant du nautisme) dont le siège est à St Gille Croix de vie (Vendée). Les représentants, notamment de la CFDT, qui ont siégé en CSE ce 9 juillet n’ont rien appris de concret par la présentation du plan « stratégique » : « Ce qu’on nous a annoncé ? Rien ! On voulait connaître les conséquences pour les salariés, mais nous n’avons eu que des hypothèses non détaillées. C’est de la langue de bois et ça nous met en colère. Y aura-t-il un plan social ou des fermetures d’usine ? Nous n’avons eu aucune indication précise au niveau local. On ne sait pas combien de salariés vont être laissés sur le carreau…" (représentant CFDT). (Voir article Ouest-France)
Initiatives

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A Rennes, vous pouvez vous rendre à l’Exposition Photo « Mouvement Social » par les photographes Béatrice Boulatoff et Marianne Hervé. Exposition du 5 au 26 juillet à « La Part des Anges », 2 rue Saint-Mélaine, 35000 Rennes
Dura Lex, Sed Lex !
Le Conseil d’Etat, par une ordonnance du 6 juillet 2020, a rendu une décision concernant le droit de manifestation. Cette ordonnance fait suite à une requête en date du 17 juin 2020 déposée par la CGT, FO, la FSU, Solidaires, le Syndicat de la Magistrature, le Syndicat des Avocats de France, l’UNEF et le DAL, à une requête du 23 juin de SOS Racisme, à des mémoires en intervention du 26 juin d’ATTAC, de la LDH. L’ordonnance statue en son article 2 :
« L’exécution des dispositions du I et du II bis de l’article 3 du décret du 31 mai 2020 est suspendue en tant qu’elles s’appliquent aux manifestations sur la voie publique soumises à l’obligation d’une déclaration préalable en vertu de l’article L.211-1 du code de la sécurité intérieure ».
Pour rappel l’article 3 susvisé définissait que :
« Tout rassemblement, réunion ou activité à un titre autre que professionnel sur la voie publique ou dans un lieu public, mettant en présence de manière simultanée plus de dix personnes, est interdit sur l’ensemble du territoire de la République. Lorsqu’il n’est pas interdit par l’effet de ces dispositions, il est organisé dans les conditions de nature à permettre le respect des dispositions de l’article 1" (définition des gestes barrières).
Résumé
Jeudi 9 juillet
- Biocoop : Appel à la grève dans l’Enseigne (notamment dans les magasins « Retour à la terre ». Trois revendications principales : Que la direction abandonne immédiatement le projet de mise en place d’une ouverture le dimanche. Que toutes les demandes de rupture conventionnelles émanant d’un employé soient acceptées automatiquement quelque soit le poste ou l’ancienneté. Que l’entreprise établisse des fiches de postes et la grille de salaire comme proposée par l’annexe 9 du cahier des charges général de Biocoop. (Article complet et interview gréviste, site Révolution permanente)
Vendredi 10 juillet
- Guéret (Creuse) : Départ en grève des agents du courrier de La Poste (CGT). A noter cette remarque étonnante d’une gréviste : « On nous oblige à travailler sur quatre semaines avec trois samedis de repos sauf qu’on ne veut pas ça : on veut travailler 6 jours sur 7 pour distribuer tout le courrier »
- Bayonne (Pyrénées Atlantique) : Les chauffeurs de bus étaient toujours en grève ce 10 juillet suite à l’agression meurtrière de leur collègue Philippe Monguillot. Les questions de sécurité sont évidemment au coeur des revendications.
- La Talaudière (Loire) : Grève depuis mercredi des convoyeurs de fond de la société Loomis. Soutien de la CGT. Lutte contre le licenciement jugé abusif d’un collègue. Ils demandent également le maintien de leurs acquis sociaux et le paiement de leur droit de retrait (de 1 à 4 jours) pendant le confinement. Grève reconduite pour lundi 13 juillet. 100 % en grève d’après la CGT.
- Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) : Grève et rassemblement des salarié-es de « Hop ! », la filiale d’Air France. Objet : les 49 suppressions d’emplois et l’avenir du site. (Soutien CGT-CFDT)
- Haut-Vallespir (Pyrénées Orientales) : Gréve et rassemblement (une trentaine de manifestant-es) des agent de la communauté des communes du Haut-Vallespir. Le différent viendrait de l’application d’une ordonnance du gouvernement permettant de retirer 5 jours de congés payés minimums aux personnels en raison du confinement et de ses répercussions. Le Directeur de la communauté des communes explique que le Président a décidé d’abaisser la mesure à 3 jours… Visiblement, ça ne suffit pas.
