Malmenée par ses propres promoteurs dans la manière de la vivre et de l’interpréter, ces derniers semblent aujourd’hui voués à l’aventure et l’incertitude. En France où l’on compte le plus d’adeptes, par rapport aux autres pays européens, on peut faire la démonstration sociologique de leur décadence, sans espoir immédiat de redressement, afin d’échapper à la détérioration de leur condition. Il nous suffit d’observer du côté des lieux de culte. Ce qui donne le plus de relief à cette apparente dégénérescence est d’emblée le contraste humain, assez pittoresque pour les tenants de la visibilité. Une dissonance accentuée par la proximité d’une société, à l’opposé des valeurs dont principalement ceux-là se réclament. Qu’attendons-nous de cette différence ? Quel est le degré de visibilité toléré ? Ou bien si toutes les formes de visibilité devaient disparaitre, la question de la différence aurait-elle encore un sens ? N’est-il pas différent ce que l’on voit apparaitre hors de l’alignement normatif ? Cette différence humaine reste malgré tout guettée par le danger d’être absorbée dans le moule fusionnel, où le non semblable devient semblable. Si dans leurs pays d’origine les sociétés musulmanes apparaissent comme homogènes et sans saillie particulière, les quelques aspérités saillantes y demeurent noyées dans la discrétion voire dans la réclusion morale et intellectuelle. En France le phénomène se présente différemment. Comment, se demande t-on, résister à la procession des foules répandues en essaims bruyants, groupées au sortir des prières, s’interpelant et gesticulant sous le regard inquiet -presqu’inquisiteur- et réprobateur des passants ? Occupation des rues attenantes aux mosquées, regroupement en interminables discussions, provoquant gêne de la circulation, et nuisance portée au voisinage. Pour compléter cet éclatant tableau, une nuée de mendiants parsemée le long des trottoirs, achève de défigurer le paysage sous le regard complaisant des dignitaires religieux. Affreuse mendicité dont, par ailleurs, quelques uns s’en sont rendu les dignes représentants des grandes gares parisiennes. Ces comportements indécents ne font certes pas honneur à la communauté dont les incommodités provoquent rejets collectifs et condamnations généralisées. Loin de s’apaiser, le phénomène semble au contraire s’amplifier. Face à cela, des réactions hétérophobes, des refus agressifs, des déclarations urbi et orbi, tentent d’alerter l’opinion pour dénoncer vigoureusement le péril rampant, que la force du préjugé nomme l’islamisme, au-delà de toute rhétorique euphémisante. Du côté de la république le choix de ses modèles d’existence est fait. Mais on peut se hasarder à des questions parfois gênantes. Ces signes ostentatoires relèvent-ils d’une option idéologique, d’un critère esthétique ou d’un formalisme éthique intransigeant ? Tant il est vrai qu’une conception morale répugne au goût ostentatoire. Car d’un autre côté l’exhibitionnisme féminin envahissant, la tolérance de la prostitution de boulevards ou le libre commerce du Red-light district ne semble embarrasser personne. Où donc situer le jugement évaluatif de cette phénoménologie capricieuse et ses représentations affectives ? Peut-être dans le ressentiment véhiculé par un segment social et politique hérissé par certaines attitudes, dont quelques médias, se disputent le mérite de forger les peurs et aiguiser les épées de la passion dans l’imaginaire collectif. Il ne se passe un jour sans qu’on entende des propos peu avenants et condamnables fuser sur les musulmans. Des affronts répétés à leur adresse. Ces derniers sont malgré tout responsables de cette situation, de leur rejet et condamnations. Défaussons-nous de nos airs de victimes. Avons-nous rompu le contrat qui nous lie au travail, à la morale, au respect d’autrui ? pensent certains musulmans. Inutile de fulminer contre ceux qui nous chargent d’opprobre, contre lesquels, à notre tour, proférons de terribles