D'un côté, l'essai Coriplasm mené par la Karine Lacombe, cheffe de service à l'hôpital Saint-Antoine à Paris qui propose en Mai le transfert de plasma convalescent, c'est à dire un transfert d'immunité passive en utilisant le plasma de malades guéris à d'autres malades covid+.
De l'autre, la bithérapie "Hydroxychloroquine+Azithromycine" conçu par le Professeur Raoult de l'IHU Méditerrannée de Marseille et proposé dès Février dans un premier essai sur une vingtaine de patients.
Les deux sont des infectiologues travaillant dans des équipes de recherche hospitalo-universitaires reconnues, les deux utilisent les réseaux sociaux et les media pour communiquer largement vers le grand public. Une femme de 52 ans, un homme de 68 ans.
Que dire de plus ? rien sinon que l'ANSM autorise aujourd'hui l'utilisation d'un traitement, celui de Mme Lacombe, mais avait interdit hier la bithérapie du Pr Raoult.
Voila ce que disait en Mars Mme Lacombe à propos du protocole Raoult :
«Sur la base d’un essai qui est absolument contestable sur le plan scientifique et qui ne montre absolument rien quand on regarde exactement les chiffres et la façon dont il a été mené, on expose les gens à un faux espoir de guérison. Utiliser un médicament comme ça, hors AMM, cad hors autorisation de mise sur le marché, en exposant les personnes qui le prennent à des complications, sans avoir vérifié les conditions de base de la chloroquine, je pense que c’est en dehors de toute démarche éthique. Même si ce médicament peut potentiellement avoir une activité, ce qui a été montré sur des données in vitro. On ne peut pas comme ça maintenant le donner à n’importe qui dans n’importe quelles conditions. Je pense que c’est extrêmement dangereux.»
Voila ce que dit en Mai Mme Lacombe à propos de cette décision de l'ANSM (vidéo sur le site de Futura Sciences):
"La décision de l'ANSM s'est basé sur deux choses : d'une part, pas de signal de sécurité dans l'essai et d'autre part il y a eu des publications à l'étranger, avec des séries de cas sans preuve scientifique avérée, sans bras contrôle où l'état général des patients s'est amélioré. L'ANSM a donc jugé qu'en l'absence d'autre traitement efficace, le plasma pouvait être indiqué."
En l'écoutant, on perçoit une légère gêne et prudence dans le choix des expressions, comme si elle était consciente de la contradiction entre ce qu'elle disait hier et aujourd'hui.
Le seul "rationnel" de l'ANSM, c'est donc bien "l'absence d'autre traitement efficace", alors même que l'absence de signal de sécurité et l'efficacité du Protocole Raoult ont été montrées aujourd'hui sur de nombreuses cohortes de patients en Chine, en France, en Grèce, en Israël, au Maroc, au Sénégal, etc
Ce qui était vrai hier pour l'ANSM concernant les exigences de preuve scientifique en pleine épidémie ne l'est plus aujourd'hui alors que l'épidémie se termine.
En mettant tout ensemble notamment avec la chronologie, tout s'explique donc : Mme Lacombe défendait la recherche d'un autre traitement possible et l'ANSM, influencée par Big Pharma, voulait favoriser d'autres traitements que l'usage hors AMM d'anciennes molécules et ne veut pas aujourd'hui se renier.
Le "deux poids, deux mesures" a déjà été dénoncé par Laurent Mucchielli dans son blog (ici) ainsi que la prétendue dangerosité de l’hydroxychloroquine (là).
Et les victimes, ce sont les 10 000 morts au moins que l'on aurait pu éviter en France si les plus hautes autorités sanitaires n'avaient pas préféré interdire et promettre plutôt que soigner.
“Le langage politique est destiné à rendre vraisemblables les mensonges, respectables les meurtres, et à donner l’apparence de la solidité à ce qui n’est que vent.” (George Orwell.)