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Billet de blog 8 septembre 2025

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Au-delà de notre solidarité envers les Palestinien.ne.s, et envers celles et ceux, y compris en Israël qui s’opposent au massacre orchestré par Nétanyahou, reste une question urgente : que peut le cinéma à l’égard d’une telle réalité ?

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Les manipulations abjectes de Nétanyahou et de son gouvernement semblent duper de moins en moins leur monde : assimiler la reconnaissance de l’état palestinien par la France au soutien à l’antisémitisme ; euphémiser le bombardement d’un hôpital et les morts de civils (dont des journalistes) en « tragique accident »… tout cela ne masque pas la réalité des crimes qui se déroulent quotidiennement à Gaza et en Cisjordanie occupée. Pour en finir avec ce projet génocidaire, nous joignons nos voix à celles qui appellent à des sanctions concrètes contre le gouvernement israélien. Nous appuyons également la lutte contre le génocide culturel perpétré contre les Palestinien.ne.s et vous convions à une discussion dimanche 21 septembre au Louxor lors de la reprise de la programmation cannoise.


Au-delà de notre solidarité envers les Palestinien.ne.s, et envers celles et ceux, y compris en Israël qui s’opposent au massacre orchestré par Nétanyahou, reste une question urgente : que peut le cinéma à l’égard d’une telle réalité ?


Réponse pragmatique et désespérée : rien. Le cinéma ne sauve pas le monde : face à la famine, les films n’ont jamais nourri personne, alors à quoi bon le cinéma ? Une autre réponse est néanmoins possible : plus la réalité devient incommensurable, plus il faut assumer de s’affronter à l’impossible. Au-delà de Gaza, nous vivons dans un monde où le travestissement et le déni de réel attaquent de toute part les consensus (scientifiques, démocratiques, de politique internationale, etc.) sur lesquels se fonde notre monde commun. Alors, puisqu'on nous prépare un monde impossible, affrontons-le pour (re)produire une réalité vivable, désirable, ouverte, hospitalière.


Créer du réel, le cinéma sait le faire. Quitte à déserter, partir, quitter les rives d’un monde qui se laisse dominer par des forces suprématistes usées… Partir, où nous ne connaissons rien, avec les corps hébétés, fatigués, fracassés, avec les fragments et les traces de culture et d’images anciennes, avec des bouts de présent, vers un futur radicalement changé. Que l’obscurité nous inspire à l’égal de la lumière, que l’informe nous retienne avant même la forme, que l’incertitude nous passionne, que l’incertain nous permette de prendre appui, que le zéro soit donc un vrai point de départ. Finis les grands récits, que nos mille appareils narratifs s’abreuvent à nos chaos intimes et à l’amour inconditionnel. Tenons-nous solidaires, prêts à travailler dans, pour, avec la relation. Celle du tout-monde d’Édouard Glissant, celle née de l’acceptation de l’autre incompréhensible. Partir avec les vivants et les morts. Put your soul on your hand and walk. Partir vers un cinéma outre-monde : revenir à la réalité, comme on se réveille d’un cauchemar.

Les cinéastes de l'ACID

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