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Billet de blog 19 juin 2025

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D'OMBRE ET DE LUMIÈRE (CANNES 2025)

De l'ombre à la lumière, c'est ce vaste mouvement que l'ACID accompagne dans sa programmation. Car si la menace d'une grande nuit tonne aux quatre coins du monde, jamais nous ne nous résignerons.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

« Amis du cinéma, publics et créateurs, il nous faut savoir ce que vous souhaitez et faire connaître nos recherches d'artistes : que chacune de nos trouvailles susceptibles de libérer le cinéma des vieilles formules trouve auprès de vous appui et encouragement. » commençait la cinéaste pionnière Germaine Dulac en 1924. Elle était inquiète. Un art né dans les foires allait-il faiblir sous le poids du commerce ? Son adresse résonne avec le projet familier de l'ACID.   

Depuis plus de 100 ans, les recherches en cinéma ont sondé ce qui nous bouleverse dans une lumière ou un mouvement. Elles ont renouvelé à l'écran le lien entre « je » et « nous », corps et secret, image et faux-semblant. En osant s'approprier la physique des sons, en triturant les genres et les écritures, en détournant le trash et le goût du formalisme, nos recherches racontent un monde qui ne cesse de muer et d'exiger. Nous nous émouvons d'avance à l'idée de vous faire rencontrer ces cinéastes qui travaillent dans l'ombre depuis deux, trois, dix années. Nous connaissons l'énergie souterraine et la ténacité qui les ont mené·es ici. Sans savoir où l'on se dirige, on sait d'emblée qu'on ne lâchera rien. C'est bien là le métier de cinéaste. Et puis, cette année, une conflagration nous ébranle, et nous oblige. L'assassinat de la photographe Fatma Hassona protagoniste du film Put your soul on your hand and walk de Sepideh Farsi, par un tir ciblé de l'armée israélienne, le lendemain de l'annonce de sa programmation, nous choque et affecte le sens même de notre mission artistique et politique. Jamais la diffusion d'un film ne nous a paru un acte si humble et si lourd de sens puisqu'il devra porter à la lumière son récit et les ténèbres qui l'entourent.  

Oui, de l'ombre à la lumière, c'est ce vaste mouvement que l'ACID accompagne dans sa programmation. Car si la menace d'une grande nuit tonne aux quatre coins du monde, jamais nous ne nous résignerons. Il nous faut au contraire honorer toutes les brèches qui laissent advenir l'espoir d'un renouvellement des forces, et en cela nous fortifient. Ces films à venir sont une incision dans l'obscurité mortifère. S'ils ont besoin de nous pour accéder aux différents espaces de diffusion de plus en plus menacés aujourd'hui, nous avons tout autant besoin d'eux pour baliser notre chemin et déciller nos consciences.  

Car nous toutes et tous citoyen·nes-militant·es-cinéastes, dans le grondement d'un monde en proie aux plus vils desseins, nous croyons en la nécessité d'un cinéma engagé, poétique et audacieux, afin de pouvoir continuer à tenir debout et voir plus loin dans le temps et dans l'espace. Oui, peut-être plus que jamais nous croyons en la puissance d'observation et d'action de ce cinéma indépendant que nous défendons : alors faisons vivre encore et pour longtemps sa puissance « contemplactive ».  

Sans dimension, sans mesure, nos recherches n'obéissent à aucune hiérarchie, mais ouvrent des horizons. C'est en vous qu'elles feront leur chemin, du matin au soir à Cannes, puis partout ensuite.  

Et il va de soi que nous nous réjouissons de vous y retrouver.  

Laure Vermeersch et Diego Governatori, co-président·es de l'ACID

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