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Billet de blog 19 avril 2017

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Le choix de l'impossible

Nous y sommes, c’est dimanche. Nous y sommes, à la croisée des chemins. Nous y sommes enfin, face au grand choix du siècle, face à la grande décision qui devra décider, in fine, de la survie ou de la mort de notre planète, et de notre humanité.

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Nous y sommes, c’est dimanche. Nous y sommes, à la croisée des chemins. Nous y sommes enfin, face au grand choix du siècle, face à la grande décision qui devra décider, in fine, de la survie ou de la mort de notre planète, et de notre humanité.

Il ne s’agit pas là de surestimer l’importance décisive du vote français. Il ne s’agit pas de cela. Il s’agit du choix mondial qui se présente à l’humanité toute entière. Le choix de l’impossible, face au choix de l’impensable.

L’impossible, c’est de résister à la déferlante de l’impensable. C’est d’oser réfléchir en des termes si beaux qu’ils sont tout auréolés d’utopie, d’improbable, de fictionnel. C’est de croire qu’il est possible de renverser le cours de l’histoire qui marche. L’histoire est En Marche, sans aucun doute. Elle prend la route mille fois prise de l’impensable conflit opposant des hommes que pourtant tout rapproche. Ces hommes, ce sont de pauvres diables, jetés sur les routes de l’exil, des ouvriers broyés comme des livres non lus sous les coups du pilon, par le capitalisme et la course au profit sans fin. L’impossible voyez-vous, messieurs les brillants, c’est de faire se serrer la main à ces hommes errants sur les routes géographiques ou psychiques. L’impossible, vous les gens de biens, les honnêtes gens comme vous vous définissez vous-même, c’est de croire. Oui de croire encore que demain se lèvera sur une terre qui demeurerait la demeure des Hommes. Pas sur cette terre de désolation que vous avez fabriqué de vos mains, sur cette terre où l’avidité arrache des forêts et aplanie les montagnes pour quelques sous, pour créer votre paradis virtuel, fait de scintillements feints, de ruisseaux d’or extraits des profondeurs de la terre, notre mère à tous ! Le paradis du pauvre, messieurs les voltairiens, est rousseauiste. Il prend la forme simple d’un matin frais mais clair, où la pluie de fleurs vient simplement des cerisiers japonais. Les ruisseaux d’or, c’est simplement un après-midi allongé sur l’herbe, au bord de la Marne, de la Volga ou du Mékong, ou du fleuve Amour, à regarder ses enfants faire du vélo, où à rêver seul. L’impossible paradis, c’est celui-là, celui simple et qui ne coûte rien, et que vous, les puissants, les avides, les inhumains vous essayez de nous priver. L’impossible, c’est de penser que l’autre n’est pas un ennemi. En étant allongé dans cette herbe printanière au bord d’un fleuve, quelle importance que l’habit du voisin. Une famille musulmane ou une famille athée, quelle importance ? Tant que les enfants ne tombent pas de leurs vélos et que l’eau coule toujours sous les ponts de la Seine, cela n’a aucune importance.

Mais vous, pour vous, les odieux, les tyrans, cela en a n’est-ce pas de l’importance ? C’est important de savoir pourquoi ces gens ne travaillent pas ce samedi après-midi de printemps, cela vous est important nous le savons bien. Car pendant que ces gens vivent, ils ne vous rapportent rien. Pendant qu’ils sont heureux, un petit peu, vous l’êtes déjà trop, mais pas encore assez. Alors quoi ? Quelle loi travail, quelle culpabilisation sera assez efficace pour faire en sorte que ces gens heureux prennent le chemin de l’abattoir « volontairement », pendant cette après-midi de printemps. On peut leur dire que c’est la crise, on peut les mettre au chômage, on peut faire travailler à l’autre bout du monde des pauvres diables pour qui la notion de bonheur est bien moins exigeante que dans ce sale pays des droits de l’homme. Et comme ça, il sera simple de dresser les uns contre les autres, les pauvres de tous les pays qui alors ne s’uniront jamais, pour que jamais ne surviennent l’impossible.

