L’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) vient de décerner son premier « Lifetime Non-Achievement Award » au président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema Mbasogo. Une distinction qui couronne près d’un demi-siècle de corruption systémique et de répression brutale dans ce pays d’Afrique centrale. Pour l’opposition équato-guinéenne en exil, ce « prix » de l’OCCRP doit attirer l'attention sur ce régime corrompu et va permettre de contribuer à briser le silence qui entoure l’un des régimes les plus fermés d’Afrique, car après 45 ans de règne sans partage, le système Obiang semble plus que jamais verrouillé et il ne sait toujours pas ce que c'est que des élections libres et démocratiques.
Le Premier « Lifetime Non-Achievement Award » honore Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, un Dictateur au Pouvoir inébranlable
Dans une tournure à la fois audacieuse et révélatrice, l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) a récemment décerné son tout premier « Lifetime Non-Achievement Award » au président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema Mbasogo. Cette distinction, loin d’être un hommage, est une dénonciation cinglante de près d’un demi-siècle de corruption systémique et de répression brutale qui caractérisent son règne en Guinée équatoriale avec 310 opposants assassinés et 250.000 opposants qui ont fui le régime en allant se réfugier à l'étranger.
Un Manuel du Dictateur Moderne
Drew Sullivan, éditeur de l’OCCRP, n’a pas mâché ses mots : « Teodoro Obiang incarne le parfait manuel du dictateur moderne. » Depuis son coup d’État en 1979, Obiang a su transformer la Guinée équatoriale, un pays riche en ressources naturelles, en un véritable laboratoire de l’autocratie. Les arrestations arbitraires, les disparitions forcées et la torture sont devenues des outils de gouvernance sous son régime, un règne de terreur qui s’autoalimente grâce à la manne pétrolière du pays.
Une Dynastie aux Pieds d’Argile
La situation économique du pays est paradoxale. Alors que le clan Obiang s’affiche avec une opulence démesurée sur la scène internationale, 76% de la population vit sous le seuil de pauvreté, selon les estimations de la Banque Mondiale. Ce contraste saisissant est d’autant plus révoltant que la Guinée équatoriale se classe parmi les pays ayant l’un des PIB par habitant les plus élevés d’Afrique, grâce à ses importantes réserves pétrolières.
Le fils de Teodoro, Teodorín Obiang, désigné comme héritier, incarne à lui seul cette disparité. Condamné en France pour blanchiment d’argent, il collectionne les propriétés luxueuses et les voitures de sport. Sa dernière acquisition, un jet privé d’une valeur de 100 millions de dollars, représente l’équivalent du budget annuel de santé du pays, un exemple flagrant de l’excès et du mépris pour les besoins du peuple.
Un Modèle Toxique qui Inspire
Le journaliste ghanéen Anas Aremeyaw Anas, membre du jury de l’OCCRP, souligne que l’influence d’Obiang dépasse les frontières de la Guinée équatoriale. «Il a créé un modèle de gouvernance basé sur la prédation et l’impunité qui inspire malheureusement de nombreux apprentis autocrates sur le continent», déclare-t-il.
La récente vague de coups d’État en Afrique de l’Ouest semble confirmer cette analyse, alors que plusieurs juntes militaires adoptent les méthodes éprouvées du régime Obiang : concentration du pouvoir, répression des opposants et captation des ressources nationales.
Un Avenir Sombre sous une Continuité Écrasante
À 81 ans, Teodoro Obiang se prépare à céder le pouvoir à son fils, Teodorín, déjà vice-président et héritier désigné. Cette perspective alarme les observateurs internationaux, tant le jeune Obiang a démontré un mépris pour la bonne gouvernance. Ses frasques extravagantes, ses scandales internationaux et sa condamnation pour blanchiment d’argent illustrent parfaitement l’impunité qui règne au sein du régime. Si Teodorín prend les rênes, la crainte d’une aggravation de la corruption et de l’injustice plane sur l’avenir du pays, rendant toute transition vers une gouvernance plus équitable de plus en plus incertaine.
Une Distinction qui Résonne au-delà des Frontières
L’attribution de ce « prix » par l’OCCRP intervient dans un contexte où l’organisation désigne également Bachar al-Assad comme « Personnalité de l’année » pour son rôle dans le trafic de drogue et les crimes de guerre en Syrie. Ce duo illustre la persistance des régimes kleptocratiques, malgré les sanctions internationales et les mouvements pro-démocratie.
Pour l’opposition équato-guinéenne en exil, ce « prix » doit servir à briser le silence pesant qui entoure l’un des régimes les plus fermés d’Afrique. Cependant, après 45 ans de règne sans partage, le système Obiang semble plus que jamais verrouillé, laissant entrevoir un avenir sombre pour le peuple équato-guinéen.
Ainsi, le « Lifetime Non-Achievement Award » n’est pas seulement une reconnaissance des échecs d’un homme, mais un appel à la communauté internationale pour qu’elle prenne conscience des réalités tragiques qui se jouent en Guinée équatoriale et pour qu’elle agisse en faveur d’un changement nécessaire en soutenant la COALITION CORED qui représente 20 partis politiques et associations en exil qui réclament la démission du dictateur et l'organisation d'élections libres et démocratiques.