Toute protestation, toute condamnation de la politique meurtrière israélienne, est taxée d’antisémite. Accusation qui vise à discréditer n’importe quelle démarche ou mobilisation en faveur de la paix et du respect du droit international. Qui cherche, en saturant l’espace public, à mettre hors-la-loi, à disqualifier, ceux qui y participent.
Que dit l’un des étudiants de SC. PO. ? « C’est violent de se retrouver face à cette accusation à tout bout de champ, ça me terrifie qu’on nous assimile à ça ! On ne peut pas vivre avec ça ! ». Il ne s’en remet pas car militant pacifiste, il rappelle avoir été, lui aussi, sous le choc du 7 octobre, puis des ravages commis à Gaza, pleurant les morts de part et d’autres.
Bouleversé,- qui ne le serait pas ?- il a saisi ce que comporte cette accusation qu’il refuse avec force : se retrouver souillé pour toujours, porter ad vitam aeternam cette tâche, et, dans la foulée, se voir constitué en « ennemi » alors qu’il avait appelé les étudiants juifs à rejoindre la demande de cessez le feu. Loin d’être naïf, il constate également que proférer cette accusation, permet de se détourner de la réalité, au profit d’une préoccupation, certes légitime, mais qui ne concerne pas la nature du conflit au Proche-Orient.
Le dictat du principe religieux de souillure, voilà à quoi nous sommes réduits. Qui n’est pas sans rappeler les pratiques utilisées à l’égard des juifs en Europe et qu’à son tour la propagande sioniste emploie, jusqu’à plus soif, pour légitimer ses crimes. On affublait le « peuple déicide », de peaux de cochon lors de processions ou de procès, parce que, justement il refusait de manger et même de toucher un porc! Ce que tu ne veux pas, pan, dans la figure ! Ce que tu te défends d’être, justement on t’en accuse. Diablerie retorse réemployée par l’Etat hébreu qui fait tout son possible pour défendre son bout de gras, camoufler ses intentions et, last but least, demeurer « victime éternelle » aux yeux du monde !
Quant aux étudiants- et surtout étudiantes concernées ( bizarre, bizarre, ces jeunes filles mises en avant, comme en Israël parmi les otages libérés), on apprend qu’ils ou elles sont allés se plaindre par courriers et mails auprès de l’administration. Qui n’a pas hésité à prendre pour argent comptant leurs déclarations. Ce qui compte, c’est ce que ces jeunes personnes ont ressenti et ce qu’elles ont vécu : « on en tremble chaque jour, on n’en dort plus la nuit, on n’en revienne pas de ce qui nous arrive ». Quant à savoir ce qu’il y a eu comme conduite ou propos «antisémite » au sein de la prestigieuse Ecole, c’est peine perdue ! Ce qui est réellement arrivé, on ne le saura jamais, sauf à comprendre qu’il s’agit toujours de la même confusion, du même amalgame, savamment entretenus, entre antisionisme et antisémitisme.
Mettre en doute la sincérité du « ressenti » ? Pas du tout. Il l'est toujours, sincère, comme toute émotion et vécu subjectif.Surtout quand il appartient à la frilosité d’une jeune génération qui ne connaît de la « Shoah » que le mot et le culte de ses représentations ! Mot, par ailleurs, inapproprié, mais sacralisé, ultra médiatisé.
Bref, on tente de nous faire prendre des vessies pour des lanternes. On y réussit presque et on se fiche des « dommages collatéraux ». Tout comme Tsahal munie d’Intelligence Artificielle. Car, il y a bien dégâts des deux côtés. Insistons sur cela. Les étudiants de Sc. Po et autres lieux universitaires, vivent un sale moment, un moment difficile : souillés d’un côté, apeurés de l’autre. Une manière de les prendre tous en otages !
En réalité, tout comme les voyous fascistes du gouvernement israélien, les autorités de la République française se contrefichent de leur population. Et les jeunes sont toujours à mater, de préférence.
Quel jeune a goût pour la guerre, excepté à l’extrême- droite, juifs confondus, comme ceux du BETAR et de la LDJ ? Quel étudiante, étudiant, a envie de vivre sous les interdictions ? Ne pas pouvoir dire « résistance », sous peine d’être taxé d’apologie du terrorisme, ne pas pouvoir parler d’apartheid, d’occupations illégales et de pratiques néo-nazies au sein d’une armée la plus « morale du monde » sous peine d’être traité de complice du Hamas et, bien sûr, d’antisémite. Et, sans défendre le port d’insignes religieux, quels qu’ils soient, pourquoi faudrait-il que seule la peur contraigne à ne pas exhiber une étoile de David, une main de Fatma ?
Magnifique tour de force de la guerre des mots, guerre idéologique et politique, qui se joue avec encore plus de passion depuis le 7 octobre ! Répétez sans cesse les mensonges, enseignait Goebbels, ils deviendront vérité. Une arme dangereuse, la propagande, qui trouvera ses limites, mais qui, en attendant, brouille les cartes, laissant l’extrême droite à son vice préféré.
Alors au lieu de sonner l’Hallali, au lieu de vouloir dénicher sous la moindre note discordante ce terrible et spécifique racisme dont les juifs resteraient les victimes éternelles, ne faudrait-il pas décider, une bonne fois pour toute, d’une éthique ? Cesser d’être pompier pyromane en criant à l’importation du conflit, refuser de soutenir et propager la " souillure" à l’égard de quiconque. Enfin, stopper cette machine de guerre infernale qui veut à tout prix transformer en fauteurs de troubles et en antisémites, des jeunes gens mobilisés en faveur d’un monde où chacun est reconnu dans sa dignité.