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Billet de blog 24 août 2017

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L'AÏD EL KEBIR OU LE CHEMIN DE CROIX DES MUSULMANS DE FRANCE

Comment se sentir appartenir à la même nation quant on a pas les mêmes droits, le même respect, la même reconnaissance ?

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L'AÏD EL KEBIR OU LE CHEMIN DE CROIX DES MUSULMANS DE FRANCE

Comme chaque année, ce vendredi 1er septembre, les musulmans de France s'apprêtent à célébrer l'Aïd El Kébir, la plus importante fête du calendrier musulman qui honore la mémoire d'Abraham, le patriarche des trois religions monothéistes.

Et comme chaque année la célébration de cette fête religieuse se transforme pour eux dans les différentes régions de France, en un véritable parcours du combattant, qui vide cette fête de sa spiritualité, de sa joie et de sa ferveur familiale et sociale.

En effet, partout dans les territoires de la République, les musulmans sont confrontés à une véritable obstruction de leur droit à pratiquer leur religion à travers les obstacles qu'ils rencontrent pour pouvoir procéder au sacrifice du mouton qui représente le symbole extérieur de cette fête.

Les mots Liberté-Egalité-Fraternité sont bafoués et foulés au pied par les responsables des collectivités territoriales, les maires et les préfets qui n'organisent pas les moyens pour permettre aux citoyens de confession musulmane de bénéficier dans leurs communes, régions et départements des infrastructures nécessaires pour effectuer l'abattage rituel conformément à la loi.

Sachant que pour des raisons de protection animale et de garantie de la sécurité sanitaire, l'abattage des animaux hors d'un abattoir autorisé par les pouvoirs publics est formellement interdit, comment dans les conditions d'absence d'infrastructures dignes et homologuées dans les territoires, empêcher les citoyens musulmans qui veulent pratiquer leur religion de procéder au sacrifice du mouton dans des lieux non adaptés ou dans des baignoires comme dans le passé ?

C'est ce qu'illustre très bien la situation actuelle des musulmans de Trappes dans les Yvelines, qui viennent d'apprendre de la communauté d'agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines la suppression de l'abattoir mobile qui leur permettait depuis 2013 de fêter dignement l'Aïd EL Kébir.

Comment se sentir appartenir à la même nation quant on ne bénéficie pas des mêmes droits, du même respect et de la même reconnaissance ?

En ces temps si troubles où le repli identitaire, la manipulation de la religion, la profonde plaie palestinienne, les guerres impérialistes qui n'en finissent plus de déstabiliser le monde musulman, poussent certains jeunes fragiles socialement et psychologiquement vers des voies de radicalisation et de passage à l'action violente, il serait sage et judicieux d'apposer un peu de baume de compréhension et de reconnaissance à une communauté musulmane meurtrie et déboussolée par ce chaos, plutôt que de déverser sur ce corps souffrant l'acide fatal du rejet, de la discrimination et de l'humiliation, véritables ferments de la radicalisation et de l'action violente.

Le Président de la République, Monsieur Emmanuel Macron nous avait promis qu'une fois élu, il s'attacherait à la construction d'une France unie, pacifiée, où chaque citoyen aurait sa place et se sentirait reconnu pour participer au redressement de la France.

Les citoyens de confession musulmane ne demandent qu'à ce que cette promesse s'incarne dans la réalité et lui demandent d'œuvrer ardemment pour.

Ils n'exigent pas de lois d'exception, ils ne sont pas opposés à la laïcité, bien au contraire, ils réclament son application de façon égalitaire avec les autres communautés religieuses, ni plus, ni moins !

Avec affection, espoir et détermination

AbdouRahmane

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