imprécations. On ne peut que déplorer l’Islam de la mendicité et des espaces insalubres, dénoncer l’Islam du désordre et de l’ignorance. Accuser les représentants officiels des musulmans de circonvenir leurs ouailles, et de leur croyance, en faire un fond de commerce. Appeler les musulmans à s’en tenir au respect des traditions républicaines en évitant les zones sémiotiques par trop caractérisées, où confine le communautarisme. Au hidjab qui occupe le devant de la scène depuis déjà quelques années, vint s’ajouter un bariolage vestimentaire brutal. Gandoura classique au boubou africain, Kortas asiatique, un accoutrement disparate qui tranche sur le goût habituel, mais s’impose comme signe distinctif et marqueur identitaire. C’est à cela que l’Islam est réduit aujourd’hui. Une triste version de l’inversion des valeurs, où le rite remplace le travail et les vaines simagrées, l’éducation et la foi : « cette simagrée par laquelle l’âme se dupe et s’offre en dupe à Dieu (Gide). La conscience a-t-elle déserté le cœur des musulmans dont principalement le souci est de s’affubler d’oripeaux religieux? Au détriment d’une réelle conception d’un Islam qui jadis rayonnait par sa civilisation, sa tolérance, ses sociétés raffinées. Les représentants de l’Islam de France s’enlisent dans les rivalités de pouvoir et des conflits d’autorité par la mainmise et le contrôle des zones d’influence des mosquées; se livrent une bataille acharnée, sur fond de guerre idéologique entre pays d’origine. Pourquoi alors s’en prendre aux autres ? Quand nous mêmes n’assurons pas l’éducation de nos enfants, ne les faisons pas profiter des écoles, des universités que la République ne nous refuse pas, malgré tout. L’histoire de l’immigration musulmane, maghrébine en particulier, atteste sa présence en Europe depuis plus d’un siècle. Cependant c’est celle qui a le moins profité de l’évolution sociale et des règles démocratiques. Ce n’est pas par esprit de dénigrement de rappeler qu’elle vit majoritairement des subsides de l’état et que l’assistanat est devenu un modèle de vie social. Les enfants de cette immigration nombreusement auto-parqués en périphérie, si désemparés, le repère perdu, désespèrent de se voir un jour s’intégrer à la société qui les a vu naitre et qui les rejette. Du côté des intellectuels musulmans ce n’est guère mieux. Il y a ceux qui se détournent de la modernité et du progrès pour introniser l’ignorance en nouvelle religion salutaire. Puis ceux inféodés aux maitres de céans, qualifiés en discours empruntés, sans d’autres soucis que l’appétence médiatique et les figurations publiques, loin des préoccupations de leurs coreligionnaires. Bon an mal an la religion musulmane s’installe pourtant définitivement en terre d’Europe. Phénomène irréversible, l’Islam implanté fait partie de la culture française comme le patrimoine français de la culture musulmane. Malgré l’inlassable pression de l’imperium des lobbys, qui la pousse sous les fourches caudines des interdits et de l’humiliation, la réalité islamique en France a le devoir de redessiner de nouveaux contours pour sa survie sociale et politique. Un défi pour elle. Le plus urgent serait de la soustraire à la mainmise d’une représentation désastreuse. Indifférents, la plupart de ses responsables profitent de la solidarité collective des fidèles pour les mieux endormir. Paradoxalement si certains européens choisissent mystiquement l’Islam, sans les musulmans, ils ne trouvent auprès de ces derniers aucune créance, gênés par l’immense hiatus entre leurs comportements et la religion qu’ils croient représenter.
Billet de blog 22 mai 2024
MUSULMANS où ALLONS-NOUS
Le premier constat qu’on peut faire aujourd’hui sur les musulmans est le prodigieux état de déclin auquel les a conduits une certaine conception de la religion islamique. Paradigme civilisationnel global, l’Islam est l’une des principales religions du monde.
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