SÉNÉGAL
« Gagner le débat… », un ouvrage d’information et d’analyse sur la situation politique au Sénégal…
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1ère PARTIE
LA DÉMOCRATIE
FACE AUX PULSIONS PUTSCHISTES
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Comme toutes les autres formes de gouvernement qu’elle dépasse par ses qualités intrinsèques, la démocratie est parfois en proie à des pathologies pouvant être aggravées par les individus et les groupes ou groupuscules dont l’intérêt pour le type de régime politique dont elle est la nature essentielle s’explique uniquement par les facilités qu’il leur offre dans leur lutte sans merci pour le pouvoir. Ces individus et ces groupes ou groupuscules s’impatientent naturellement du fait de la durée, trop longue à leurs yeux, des mandats électifs en cours et du temps, plus long encore, de la construction, par un travail scientifique, méthodique, conséquent et transparent, d’une alternative originale et crédible pour le plus grand nombre souverain de citoyens. Dans l’esprit de tels individus et de tels groupes ou groupuscules, les raccourcis antidémocratiques (insultes, intimidations, menaces de mort, agressions physiques, saccages de biens publics et privés, vandalisme, appels au soulèvement, etc.) sont des moyens « légaux » grâce auxquels tout s’accélère comme jamais auparavant. Les élections perdues ne pouvant être que des élections volées, il faut dissuader à les accepter, avant l’heure et après les scrutins, les électrices et les électeurs dont la majorité se sert pour conserver le pouvoir par les moyens classiques (la parole, l’écrit, l’image et la vidéo) qu’Internet a définitivement réussi à agréger à travers les « réseaux sociaux ».
Depuis peu, les réseaux sociaux n’ont plus rien de vraiment social que la délinquance de jeunes internautes qui trouvent dans le travestissement du bien commun qu’ils représentent un moyen efficient et efficace de compression du temps démocratique un peu trop long. Dans la brèche ouverte s’engouffrent les intellectuels arides, les activistes chauffés à blanc, les géniteurs et les jeunes inconditionnels de factions insurrectionnelles et terroristes aux oripeaux partisans comme PASTEF (Patriotes africains du Sénégal pour l’éthique, la transparence et la fraternité) et le jihadisme qui trouve dans le contrôle du finistère sénégalais l’ultime étape de sa consécration en Afrique de l’Ouest.
Nous prenons, dans cette partie, le contrepied de déclarations, d’interviews et d’articles de journaux dans lesquels les appels au putsch passent par d’abominables allégations et/ou l’attaque des institutions de la République dont les principaux animateurs, à durée déterminée, sont sans cesse accusés de corruption et de parti pris.
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2ème PARTIE
LA DÉMOCRATIE
FACE AU TERRORISME EXTRAORDINAIRE
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À la fois sujet de préoccupation, comme la sécurité des et des personnes, et de controverse, comme l’insurrection, le terrorisme est un substantif dont l’usage requiert avant tout une définition dépendant du contexte de son emploi. Dans cette chronique antiterroriste, nous distinguons le terrorisme ordinaire de jeunes internautes du terrorisme extraordinaire qui défraya longtemps la chronique en Europe occidentale – en France notamment - bien avant les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.
Par terrorisme ordinaire, nous désignons l’acte répréhensible (parole, écrit, image, video, message électronique, etc.) dirigé contre un individu du fait de ses convictions personnelles ou de son opposition (pacifique) à un projet politique, religieux, économique, social, culturel, etc. Cette pratique ancienne porte aujourd’hui les habits neufs du numérique à travers ce qui est communément appelé, sans qu’on ne sache d’ailleurs pourquoi, « Réseaux sociaux ». Ce qui est sûr, c’est que lesdits réseaux ne trouvent pas grâce aux yeux de l’intellectuel sénégalais Ousman Blondin DIOP dont la sentence est sans appel dans une analyse consacrée aux « tares congénitales de la démocratie sénégalaise » en proie sans interruption ou presque, de l’occupation coloniale à nos jours, au clientélisme. Pendant qu’on y est, il convient de préciser que ce travers est d’abord celui des partis au pouvoir qui obtiennent de leurs « clients » un soutien politique – électoral de préférence – en échange de privilèges indus.
« Il faut s’inquiéter, écrit Ousman Blondin, des dérives potentielles que peuvent produire ces nouveaux moyens de propagande auprès de cibles souvent vulnérables. » A la suite des émeutes de février-mars 2021, « l'alerte lancée par le Khalife général de la confrérie mouride constitue, selon l’éditorialiste de Seneplus, site partenaire des principaux quotidiens de Dakar, un message particulièrement opportun qui traite d'un phénomène de société - les Réseaux sociaux - dont les dérives peuvent mettre en péril l'unité si précieuse de la Nation sénégalaise. »
À l’opposé du terrorisme ordinaire des Réseaux sociaux se trouvent évidemment le respect du camp d’en face dans la présentation des vues et des idées et la discussion libre et démocratique qui peut s’en suivre sans garantie d’adhésion à un projet ancien ou nouveau et sans préjudice pour les potentiels adhérents.
En 2014, est apparu au Sénégal un « projet politique » dont la déclinaison, tirée du Net, est peu commune pour quiconque s’y intéresse de près : « "Les Patriotes du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (PASTEF)" - devenus depuis peu "Les Patriotes africains (…)" - est un parti politique sénégalais fondé en 2014 par Ousmane SONKO. Parti d'opposition, il est connu pour être critique vis-à-vis du gouvernement et du système politique du pays. » C’est que le patriotisme « anti-système » du géniteur SONKO n’est pas le patriotisme puisqu’il postule que le système longtemps « proscrit » se maintient grâce aux non moins « proscrits » de la Patrie contre lesquels est dirigé le terrorisme ordinaire de PASTEF dans les Réseaux sociaux.
Il existe évidemment un terrorisme extraordinaire tentant quand les Réseaux sociaux ne suffisent plus à faire taire les « ennemis de la Patrie ». Au Sénégal, le passage à l’acte en février-mars 2021 avait été matérialisé par l’incendie de domiciles privés dont les occupants seraient des gens du système « proscrit », le saccage des locaux d’un groupe de presse considéré comme « politiquement correct », l’attaque et l’incendie de brigades de gendarmerie et de tribunaux, l’assimilation du slogan « France dégage ! » du « Front pour une révolution anti-impérialiste, populaire et panafricain » (FRAPP) au vandalisme « patriotique » de manifestants en terrain conquis.
Inutile d’attendre de l’intellectuel aride le renouvellement lui permettant de participer lucidement au débat en questionnant un vécu dans lequel il ne perçoit que les assauts contre le régime qu’il souhaite voir s’effondrer. Tout le contraire de la pensée féconde qui se réinvente dans le temps et l’espace en apprivoisant les pulsions paresseuses, putschistes et/ou terroristes, qui inhibent l’esprit pendant que les corps se déchaînent.
Abdoul Aziz DIOP
Auteur