Samedi 11 juillet
- St-Maurice-L’Exil (Isère) : La grève des salariés d’ONET, rejoints par ceux de Dalkia, continue depuis le 8 juillet sur le site EDF - Soutien CGT - Revendication d’une prime de 800 euros
- Aubin (Aveyron) : Grève reconductible des agents du courrier de La Poste de Ruau (Centre courrier qui regroupe désormais les centres courriers de Decazeville et d’Aubin) (CGT). Le représentant CGT dénonce le retrait de 500 euros sur la paye pour exercice du droit de retrait et la réorganisation des tournées. Comme à Guéret, les agents veulent « garder leur amplitude de travail 6 jours travaillés au lieu de 4 comme veut l’imposer la direction ». Il y aurait également des menaces de sanction pour 9 agents. A priori, la Direction annonçait la fin du mouvement ce 12 juillet. Le protocole signé permettrait un retour à une distribution 6 jours sur 7 dès ce lundi.
- Barr (Bas-Rhin) : Manifestation de plusieurs centaines de personnes (400 à 500 d’après les organisateurs, 250 selon la Préfecture) pour protester contre un projet d’entrepôt d’Amazon
Zoom
Communiqué du 10 juillet 2020 - Appel à la manifestation du 14 juillet - Paris
Le 14 juillet 2020, le Président souhaitait faire défiler les soignants ? Chiche ! Nous défilerons en manifestation ! A Paris le cortège partira de République à 14h, pour prendre la Bastille !
Les organisations syndicales paramédicales et médicales AMUF, SNPI CFE-CGC, CGT, SUD, le collectif printemps de la psychiatrie et la Coordination Nationale des Comités de Défense des Hôpitaux et des Maternités de proximité appellent les personnels et les usager·e·s à se mobiliser le 14 juillet pour une journée d’action nationale avec des initiatives dans les hôpitaux et les établissements de Santé et d’Action Sociale du sanitaire, du social et du médico-social et dans les territoires.
Les politiques d’austérité menées depuis 30 ans, associées à la volonté de rendre nos hôpitaux et établissements de santé et d’action sociale de simples entreprises qui doivent faire du bénéfice, et la mise en place de la tarification à l’activité ainsi les non prises en compte de ce gouvernement en matière de Santé et d’Action Sociale, ont généré des carences en matière de prise en charge, qui se sont accentuées pendant la pandémie.
Cette crise sanitaire démontre que les questions de santé, d’amélioration des conditions de travail des salarié·e·s de ces secteurs d’activité et la prise en charge de la population doivent être des enjeux prioritaires pour notre société.
La population a applaudi les agent·e·s hospitalier·e·s, mais aussi compris l’urgence de satisfaire les revendications exprimées par ceux-ci.
Le président Macron nous l’a dit : « ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés hors des lois du marché ». Soit ! Comment peut-il se dédire de sa parole ? Un discours de Président de la République n’engage-t-il pas ? Les professionnel·le·s ne se contentent pas de beaux discours ni de demies mesures ! Le Ségur de la Santé est une imposture !
Nous continuons à porter notre plateforme revendicative commune sur les sujets suivants :
- Revalorisation générale des salaires de tous les personnels et la reconnaissance des qualifications des professionnel·le·s
- Un plan de formation pluridisciplinaire et un plan recrutement de personnel
- Le renforcement des moyens financiers significatifs pour les établissements, ce qui passe par la suppression de l’enveloppe fermée et une augmentation substantielle des budgets 2020 et 2021 de la loi de la sécurité sociale
- L’arrêt de toutes les fermetures d’établissements, de services et de lits et des réouvertures partout où cela est nécessaire
- De réelles mesures qui garantissent l’accès, la proximité et l’égalité de la prise en charge pour la population sur tout le territoire
La meilleure des reconnaissances pour tou·te·s les professionnel·le·s des établissements du sanitaire, du médico-social et du social, c’est que ce gouvernement prenne ENFIN en compte l’ensemble de leurs revendications. Les salarié·e·s, agent·e·s et retraité·e·s de ces secteurs n’en peuvent plus de toutes les belles promesses de ce gouvernement, qui compte parader le 14 juillet avec des blouses blanches pour les mettre à l’honneur alors qu’il méprise leurs demandes et leurs revendications. On leur demande à nouveau de faire des efforts supplémentaires, c’est-à-dire « travailler plus pour gagner un tout petit peu plus » !
Salarié·e·s, retraité·e·s, jeunes, usager·e·s, privé·e·s d’emploi, population, nous sommes toutes et tous concerné·e·s en faveur de l’amélioration d’un autre système de soins, de santé et de protection sociale qui répondent aux besoins de tous.
Toutes et tous ensemble, ce 14 juillet ! ça suffit maintenant ! Il est temps que le gouvernement fasse sa révolution interne et change totalement de cap politique !