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Billet de blog 15 novembre 2020

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La France, pays des droits de l’homme... blanc!

L’expulsion du campement situé sous l’autoroute A1 à la porte de Paris à Saint-Denis est programmée par la Préfecture ce mardi 17 novembre, à 5 heures du matin. Dans ce campement insalubre s’entassent, dans des conditions indignes et effroyables, plus de 2 500 personnes exilées, réfugiées, en demande d’asile, nouvellement arrivées et déboutées de l’OFPRA.

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Illustration 1
© accueil de merde

Encore une fois la réponse conjointe de l’Etat et de la municipalité de Saint Denis au sort des exilés est lamentable. Malgré les incessants signaux d'alarme des associations, et les condamnations répétées par la Cour Européenne des Droits de l’Homme du non-respect par la France des droits humains les plus élémentaires (4e condamnation), l’Etat persiste et signe pour la 65ème fois et expulse violemment, sans solution durable, avec un dispositif policier répressif. 

De nouveau, après avoir survécu dans des conditions sanitaires et humanitaires abjectes durant des semaines le long du canal en pleine pandémie de la COVID-19, les exilé.e.s, ne seront pas informé.e.s des destinations vers lesquelles ils et elles seront conduits, ni de la durée des “mises à l’abri” qui leur seront attribuées : au mépris du respect le plus élémentaire, les familles seront séparées, les liens sociaux seront détruits et les rendez-vous en préfectures fragilisés par ces éparpillements.

Mais quel est le coût humain, moral, économique et politique de ces démantèlements que les pouvoirs publics présentent comme des évacuations humanitaires ?

Les expulsions des campements informels ne constituent pas des solutions durables : l’hébergement des évacuations n’est pas pérenne : en moyenne 25% des personnes seront remises à la rue le jour même, 45% le seront au bout d’un mois (Chiffres : Rapport  Cèdre Secours Catholique Caritas France, Action contre la faim et Utopia, novembre 2020). Les personnes exilées ne sont pas informées des évacuations qui sont systématiquement sous-dimensionnées et une large part d’entre elles et eux sera conduite vers des lieux très éloignés, voire dans d’autres régions, et ce, sans qu'on les en informe. La loterie reprend son cours ; certain.e.s seront lâché.e.s aux abords d’une station service, d’autres dans des CHU parmi des personnes sans-abri qui ne nécessitent ni le même suivi psychologique spécifique, ni le même accompagnement administratif, d’autres encore dans des centres décents, mais mardi, personne ne sera en CADA (Centre d’Accueil des Demandeurs d’Asile), tels que la loi le prévoit.

Cette expulsion se fait dans une atmosphère d’autant plus délétère que la crise sanitaire isole et violente plus encore les plus précaires et que ce même mardi 17 novembre sera encore en discussion la proposition de loi nº 3452 relative à la sécurité globale dont l’une des propositions controversées empêcherait la diffusion de “débordement” policier. L’article 22 de la proposition de loi, lui autorisant la surveillance par drone, renforce l’idée d’un tout sécuritaire et la militarisation de nos espaces publics. Les exilé.e.s dont l’unique contact avec l'État reste - en grande majorité - son bras armé, expulsant et repoussant de plus en plus loin de la capitale, en seront les premières victimes. 

Plus que jamais il est de notre devoir d’informer, d’analyser et de dénoncer la manière dont l’État Français “accueille” les exilé.e.s. 

L’incurie gouvernementale se manifeste encore et toujours par l’envoi de CRS, de Gendarmes Mobiles, de la BAC. La destruction des biens des personnes, de leurs tentes, de leurs sacs de couchage et de leurs effets personnels traumatise et tue. 

Au premier confinement, 4 personnes ont trouvé la mort sur le campement de Saint Denis, au niveau du bassin de la Maltournée.

Le 3 novembre dernier, Rufus, un demandeur d’asile soudanais âgé de 66 ans est décédé sur le campement.

