“ En France, la loi interdit les pratiques racistes, mais cela ne signifie pas qu’elles ont été éliminées de la société. On reconnaît aisément qu’il existe des individus qui perpétuent des actes racistes.
Toutefois, parler de « racisme systémique » c’est reconnaître que le racisme n’est pas uniquement le fait d’actes individuels, pris isolément. Non seulement le racisme n’est pas un fait exceptionnel mais quotidien, ordinaire : systématique, donc. Mais plus encore, le racisme fait système : il infuse la totalité d’une société, à plusieurs échelles, ses institutions, son organisation expliquant ainsi les discriminations raciales et les inégalités face aux opportunités (logement, travail etc.), la relégation de certains corps perçus selon des critères raciaux, la persistance de représentations et de préjugés à caractères racistes dans l’espace public… Et ce malgré l’égalité juridique des citoyens inscrite dans les textes. ”
Nadia Yala Kisukidi, philosophe, maîtresse de conférences à l'université Paris-VIII et africaniste.
Pour en savoir plus :
1/ Sur le racisme institutionnel : Stokely Carmichael et Charles V. Hamilton, Black Power. The Politics of Liberation in America, New York, Vintage Books, 1969.
2/ Fabrice Dhume, « Du racisme institutionnel à la discrimination systémique ? Reformuler l’approche critique », Dans Migrations Société 2016/1 (N°163) (consultable en ligne)
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