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Billet de blog 22 février 2016

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COUP DE GUEULE

On nous dit et on nous serine que le NET est un lieu de créativité, un lieu de bouillonnement intellectuel, un creuset de novation et de liberté de penser et une chaudière où s'élabore un avenir plus lumineux. Mais, c'est faux. Ce n'est qu'une misérable gamelle où mijotent les idées reçues les plus éculées et où se sacralisent les médiocres volontés de ne surtout rien changer.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

COUP DE GUEULE

 Je suis déçu. Je suis désenchanté et chagriné. Je ne dis pas ça pour rire. Non. Je suis réellement désolé. On nous dit et on nous serine que le NET est un lieu de créativité, un lieu de bouillonnement intellectuel, un creuset de novation et de liberté de penser et une chaudière où s'élabore un avenir plus lumineux. Mais, c'est faux. Ce n'est qu'une misérable gamelle où mijotent les idées reçues les plus éculées et où se sacralisent les médiocres volontés de ne surtout rien changer.

Chaque jour, des dizaines de personnes dans des dizaines de groupes apportent des documents (Photographies, dessins, articles ou vidéo) pour prouver que les choses vont mal. On empile, les unes par dessus les autres, des preuves, toutes plus pertinentes les unes que les autres, pour démontrer que le système est mauvais. Nous remarquerons que les interventions de la plupart des gens ne consistent pas, pour eux, à rédiger eux-mêmes leur exposé. Non. Le plus souvent, ce ne sont que des liens conduisant à des documents péchés ici ou là comme si le fait que ce soient l'œuvre d'un tiers était plus démonstratif. Le résultat est que, suite à une surenchère d'offuscation, cela tient, très souvent, de la presse à scandale avec tous ses travers y compris le sang à la "une". Les gens se refusent-ils, à eux-mêmes, la capacité de crier leur désaccord et leur désarroi? Du coup, comme on se contente d'un copié collé sur lequel il suffit de cliquer, il y en a tellement qu'il devient impossible de tout étudier sérieusement. Plus d'une dizaine par jour pour la même personne n'est pas une chose rare.

Il y a aussi le cas particulier de l'image ou du dessin humoristique. Certains sont souvent très drôles. C'est bien le dessin humoristique. C'est salutaire. Cela permet de se détendre, de prendre du recul et de rire un peu. Il faut donc, et c'est une nécessité absolue, qu'il y ait des dessins humoristiques. Oui, mais s'il n'y a que ça, c'est parfaitement insuffisant. 

User de la satire, c'est mettre les rieurs de son côté. La satire, cela peut être dévastateur, mais, ce n'est pas constructif. Le risque avec le strict usage de la satire est de sombrer dans le nihilisme sordide des "grandes gueules" qui, sur un ton supérieur, méprisant et rigolard vous lancent, de façon péremptoire que: "tous pourris" et que rien n'est possible. Donc, pour ce qui est des dessins humoristiques, il faut se souvenir que c'est un outil, mais pas une fin en soi et que n'importe comment, il ne faut pas en rester là.

Je dois reconnaître que, sans doute par le choix des groupes auxquels je participe, je ne vois jamais d'interventions faisant l'apologie du système en place et qui se pâme de félicité devant l'amélioration de la vie dans notre société. Ceci peut porter, tout de même, à penser que les zélateurs du monde qui nous régit sont peu nombreux.

Ce que je vois, ce ne sont que récrimination et dénonciations du comportement d'un système honni.

Et, c'est là que je ne suis pas satisfait et que je m'insurge. Les mesures sont-elles exécrables? Nous sommes très nombreux à en tomber d'accord. Les politiques menées, avec une constance effarante, vont-elles pratiquement toujours à l'encontre de ce qui serait souhaitable? C'est entendu. Ne voulons-nous plus de tout cela? C'est clair. Sommes-nous révoltés par l'ignominie dans laquelle on nous traîne? Il n'y a pas de contestations. Nous rebellons-nous contre ce que les grands de ce monde nous imposent? nous avons compris. En clair, tout va mal c'est une chose acquise. Nous ne voulons plus de tout cela? Alors, de grâce, n'en restons pas là! Passons à la suite.

Bien sûr, à ce point de mon discours (si vous êtes allés jusque là), vous devez penser que je ne suis qu'un vieux râleur, asocial, illuminé et caractériel. Vous avez, sans doute, un peu raison. Mais pas complètement, quand même.

Nous trouvons que tout va mal et, que faisons-nous? Nous pleurnichons. Certains pleurnichent très fort en tapant du poing sur la table; mais, ce ne sont quand même que des pleurnicheries.

