NIGER, OCTOBRE NOIR OU LES GESTATIONS D'UN PAYS A L'AGONIE
Le tableau sombre de ce funeste mois d'octobre a débuté le 2 octobre 2017, à l'occasion de la désignation du Président et du Vice-président de la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) par les membres du CNDP (Conseil National du Dialogue Politique), qui a permis de faire une fois de plus la démonstration de la confiscation de la démocratie dans notre pays par le régime en place.
En effet, le Dr Amadou Hassane Boubacar arrivé en tête des candidats pour le poste de Vice-président, a été recalé par les représentants du régime qui sont majoritaires au sein du CNDP au motif qu'il est très critique à l'égard du pouvoir dans ses différentes prises de parole dans les médias.
Moralité, pour le régime, peut importe les compétences unanimement reconnues d'un citoyen nigérien, seul compte sa fidélité et sa soumission au régime fusse-t-il pour participer à la direction de la CENI.
Ensuite vint le 5 octobre 2017, où quatre membres de nos vaillantes forces de défense (désormais hélas sans défense pour se défendre eux-mêmes et encore moins défendre le pays) sont tombés au cours d'une embuscade tendue par des terroristes dans la région de Tillabéry.
Ce bilan de quatre morts auquel il faut ajouter quatre militaires américains tombés au cours de la même embuscade, vient alourdir le lourd tribu que paye l'armée nigérienne depuis 2011, face aux assauts des groupes terroristes qui endeuillent le Sahel depuis la chute du régime de Khaddafi et la déclaration de guerre insensée du Chef de l'Etat Mahamadou Issoufou au groupe terroriste de Boko Haram.
Comme si cela ne suffisait pas à la douleur du pays, le lendemain, le vendredi 6 octobre, le Gvmt réuni en Conseil de Ministres, a adopté une batterie de mesures économiques visant à élargir la base de l'assiette fiscale, véritable clé de voûte de la nouvelle loi de finance 2018, sensée relancée une économie nigérienne en agonie en raison de la gabegie d'un régime en perdition, de la dilapidation des deniers publics, de la corruption endémique des tenants du pouvoir, et du nombre pléthorique de ses membres et de leur train de vie de princes.
De tous les pays de la zone franc cfa, notre pays va être désormais " l'élève modèle " des préconisations de la France, de l'Union Européenne et de l'UEMOA (l'Union Economique et Monétaire Ouest Africain) qui recommandent aux pays membres, de trouver d'autres sources de revenus que la dette publique pour financer leurs économies nationales, quitte à racketter des citoyens déjà exsangues et sans espoirs à l'horizon, en raison des méfaits de la mauvaise gouvernance institutionnalisée, notamment au Niger, et c'est donc aux citoyens nigériens de subir les conséquences de l'adoption, que dis-je, de la soumission de notre Gvmt à cette feuille de route venue d'ailleurs, qui consiste selon l'expression consacrée " à élargir l'assiette fiscale ", c'est à dire à soumettre le peuple nigérien à l'augmentation des prix de certains produits et services de première nécessité, et à l'acquittement de nouveaux impôts et taxes adoptés dans la nouvelle loi de finance 2018.
On se demande jusque où va s'arrêter le cynisme de ce régime, car comment comprendre ce train de mesures économiques, véritable racket organisé d'une population sinistrée économiquement, à qui le Gvmt impose cette saignée insupportable tout en oubliant au passage de lui régler ses arriérés de salaire qui le précarise chaque jour d'avantage.
Le bilan catastrophique de l'année scolaire et universitaire précédente endeuillée par la mort de l'étudiant Mala Bagalé Kelloumi est à peine digéré, que celui de cette nouvelle année s'annonce sous les pires auspices, pour preuve le syndicat des enseignants-chercheurs a décrété ce jeudi 19 octobre une grève d'une semaine dans les huit universités du pays en raison d'arriérés de salaire et de certains droits statutaires.
Toujours ce 19 octobre, les autorités de la ville de Niamey ont lancé une opération de déguerpissement du quartier " Pays Bas " dans les environs de l'aéroport, réduisant en ruines à coups de bulldozer les maisons des populations choquées et désemparées, qui assistent impuissantes à la mise en miettes, en poussières de leurs économies, de leurs sacrifices, de leurs vies sans rien pouvoir y faire malgré leur colère et leurs larmes.
Apparemment les conséquences du désastre de la destruction en 2016 des boutiques des commerçants de la ville de Niamey, dont les stigmates économiques se font encore ressentir aujourd'hui sur l'ensemble de l'économie nationale, n'a pas servi de leçons aux autorités qui persistent et signent dans leur violence contre le peuple dont la précarisation de ses conditions de vie est devenue le cadet de leurs soucis.
En attendant, la ceinture verte, jadis poumon naturel de la ville de Niamey, peut être bétonnée à outrance dans l'opacité et l'impunité la plus totale par les tenants du pouvoir, leurs proches et leurs alliés, aucun bulldozer ne se risquerait à toucher la moindre brique, aussi illégitime soit-elle, car c'est le territoire de " la caste des princes du régime " qui n'ont de compte à rendre à personne sinon à eux-mêmes.
Il reste encore une dizaine de jours pour tourner la page de ce triste mois d'octobre et de son bilan catastrophique pour la démocratie nigérienne et pour le peuple nigérien, cependant, sachant que le pire n'est jamais loin du tragique, notamment avec ce régime cynique en place qui joue sa survie, il ne nous reste plus que la force de la prière pour invoquer le Législateur Suprême de favoriser la justice et la paix dans notre pays en réveillant la conscience de son peuple, amîne.
Avec affection, espoir et détermination
AbdouRahmane