Mais, dans votre aveuglement avide. Vous créez les conditions de l’impensable. De la destruction totale de la vie sur terre, de l’anéantissement de la civilisation humaine. Vous allez réussir messieurs les ordures de cette planète, à faire en sorte que l’eau ne coule plus jamais sous les ponts de la Seine. Car il n’y aura plus d’eau vous l’aurez intégralement bu pour ne pas la partager, il n’y aura plus de pont sur la Seine, car il n’y aura plus de Paris, car les monstres que vous avez conduit au pouvoir auront enfin eu ce pourquoi ils existent, la fin du monde. L’impensable conflit mondial est à nos portes, et c’est à cause de vous. L’impensable, c’est quand les parents, tuent leurs enfants dans la nuit pour qu’ils n’aient pas à vivre dans un monde de souffrance et d’obscurité. C’est quand le gentil se transforme en carnassier, se laissant aller au souffle sauvage qui lui murmure depuis toujours au fond de son cœur : tue ! C’est quand les lettres brûlent sur un autodafé, et s’envolent une dernière fois en fragile flocon de suie vers les cieux. C’est quand les poissons ne suivent plus que l’eau du courant, car ils sont morts. C’est quand les océans son vide. C’est quand les forêts disparaissent, c’est quand des grands éclairs blancs allument la ville et la campagne avant de disparaître dans un nuage de fumée, c’est quand les trains disparaissent dans la nuit et le brouillard, c’est quand les peuples marchent au pas, c’est quand les nations se mangent, c’est quand Paris s’éteint, c’est quand les concerts s’arrêtent, quand la bière ne coule plus, quand la pluie laisse des traces, quand l’air tue, quand les moutons ne se dessinent plus, quand plus rien sur la terre ne murmure : je t’aime. L’impensable. Si l’humanité est la mère de l’innommable bête immonde, vous les avides, en êtes les pères. Car à force de violer la dignité humaine sans cesse, on finit quand même par l’engrosser d’un Minotaure.

Je ferais donc le choix de l’impossible. Un choix d’espoir et pacifique, sans chèque en blanc. Un choix, où oui, la poésie a sa place. Non ce n’est pas le bouleversement que j’appelle de mes vœux, non ce n’est pas la justice que vous méritez, tyrans de tous les pays. C’est le choix impossible d’une révolution qui tiendrait la ligne de crête du pacifisme, qui par le vote permettrait de sauver la paix, de sauver les hommes en faisant de la France le flambeau inexpugnable de l’espoir humain. Un choix, où les choses peuvent changer sans gibets, sans guillotines, sans tribunaux révolutionnaires, sans Terreur pour vous forcer, vous les avides à enfin partager, à enfin comprendre que nous sommes sur le même bateau qui est la Terre et que nous avons tous embarqué sur la même croisière autour de l’Astre. Croire, que la démocratie imparfaite, pourra changer les choses, voilà l’impossible espoir de la France Insoumise.

Mais prenez garde messieurs, l’impossible est pour vous aussi le choix du moindre mal. Car face à votre impensable pourra aussi se dresser un possible, et ce possible, est la Révolution. Point de constituante, point de partage des richesses, point de règle verte. Non, la Révolution. Celle que vous avez eu trop tendance à oublier. Celle dont la devise est Liberté Egalité Fraternité, ou la mort. Celle qui a accouché de cette République que vous violez, celle qui détruisit en quelques années la monarchie, celle qui n’oublie pas, ne pardonne pas, l’intransigeante et incorruptible Révolution, où le peuple fait irruption sur la scène de l’Histoire. Prenez garde à cette Révolution qui est toujours possible et qui fera face à votre impensable sans prévenir, sans négocier, sans demander, ingouvernable, indomptable, comme la Seine qui déborde et envahie la rue, engloutissant les ponts sous lesquelles elle coule normalement. Souffrez messieurs les puissants que cette Révolution ne fondra jamais sur vous, car rien pas même les doux et les sensibles ne pourront vous sauver.

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