Nous nous croyons de grands révolutionnaires mais nous ne sommes que de misérables révoltés. Toutes nos jérémiades demeurent illusoires et, dans le meilleur des cas, doivent amuser ceux que nous pensons stigmatiser puisqu'elles sont sans effets. Nous crions au feu, mais nous n'avons pas l'initiative de nous faire passer des seaux d'eau.

Tenez, pour essayer de me mieux faire comprendre, je vous propose une parabole. Vous êtes malade. Vous allez chez le médecin. Il vous examine. Après réflexion, il vous dit le nom de votre maladie. Il vous en expose avec force détails les manifestations et l'évolution. Il vous en enseigne même l'étiologie et puis il en reste là. Il réclame ses honoraires mais n'envisage pas de vous soigner. Comme dit Molière: "Et c'est pourquoi votre fille est muette".

Pour nous, c'est la même chose. Se plaindre? Oui. Décrire? Oui. Analyser? Oui. Retrouver les causes? Oui. Accumuler du façon obsessionnelle des preuves que l'on a raison, oui! Mais soigner, non.

De même, dans nos manifestation, nous crions: "non à ceci! non à cela!". Ce qu'il faudrait, au lieu de dire ce contre quoi nous sommes, c'est exprimer clairement nos exigences. C'est à nous de savoir ce que nous voulons et, ce que nous voulons,  nous devons être capables de l'expliciter clairement. Tant que nous nous contenterons de confier à des hommes politiques, à la solde des grandes puissances financières, qu'ils ne sont pas gentils, ça ne changera pas grand chose. S'ils légifèrent et institutionnalisent de grandes injustices et de grandes tyrannies, ils savent parfaitement que cela ne va pas nous plaire mais leurs buts sont autres. Ils n'agissent pas par inadvertance et c'est savamment calculé.

Tant que les victimes de cette situation, c'est à dire nous même, ne prendront pas en main leur propre devenir, les spoliations de tous ordres ne feront que croître et embellir.

Nombreux sont ceux qui espèrent que les hommes politiques, devant les suppliques de la population prosternée vont infléchir leur décision. Nombreux sont aussi ceux qui croient qu'en changeant de clan au pouvoir cela résoudra tout en refusant de voir que ceux-là ou ceux-ci obéissent aux mêmes maîtres.

Reste le rêve passionnel et romantique de la prise du pouvoir par le peuple. Et c'est là que c'est le plus grave.

Se contenter de la vision exaltée et fantasmagorique du grand soir sans y avoir adjoint le moindre projet, c'est aussi inconséquent que le résultat de celui qui, ayant invité tous ses amis pour un fabuleux banquet, au moment où ses convives arrivent, n'ayant pas prévu de menu, se voit contraint de les entraîner vers le fast food du coin.

Pour changer les choses, encore faut-il savoir ce que l'on veut faire. Il ne faut jamais perdre de vue que nos adversaires, eux, savent très précisément quel est leur but, comment l'atteindre et surtout comment gérer une situation de crise qui risquerait de les abattre. Tant que les hommes n'auront pas établi un minimum de projet et un minimum de méthodologie pour y parvenir, il ne faudra pas s'étonner que la situation ne progresse pas.

Et là, j'en arrive à la raison pour laquelle je suis déçu. Ce que j'attendais, c'est, certes de l'humour et de l'esprit, certes une description et une analyse judicieuses du marasme de la société mais aussi, et surtout, un flot ininterrompu de propositions pour remédier à notre conjoncture. J'espérais une confrontation permanente de propositions variées entraînant un débat vif et pugnace conduisant à une vaste espérance. Vous comprenez, je présume, l'ampleur de ma désillusion.

Je conjecture que je ne dois pas être normal. Moi, au lieu de ratiociner sur ce qui ne va pas, je préfère changer les choses.

Changer les choses? En voila une drôle d'idée! Est-ce seulement possible? Et comment faudrait-il s'y prendre?

Si la situation humaine que nous connaissons est une loi de la nature et que nous n'y pouvons rien, il est déraisonnable de râler. On de récrimine pas contre le fait que le vent transporte des nuages ou contre le fait que les rivières coulent du haut vers le bas. Ce sont des lois de la nature contre lesquelles nous ne pouvons rien. Si nous nous offusquons du sort qui nous est imposé, c'est qu'intuitivement nous avons le sentiment qu'il pourrait en être autrement et donc que cela pourrait changer.

