Si le Hamas n’avait pas existé, il aurait fallu l’inventer. Mais si! Voyez quels services il rend à l’État hébreu, quelles déclarations magnifiques il permet de faire à un Bibi Netanyahu : « l’armée israélienne continue sa chasse contre le Hamas. Nous sommes certains de la victoire. C’est la plus juste des guerres pour protéger notre « maison » ( Beit en Hébreu a le même sens que Home et davantage). Bibi ne pourrait-il pas envisager un superbe cadeau au Hamas tant son existence donne l'opportunité à une puissance occupante et colonisatrice de légitimer un génocide qui refuse de dire son nom. D’ailleurs, n’est-ce pas déjà en partie fait ? Le gouvernement israélien n’a pas lésiné à le soutenir, ce Hamas aujourd’hui maudit, mais hier, bien utile pour barrer la route aux forces de résistance palestinienne. Bibi serait-il ingrat ? De vieux copains complices qui se fâchent, ça n’est pas bien !
La grand' messe de condamnation du Hamas étant faite et refaite, il ne nous reste qu’à découvrir et digérer la terreur pratiquée, sans relâche, sur la population civile de Gaza par un Etat qui se déclare juge et partie, qui crache, depuis longtemps, sur le Droit international et qui prétend disposer de vies humaines à sa guise.
Ce qui n'empêche pas les grands médias de nous offrir, sans pingrerie depuis le 7 octobre, toute une panoplie de « monstration », de déclarations, de mises en spectacle, chargées d’émouvoir l’opinion publique et donc de paralyser ses facultés de réflexion et de jugement. Soutien absolu à une nation, via un peuple (qui n’existe pas en tant que tel), à jamais innocenté depuis la « Shoah », avec renouvellement de son rôle principal de victime, via les exactions du Hamas.
Juste un récent exemple : Arte, en sa section toute parisienne, après avoir fait état de la position du Brésil et de la déclaration de Lula : « Ce n’est pas une guerre, mais un génocide. Les 2 000 enfants qui sont morts n’ont rien à voir avec le conflit », évoque ainsi la position de la Bolivie « c’est une offensive militaire disproportionnée", pour ensuite nous indiquer que " les pays d’Amérique latine- pour qui compte beaucoup la position du Brésil- voient Israël comme un pays d’occupation ». Juste deux petits mots insidieux, une seule petite expression, qui impliquent que les pays en question fantasment, dans une abusive projection. De quoi signifier qu’il s’agit d’une vision subjective qui serait loin de rendre compte de la réalité. S’ensuivent de bons gros plans sur un ballet d’ambulances au point de passage de Rafa, alors qu’il n’y a que 76 blessés qui ont pu le traverser. Le tour est joué!
C’est ainsi que, depuis le 7 octobre, nous sommes soumis à une constante manipulation des esprits, à un tir en rafales d’armes de «propagande » qui n’a rien à envier à la plus haute technologie des armes de guerre. Nous baignons dans les effets de langage, dans le montage savant d’images, dans la duplicité des discours, dans les mensonges par omission, et même dans l’usage d’escobarderies (consultez, tout comme moi, le dictionnaire)pour occulter ou minimiser les réalités d’un massacre sans précédent depuis la 2° guerre mondiale. Un massacre perpétré sur une population civile, parquée dans « une prison à ciel ouvert », dans une « cage », disent certains, qui ne peut ni avancer ni reculer, ni s’abriter, ni se nourrir, mais qui doit subir encore et encore une punition collective et, in fine, juste crever. Toute une panoplie d’effets spéciaux, mais courants, pour masquer cela, sans jamais déroger aux ordres des patrons de chaînes, sans jamais se soustraire aux besoins du néolibéralisme et ses versions « narratives », sans jamais faillir au soutien d’un pays à jamais «ami ».
Bercés par le chant des sirènes, bien mieux que pour le conflit en Ukraine, nous pouvons être contents : le président de la France, en pleine orgie de contrats économiques au Khazakstan et bientôt en Ouzbékistan, vient de se soucier d’une aide humanitaire pour Gaza. Restons sans crainte, pas un mot pour demander un immédiat Cessez-le-feu. Juste une voix presque tendre qui rappelle étrangement la perversité doucereuse de l'Occident religieux, qui promettait l'enfer avec un sourire mielleux...
Et puisqu’en sus, Monsieur Biden, l’autre grand ami de la France, se pense le phare du monde, nous pouvons dormir tranquilles, les vaches seront gardées. De plus, jamais notre pays ne saurait redevenir antisémite, même si il confond l’étoile de David à six branches, signe d’appartenance religieuse, avec l’étoile bleue nationaliste du drapeau israélien qui reprend à son compte le même emblème. N’est pas philosémite qui veut !