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Billet de blog 31 décembre 2009

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Eloge de Charlotte Corday par Michel Onfray

L'Histoire est pleine d'enseignements pour juger notre époque de ce début de XXIème siècle. L'écrivain philosophe Michel Onfray nous le démontre en écrivant un éloge de Charlotte Corday sous la forme d'un essai aux éditions Galilée intitulé "La Religion du poignard".

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L'Histoire est pleine d'enseignements pour juger notre époque de ce début de XXIème siècle. L'écrivain philosophe Michel Onfray nous le démontre en écrivant un éloge de Charlotte Corday sous la forme d'un essai aux éditions Galilée intitulé "La Religion du poignard".

J'aimerais en quelque mots vous donner envie de lire cet ouvrage, mais aussi de vous intéresser à ce personnage si célèbre et en même temps si méconnu qu'est Charlotte Corday, une jeune femme de 24 ans qui a poignardé Jean-Paul Marat en Juillet 1793.

"J'étais républicaine bien avant la Révolution, et je n'ai jamais manqué d'énergie." Elle s'inspire là des idées déjà exprimées par Rousseau : "J'appelle donc République tout Etat régi par des lois ... car alors seulement l'intérêt public gouverne." Rousseau précise qu'est républicain "tout gouvernement guidé par la volonté générale, qui est la loi."

Je pose clairement la question : est il vrai que c'est l'intérêt public qui gouverne l'établissement de nos lois dans notre Vème République ? J'en doute. Et j'en prends pour preuve le fameux "bouclier fiscal" qui a été créé pour satisfaire les intérêts partisans de quelques uns. La taxe carbone, récemment annulée par le Conseil Constitutionnel, est un autre contre-exemple parfait. Etaient exemptées de cette loi, toutes les grosses industries émettrices de carbone, seuls les ménages étaient mis majoritairement à contribution (plus de 50 % du montant de la taxe). On voit comment les lobbies ont été efficaces dans la construction de cette loi et que l'intérêt du public a été ignoré sciemment par les députés. Et c'est sans mentionner l'inefficacité totale de cette loi pour atteindre les objectifs écologiques affichés, donc l'intérêt des générations futures.

A part le Conseil Constitutionnel, il existe si peu de contre-pouvoirs dans cette Vème république que l'on peut se demander si on vit vraiment dans une République légitime au sens de Rousseau : "Pour être légitime, il ne faut pas que le gouvernement se confonde avec le souverain, mais qu'il en soit le ministre". Il me semble clair que le gouvernement Fillon se confond, et le Premier Ministre lui-même, avec le souverain d'aujourd'hui Nicolas Sarkozy.

Michelet écrit qu'une "religion du poignard" se fonde dans le geste de Charlotte Corday, Onfray ajoute que cette religion est "celle de Brutus, c'est également celle de tous résistants au despotisme, à la tyrannie et à l'oppression, qui furent les héros de la Résistance à l'occupant nazi, celle de tous ceux qui, aujourd'hui, opposent la vertu à la corruption politique."

Dans ses mémoires, le bourreau Sanson qui fut celui qui actionna la guillotine qui trancha la tête de Charlotte, écrira : "Elle est la Jeanne d'Arc de la démocratie". Cet homme du peuple savait bien, lui, distinguer une vraie amie du Peuple, Charlotte Corday, de son vrai ennemi, Jean-Paul Marat.

A lire absolument pour comprendre le contexte et les raisons du geste fatal et magistral de cette Républicaine idéaliste.

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