Adèle47

Abonné·e de Mediapart

102 Billets

0 Édition

Billet de blog 6 avril 2020

Adèle47

Abonné·e de Mediapart

Les « effets pervers du coronavirus » seulement en Algérie, pas en France ?

On ne nous prend pas pour des imbéciles, chaque jour, à chaque heure d’info, on les fabrique !

Adèle47

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Hier matin, comme bien d’autres, il y a de  quoi rager et s'étouffer à l’écoute des infos,  réduites comme peau de chagrin à une seule chaîne publique, redistribuée sur les autres… 

On nous apprend qu'en Algérie, le pouvoir profite de la pandémie pour organiser la répression des journalistes qui ont couvert régulièrement les protestations hebdomadaires de tout un peuple, le Hirak. Ici en France, le pouvoir et les intérêts privés qu’il représente, ne profiterait donc de rien ?

Aucun « effet pervers du coronavirus » dans notre belle démocratie? Aucun test à grande échelle pour mettre au point un immense contrôle social à l’occasion du confinement, essentiellement du à l’absence de masques, de tests et de prévention depuis décembre ? Aucun effet pervers sur les travailleurs précaires, intérimaires, ubérisés, livrés à la bonne ou mauvaise conduite de leurs patrons-employeurs, y compris leurs agences de placement où tout le monde se lave les mains pour savoir qui porte les responsabilités? Des fois qu’on pourrait rabioter largement sur les droits au  chômage qui leur sont dus !

 Aucun essai pour externaliser davantage le travail, sous forme de télétravail, y compris la scolarité des enfants, via les expériences d’enseignement à distance par manque de locaux et moyens ?  Pas d’effets pervers que celui de creuser ainsi davantage les inégalités sociales et culturelles et faire reposer sur le dos des familles tous les frais et responsabilités y afférents ? Aucun bénéfice  pour les industries du numérique et des stars up si chères au gouvernement ?  Aucun effet pervers du confinement pour les habitants des ceintures pauvres des villes appelées « banlieues » c’est-à-dire mis au ban des villes, relégués, mis à part du reste de la société ?

 Les amendes pleuvent, les inégalités sociales deviennent criantes mais de grosses quantités de masques ont été distribuées à Airbus, une industrie aéronautique indispensable à notre économie, bien sûr. Si à Nice, Estrosi a mis en place quasi le même contrôle de caméras qu’en Chine, c’est pour le bien de ses citoyens. Et si le gouvernement soutient son préfet de police qui a fait montre d’un mépris plus grand que son président en accusant les gens malades de l’avoir cherché, c’est pour le bien de la République ; ses décisions militaires, pas du tout répressives au cours des manifestations, l’ont bien prouvé. 

            Et comme les mensonges qui s’empilent sur d’autres mensonges ne suffisent pas, comme il nous faut avaler en continu des couleuvres et nous faire prendre chaque jour des vessies pour des lanternes, alors « La voix de  son maître » journalistique, faite de « braves gens », travaille quotidiennement et d’arrache-pied à faire le « sale boulot » (1) : endormir nos consciences tout en leur donner la becquée.

            Alors, plein feu, en tout bien et honneur  sur le clapping 20h, si gentil, si louangeur accompagné d’un « Protége ton soignant » (ce qui nous change un peu de  « balance ton porc » !) comme si, pour des soignants qui hurlent depuis un an que l’hôpital est en détresse, ce geste allait protéger ceux qui risquent depuis plus d’un mois joyeusement leur vie ! Place aux magnifiques dons d’artistes, de collectionneurs d’art contemporain, de fondations privées, qui toutes et tous ont grappillé la laine sur notre dos  et ont transformé la production artistique en grand marché financier de l’art!

La grande illusion de solidarité, la charité compassionnelle, avec un coquet retour à Travail-famille-patrie/nation sont en bonne marche. Que l’on ne s’inquiète donc pas. Surtout  lorsqu’on se prépare à relancer la machine économique en finançant « des » entreprises comme on a financé les banques après la crise de 2008, en oubliant juste ce qu’on avait promis : séparer leur double fonction, à peine antinomiques !,  celle des prêts d’épargne de celle des fonds spéculatifs. De même pour le « plan santé »et le redressement économique de l’hôpital : tout shuz sur la privatisation ! Faut ce qu’il faut et ce n’est pas un tout petit virus de rien du tout qui va changer la donne.

             Mesdames et messieurs, journalistes et  responsables des chaînes d’info, pensez-vous réellement que notre tête soit, elle aussi, confinée ? Auriez-vous oublié que demain nous aurons à nouveau une voix et des jambes ?

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.