
Maraude du Dimanche 17 Juin
Même si elle n’avait pas été annoncée, comme à son habitude, la maraude de dimanche a bien eu lieu. Depuis quelques jours, les migrants que nous avions l’habitude de rencontrer étaient difficiles à localiser. Ils n’ont désormais plus de lieux fixes où se retrouver. Principale raison, la présence policière qui empêche leur regroupement et surtout leur installation sur l’espace publique. La consigne est désormais claire, plus de « trace visible » des migrants sur la voie publique. Les tentes dont ils disposaient en sont une, ce qui explique pourquoi elles sont systématiquement confisquées. Et pour cela, les autorités les traquent. La conséquence: de nombreux migrants se retrouvent sans abri.
Hier, le simple bouche-à-oreilles aura suffi à réunir une quinzaine de bénévoles, aux environs de la Pte Montmartre. Quasiment six mois après nos premières maraudes, je me réjouis de la présence d’audoniens aux côtés des migrants. Un signe de solidarité et de mobilisation de la société civile plutôt rassurant et encourageant.
Malgré la situation, l’ambiance est plutôt détendue. Migrants et audoniens se mélangent et profitent ensemble de la collation. Comme à chaque fois, des petits groupes se forment. Au milieu des échanges, la réalité des migrants refait néanmoins très vite surface. Ils nous expliquent leur difficulté à dormir dehors. Du précaire, ils sont passés au très précaire. Ils sont plusieurs à nous exposer leurs situations relatives à leur demande d’asile et pour lesquelles les bénévoles tentes d’apporter un soutien. Il s’agit souvent d’une aide à la compréhension de leurs documents, d’une orientation vers des structures administratives... Les cas des dublinés sont les plus complexes et les plus préoccupants.
Une heure et demi plus tard, la maraude touche presque à sa fin. Avant de quitter les lieux, une réunion s’improvise sur le trottoir, en présence des quinze bénévoles. Chacun prendra la parole pour comprendre ou exprimer son avis sur la situation des migrants. L’indignation est palpable mais c’est dans la réflexion que se dessine la décision de continuer à venir en aide aux migrants. Le souhait semble unanime, pas question de lâcher. Les maraudes doivent se poursuivre, la traque policière doit être dénoncée tout comme la loi Asile et immigration.
Sans comparaison aucune avec l’Histoire, nous voulons que ce message du « 18 Juin » sonne aussi un peu comme un nouvel appel à la mobilisation pour que le soutien et l’aide aux migrants puissent continuer. Les maraudes du Collectif sont donc pour le moment maintenues.
Des êtres humains restent sous le coup des politiques migratoires de la plupart des pays européens. Il faut aussi les dénoncer. C’est dans le nombre et la participation de chacun que nous pourrons agir et y faire face. Nous comptons sur vous.
Lakhdar Sojazzy pour le Collectif Audonien Solidarité Migrants