Nous vous invitons à venir observer par vous-mêmes comment cette 65e expulsion se déroulera.

Nous vous implorons de recueillir la parole des exilé.e.s et à mener de véritables investigations juridiques, sociales et économiques sur ces dispositifs aussi absurdes que vains et maltraitants.

Nous avons besoin de vous.

Rendez-vous Mardi 17 novembre à 5h du matin, lorsque la nasse policière se formera sur le canal Saint-Denis, entre Porte de Paris et le Stade de France.

COLLECTIF ACCUEIL DE MERDE 

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ENGLISH 

France, country of (white) (hu)man rights

Expulsion from the Saint-Denis camp on November 17th at 5 a.m.

This Tuesday, November 17, at 5 a.m., the expulsion from the camp located under the A1 highway at the gateway from Paris to Saint Denis is due to take place. More than 2,500 exiled people, refugees, asylum seekers, newly arrived and rejected by the OFPRA, are crammed into the camp in appalling and undignified conditions.

Once again, the joint response of the State and the municipality of Saint Denis to the fate of the exiles is scandalous. In spite of the incessant appeals from associations, and the repeated condemnations by the European Court of Human Rights of France's failure to respect the most elementary human rights (4th condemnation), the State persists and for the 65th time chooses to violently expel, without any lasting solution, whilst using a repressive police force.

Once again, the exiled, after having survived in abject sanitary and humanitarian conditions for weeks along the canal in the midst of the COVID-19 pandemic, are not informed of the destinations to which they will be taken nor of the duration of the "sheltering" that will be attributed to them: in defiance of the most elementary respect, families will be separated, social ties will be destroyed and appointments in prefectures will be weakened by these dispersions.

Thus what is the human, moral, economic and political cost of these dismantlements that the public authorities present as humanitarian evacuations?

Evictions from informal settlements are not sustainable solutions: the accommodation of evacuations is not sustainable: on average 25% of people will be put back on the streets the same day, 45% will be back on the streets after a month (Figures: Cedre Report, Secours Catholique Caritas France, Action contre la Faim and Utopia, November 2020). Exiled people are not informed of the evacuations, which are systematically undersized, and a large proportion of them will be taken to very distant places, or even to other regions, without being informed. The lottery will resume its course; some will be dropped in the vicinity of a gas station, others in university hospitals among homeless people who do not require the same specific psychological or administrative follow-up, others still in decent centers, but no one will be in CADA (Asylum Seekers Reception Center), as the law stipulates.

This expulsion is being carried out in an atmosphere that is all the more deleterious because the health crisis isolates and violates the most precarious, and because on Tuesday, November 17, there will still be a debate on the law proposal 3452 regarding global security, one of the controversial proposals of which would prevent the spread images of police violence. Article 22 of the proposed law, authorizing drone surveillance, reinforces the idea of a secure whole and the militarization of our public spaces. The exiled, whose only contact with the state remains - for the most part - its armed arm, expelling and pushing further and further away from the capital, will again be the first victims.

More than ever it is our duty to inform, analyze and denounce the way in which the French state "welcomes" the exiled.

The government's negligence is still manifested in the sending of the CRS, the Gendarmes Mobiles, and the BAC. The destruction of people's property, their tents, sleeping bags and personal belongings traumatizes and kills.

During the first confinement, 4 people died on the Saint-Denis camp, at the Maltournée basin.

On November 3, Rufus, a 66-year-old Sudanese asylum seeker, died in the camp.

We invite you to come and see for yourselves how this 70th deportation will take place.

We implore you to listen to the voices of the exiled and to carry out real legal, social and economic investigations into these absurd, futile and abusive measures.

We need your help.

Let’s meet on Tuesday, November 17 at 5:00 a.m., when the police cordon will be formed on the Saint-Denis canal, between Porte de Paris and the Stade de France.

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