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Billet de blog 22 mars 2016

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CULTURE 1

Bon, tant pis. Je vais m'y risquer. Je sais que fort peu de gens cliqueront sur le lien et que, de plus, le texte étant très long (68 pages), le nombre de ceux qui iront jusqu'au bout sera infime, dérisoire pour ne pas dire nul. Pourtant, pour rénover la société, il n'y a pas trente six mille chemins. Il y en a un seul, celui de la culture. Seulement voila, la culture, qu'est-ce que c'est?

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CULTURE

 CULTURE ? (1)  

Là, déjà, rien qu’en écrivant le titre, je viens de m’aliéner soixante douze virgule trois pour cent de mon lectorat potentiel.

Si, si ! Je vous assure, la culture : Ça fait fuir les gens. La culture ! Beuh ! C’est mal !

Enfin, disons que c’est mal vu.

Pourquoi ?

Je n’en sais rien.

C’est même parce que je n’en sais rien que je vais tenter de comprendre pourquoi.

Dans un premier temps, je vous rapporterai cette constatation de Freud (Sigmund 1856-1939) que je vous cite approximativement parce que   de mémoire. L’individu humain est en permanence en quête d’une dépense minimale d’investissement psychique.

En clair, sur le plan intellectuel ou affectif, l’homme est, pour son confort, paresseux. Cela n’a rien de surprenant. Pour ma part, j’aurais même tendance à considérer que, d’une façon générale, l’homme n’a pas envie de se fatiguer inutilement… Pas plus physiquement que psychiquement. Je vous rappelle aussi que, l’idéal baudelairien, c’est l’immobilité.

En fait, l’homme aurait tendance à rechercher un niveau de vie strictement végétatif.

Tenez, à titre de comparaison : Les lions, dans la savane… Que font-ils ? Ils dorment. 

Régulièrement, il faut se nourrir. Alors, pour assumer leurs besoins végétatifs, ils condescendent à se lever et à chasser. Ensuite, ils se recouchent et pour digérer, ils redorment. De temps à autre, la pulsion reproductrice les tenaille. Dans ce cas, et pendant un temps relativement court par rapport au reste de leur existence quotidienne, ils se mettent à consommer beaucoup de leur énergie et puis c’est tout. Après, on re-redort. Les lions réalisent un idéal vital baudelairien parfait. Ils réalisent un équilibre végétatif total. Faire autre chose les conduirait à dépenser plus d’énergie et du coup augmenterait leur besoin alimentaire ce qui impliquerait plus de chasse donc encore plus de besoin alimentaire. Le lion sait gérer de la façon la plus économique son capital de joules (1joule = 0,24 calories ou, dans l’autre sens, 1 calorie = 4,18 joules).

Mon histoire de lions est là pour imager ce que disent les biologistes lorsqu’ils affirment que le monde vivant (toutes espèces confondues) n’a que deux préoccupations : La survie de l’individu (se nourrir) et la survie de l’espèce (se reproduire). Bon, moi qui suis un grossier personnage, je le raccourcis de façon brutale d’une façon que je ne vous dirai pas… Et puis, si, tenez, je vais vous le dire. Moi, je dis juste : Bouffer et baiser. Vous voyez que j’aurais mieux fait de m’abstenir. Bon, je sais, je suis sordide dans mon réalisme vulgaire mais, Schiller (Johann Christoph Friedrich von, 1759 1805), qui est un poète et un homme bien élevé, exprime la même idée en disant que « La nature maintient les rouages de l’équilibre du monde par la faim et par l’amour ».

-        Ouais, mais, c’est pas pareil ! 

-        Comment ça ce n’est pas pareil ? 

-Tu confonds agir et apprendre des leçons.

-Oui, et alors, c’est rigoureusement la même chose.

Pour chasser, les lions (les lionnes en l’occurrence) ont des connaissances et des techniques que leur ont enseignées leurs aînées. Les lions ont bien sûr des comportements innés, mais aussi des connaissances acquises. Les lions utilisent leur cerveau.