Certains, conditionnés par plusieurs millénaires de soumission, ne parviennent pas à concevoir que tout homme porte en lui sa libération. Ils attendent d'un hypothétique "haut" une réorganisation de la société toute cuite, toute prémâchée. Ils attendent une réorganisation prête à l'emploi, une réorganisation "clef en main" qui serait prophétisée par on ne sait quel démiurge messianique. En fait, ils ont gardé un mode de penser féodal dans lequel les vilains ne sont pas habilités à décider eux mêmes de leur existence. Ils attendent que les loups décident de devenir végétariens.

Alors, que faudrait-il faire? La première idée est de se dire qu'il faudrait imposer un gouvernement au service des populations. A lui incomberait le rôle de tout décider. Oui, mais ce gouvernement, quelles seraient ses missions? Comment serait-il contrôlé? Et là, surgit la notion de programme préalable. Ce n'est pas le lendemain de la prise du pouvoir qu'il faudra commencer à réfléchir à ce dont nous avons besoin et comment s'y prendre pour y parvenir. Ne nous y trompons pas. Je le réitère, les tenants du pouvoir actuel sont très organisés et ils ont déjà réfléchi à la conduite à tenir face à une situation qui par quelque moyen que ce soit ne pourrait être qu'insurrectionnelle. L'ordre des choses n'est pas premièrement: nous prenons le pouvoir et deuxièmement nous traçons un schéma humaniste de la société. Non! C'est le contraire. Nous devons d'abord élaborer un projet de société au service de la population et ce n'est qu'alors que l'on peut envisager sereinement de s'emparer du pouvoir. Il est même à noter que c'est ce programme politique qui permettra d'accéder aux commandes de l'état. Si les gens ont connaissance d'un projet qui leur est favorable, il le feront leur, s'en emparerons et le porteront, eux mêmes, comme un oriflamme.

Alors, dans la pratique, où cela nous conduit-il?

Comme je vous l'ai dit, je suis un vieux bonhomme et au fil des années, j'ai longuement réfléchi à tout cela. J'y ai réfléchi et, comble de forfanterie, ne serait-ce que pour y voir plus clair moi même dans mes propres réflexions, je me suis appliqué à les rédiger. Je ne prétends pas être infaillible, mais je pense que ce que je raconte pourrait être une bonne base de départ pour aller plus loin.

Quand on envisage chaque grand volet de la vie en société, on remarque avec consternation que nos grands gouvernants, avec une constance éblouissante, font à peu près le contraire de ce que l'on pourrait souhaiter. Dans le fond, il n'y a pas réellement de quoi être surpris puisqu'ils sont au service des adversaires de la population. Il faudrait donc remettre tous cela à l'endroit.

Comme tout le monde, au début, je me suis contenté de décrire, d'analyser et de critiquer. Et puis, progressivement, et ceci est un avantage d'avoir vécu depuis longtemps, force m'a été de constater que ce n'était pas suffisant. Maintenant, pour chaque sujet que j'aborde, je m'applique à proposer des solutions. Oh! Rassurez-vous! Je ne prétends pas posséder la science infuse. Mes solutions, elles ne valent que ce qu'elles valent. Mais elles ont l'avantage d'exister.

Au lieu de s'insurger contre les conséquences, il faut viser les causes. Il faut attaquer le mal à sa racine. Voulez-vous quelques sujets de réflexion fondamentaux? En voici une liste non exhaustive:

- L'organisation du suffrage universel.

- Le budget de l'état, les impôts et les relations avec  les banques.

- Le fonctionnement économique de la société, le chômage et le niveau de vie.

- L'enseignement et la culture.

- Les affaires étrangères.

- La défense nationale.

- La santé.

- La justice et la police.

Et ce ne sont que quelques exemples.

Voila, voila! Braves gens ce que je lance sur le NET. Hélas, comme ce ne sont que des réflexions, parfois un peu austères et que je ne passe pas mon temps à pousser des cris d'orfraies en scandalisassions hystériques, cela ne passionne pas les foules. Il y a bien, par-ci par-là, quelques personnes qui aiment, mais, imaginez vous que sur le site auquel je renvoie les gens pour découvrir chaque texte complet, il y a un compteur. Et là, je dois bien constater que beaucoup m'ont approuvé sans même avoir ouvert la chose. En fait, ils n'ont approuvé que la petite présentation.

Je commençais ce texte en disant: "Je suis déçu. Je suis désenchanté et chagriné". J'espère que vous comprenez, maintenant, pourquoi je disais cela.

Je pense avec tristesse que tant que nous resterons dans cet état d'esprit, les choses ne risquent pas de changer.

La misère humaine et l'exploitation de l'homme par l'homme ont encore de beaux jours devant elles.

28 01 16

http://abelysse.jimdo.com/divers/coup-de-gueule/ 

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