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Billet de blog 4 juin 2025

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Dreyfus sur le devant de la scène : un hasard de calendrier ?

Réhabilité en 1906, le capitaine Dreyfus est, post mortem, en passe d’être promu Général, avant d’être pressenti comme candidat au Panthéon. La France, débarrassée de tout soupçon d’antisémitisme ! Capable de rendre le plus grand des hommages à un citoyen qu’elle a traîné dans la boue. C’est fou ce qu’on peut résoudre post mortem !

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  Du fond de sa tombe, le futur Général va-t-il se réjouir de la reconnaissance de son dévouement patriotique et militaire ? Ou bien va-t-il rire jaune et se fâcher à l’idée qu’on l’utilise ainsi pour laver plus blanc qu’ OMO ? In fine, serait-il prêt à serrer la paluche de mister Netanyahu, au cynisme sans limites, et  à donner une franche poignée de main aux sbires de la politique fascisante d’Israël en France ?

 Face à une opération politique cousue de fil blanc, on se dit qu’il faut avoir l’esprit bien mal tourné pour ne pas applaudir des deux mains à une décision politique, qui, paraît-il, a donné lieu à des débats parlementaires et historiques de « haute qualité ». Face à pareil évènement, on se sent devenir bête que de  penser immédiatement au vieil adage : « Pour être heureux, vivons cachés! ». On doit  manquer de grandeur, être encore marqué par  des siècles de prudence, de vigilance et d’un sens aigu de la dérision et du grotesque !

 Tout est grandiose dans cette nouvelle auberge ou dernière galère ! De quoi, bien vite,  songer  aux travaux de Bourdieu sur la « Distinction ».  Misère !  en voilà une référence qui sent le soufre, avec son petit côté marxiste, sa prétention à rappeler l’existence de hiérarchies sociales indépassables imposant des critères de choix et de goût !  Encore aujourd’hui, oser  rappeler que l’idéologie dominante est bien celle des dominants,  « culture », mœurs, us et coutumes compris, quelle indélicatesse !

 Terrible tache que celle des dominants (ou classe ou  catégorie ou couche sociale, pour ne pas effrayer la concierge, pardon la gardienne d’immeuble) placés devant une double nécessité : devoir se démarquer des dominés en les dénigrant, en les stigmatisant comme inférieurs et de mauvais goût et, « en même temps » tenir ses propres choix comme de bon goût, donc supérieurs!

 Rappelons-nous le coup de la frite : sous une forme effilée elle existait dans la cuisine populaire. Pour intégrer la bonne cuisine bourgeoise et trôner sur les nappes blanches, il lui fallait, un tant soit peu, être relookée : juste subir un petit coup de rabot aux extrémités et elle se termine carrée. Façon de se démarquer, mais aussi d’indiquer qu’on a de la marge, qu’on est à l’aise et nullement pingre. Et hop, le bout de la patate à la poubelle !

 En l’occurrence, il ne suffit pas que « Le 12 juillet 1906, le président Ballot Beaupré, entouré des magistrats des trois chambres de la Cour de cassation, donne solennellement lecture publique de l'arrêt qui annule la décision du conseil de guerre de Rennes ».  Il faut faire plus et mieux.

109 ans après, voilà que surgit l’impérieuse nécessité : honorer,  comme il ne le fut jamais, le capitaine Dreyfus. Façon, là aussi,  de s’assurer  une « distinction » d’entre les nations et  de donner le change, versus droits de l’Homme. Tandis que l’Europe s’enflamme du côté des droites extrêmes et de l’extrême droite, Retailleau, Darmanin et consorts  compris.  Sus aux Arabes, aux migrants !, c’est archi entendu, mais pas touche aux juifs,  à Israël, surtout lorsqu’ils sont, pour bonne part, les meilleurs suppôts du néolibéralisme et de sa volonté de contrôler tout le Moyen Orient en le balkanisant.

 Après Jaurès, Guy Moquet, Manouchian et  Marc Bloch, après le capitaine Dreyfus, à qui le tour ?  

Adèle 47 & la Balbousté Rivka

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