Le cerveau, je le rappelle pour ceux qui l’auraient oublié, c’est un organe qui, entre autres, à la capacité de thésauriser des informations et de bâtir des stratégies. Il se trouve que ce même cerveau est aussi un organe extrêmement consommateur d’oxygène (surtout si l’on considère sa petite taille relativement au reste du corps). Je ne veux pas dire de bêtises, mais je crois me souvenir que le cerveau, à lui tout seul, peut consommer jusqu’à 20% de l’oxygène respiré. S’il est dévoreur d’oxygène, on peut présumer que la créatine phosphate et l’ATP ne doivent pas être loin. Bref, il consomme du glucose et donc, puise dans les réserves alimentaires. 

Réfléchir, cela implique la nécessité de se nourrir plus et donc d’aller davantage à la chasse.

Il s’en suit que : Refuser l’activité intellectuelle, cela consiste à économiser son énergie vitale.

Bon, je n’irai pas jusqu’à dire que les gens, ayant une tendance à l’embonpoint, à qui l’on suggère d’avoir une activité physique accrue pourraient, à la place, résoudre des équations… Mais presque.

La question devient : Pourquoi est-ce que les humains, tout au moins un certain nombre d’individus, sont capables de concéder une telle débauche d’énergie intellectuelle ?

Il se trouve que l’animal humain possède massivement une capacité rare dans le monde vivant. Il peut se projeter mentalement dans l’avenir. Il peut se poser la question : Et demain ?

Du coup, il va avoir des comportements complètement modifiés.

 Certains animaux sont capables de concevoir l’utilisation d’outils : Bâtons, fétus de paille, cailloux, objets divers qu’on jettera vers des prédateurs etc. Mais, quand l’usage en est terminé, ils les abandonnent sur place avec le plus profond mépris. L’animal humain qui est un grand intellectuel va aller plus loin. Pas toujours, mais souvent, au lieu de jeter l’outil, il le garde et va le transporter avec lui. 

Lorsque, citadin éhonté, tu te promènes dans la forêt, tu ramasses un bâton pour t’aider à marcher ou écarter les broussailles. A la fin de ta promenade dominicale, tu le balances avec un  geste noble dans les buissons. Dans ce cas, tu es strictement bestial. Mais, s’il t’a semblé particulièrement adapté, au lieu de cela, tu le ranges soigneusement dans le coffre de ta voiture. Tu es alors un australopithèque supérieur. Tu as pensé à l’avenir en t’imaginant dedans. Ce bâton peut resservir et tu vas dépenser de l’énergie pour le garder avec toi. Bah si, quoi ! De l’énergie ! Tu surcharges ta voiture et donc, tu vas consommer plus d’essence. Cette essence, il faudra la payer et tu devras travailler davantage pour en avoir les moyens. Tu n’es pas raisonnable, non plus.

Si tu en restes là, tu es encore très rudimentaire. Mais si pour l’améliorer, tu le tailles grossièrement, tu es déjà entré dans le niveau de l’abbevillien supérieur. Si, de surcroit, tu t’amuses à le sculpter (chose parfaitement inutile, futile et superfétatoire), ta dépense d’énergie en délire de spéculation intellectualo-artistique t’entraîne au moins dans le solutréen voire l’inter solutréo-magdalénien. Tu te rends compte !

Bon, là, je plaisante parce que si on sait dater l’art pariétal, l’art mobilier nécessairement plus ancien ayant disparu, sa datation est impossible.

Au même titre que toi, et contrairement aux autres primates, l’homme archaïque est capable de concéder de l’énergie musculaire et mentale pour améliorer son outil. Evidemment, après cet effort, il serait absurde de le jeter. Il va donc encore dépenser de l’énergie pour le transporter avec lui.

Lorsqu’on en est là, l’équilibre strictement végétatif est rompu.

A suivre

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