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Billet de blog 13 février 2025

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Un phare dans la nuit en 2025

La liberté de création est une force vitale. Pour nous, cinéastes ; pour vous qui voyez, programmez, produisez, distribuez, critiquez, soutenez, opposez, ou encensez des films.

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En France, la liberté de création a fait l'objet d'une loi promulguée en 2015, qui a l'avantage de définir un cadre et que la jurisprudence ne cesse d'affiner. Son enjeu principal n'est pas l'affirmation de la liberté de création de l'art et des artistes en tant que tels, mais tout autant du droit de principe et dans les faits, du public à avoir accès aux œuvres. L'émancipation par l'expérience artistique dans tous les sens du terme, tel est l'horizon nécessaire. La liberté de création s'apparente donc avant tout à une pratique à défendre chaque jour : sans naïveté, il va nous falloir porter haut ce qu'elle nous impose de droits et de devoirs en 2025.

Elle est en effet une cible majeure d'un projet illibéral puissant qui s'arroge les mots « liberté » et « censure » pour les retourner en leur contraire et promulguer la haine et la violence. Ces tentatives prennent des formes en permanente recomposition : de la pression d'élus dans un refus de subvention, à l'interdiction par un préfet de la présentation d'une pièce, à l'attaque de trolls racistes contre une sortie de films…  Mais il ne faut pas cesser de rappeler, et défendre, comme l'a fait la loi de 2015, que la liberté de création excède la liberté d'expression. Un récit de fiction n'est pas forcément la défense de ce qui se produit dans cette fiction. Une œuvre documentaire n'est pas a priori un tract au service d'une idée. La représentation est ce pas de côté qui permet la réflexion, qui fait art, dans toute sa liberté, et qu'il ne faut laisser personne mettre au pas. Les polémiques récentes nous ont appris la nécessité et l'intérêt profond du débat autour de désaccords parfois brûlants, mais dans lequel la circulation des œuvres est fondamentale : il faut se battre pour et avec elles.

Il va falloir agir vite, ensemble, en serrant les rangs de façon visible et concertée.  Ne tombons pas non plus dans le piège de l'autocensure. En tant qu'artiste, qu'acteur·ice culturel·le, ou qu'élu·e, nous allons devoir rappeler des principes et définir des lignes de conduite, reprendre un flambeau en berne. La liberté de création se défend dans l'intimité de nos esprits, dans chaque dispositif de financement, de production, de diffusion. La liberté de création a un coût, mais ce qu'elle nous apporte ne se mesure pas. Elle se défend dans les tribunaux administratifs, et au pénal. Elle se défend dans nos cinémas, nos théâtres, dans nos campagnes, nos bars et nos rues. Nous avons des allié·es : les spectateur·ices, les publics, d'abord ! mais aussi l'Observatoire de la Liberté de Création, la LDH, des magistrat·es, des avocate·s, des élu·es, des associations, des philosophes, des êtres de forte volonté qui se positionnent et opposent leurs distinctions, leur pouvoir et leur budget au laminage insidieux d'un pragmatisme qui ressemble chaque jour un peu plus à de la collusion.
En 2025, souhaitons-nous de veiller et de souffler sur la moindre étincelle dans un œil, un cœur, pour que brille encore l'avenir et allumer des contre-feux. La création est la flamme essentielle d'une vie libre.

Les cinéastes de l'ACID

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