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Billet de blog 8 décembre 2021

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Le prix de l’ignorance

Faut-il s’étonner de ce qui s’est passé à Villepinte ? Quand le fascisme est à notre porte, il n’est plus temps de rester naïf !

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      Les Gilets jaunes ont « découvert » les violences policières, certains en ont sérieusement fait les frais. De jeunes écologistes ont « découvert » les dégâts planétaires du capitalisme et sont surpris qu’on ne veuille pas les écouter.  Surprise devant l’hypocrisie des conférences internationales et de promesses non tenues.  Toute une jeunesse «découvre » qu’on se fiche d’elle, et qu’aller aujourd’hui s’asseoir  sur les bancs de l’université, avec un bac au rabais, ne garantit en rien d’obtenir un solide diplôme et, demain, un emploi.
De manière générale, on s’étonne que les riches s’enrichissent et que les pauvres s’appauvrissent. On s’étonne que la loi du plus fort impose son ordre, sa façon de voir et de conduire le monde. «  Normal !» disait le peuple tunisien en descendant dans la rue car il savait ce qu’est la dictature et connaissait ses manières musclées pour bâillonner les gens.   Normal, oui, après  40 ans de ronron social démocrate, 40 ans de lessivage des esprits, 40 ans de lente puis forcenée destruction néolibérale de tous les acquis sociaux obtenus à la suite de l’hémorragie de la 2° guerre mondiale.
     On s’indigne bien sûr du traitement infligé aux migrants, mais à quelques exceptions près, on ne va pas plus loin que l’indignation, tout occupé que l’on est d’écriture inclusive, de viols de starlettes, de chasse aux vilains mâles et privilèges de petits blancs. On parle de discriminations, de racisme, d’antisémitisme, de patriarcat, de manque de démocratie, de protections de nos libertés, surtout celle d’expression, on s’occupe de vegan, de bio, d’îlots « communalistes » à préserver et tout le monde court pour gérer au mieux la crise sanitaire. On sait bien que le management sanitaire en cours est incohérent, creuse les inégalités sociales, bride des droits fondamentaux, exacerbe le chômage, la précarité, déclenche des déprimes, des démissions, des burns out, des suicides, mais bon, faut vivre  quoi !

        On est de bonne foi, on est pacifiste, démocrate, confiant dans les lois de la République, dans la protection d’un Etat de droit. Tout ce que les fascistes ne sont pas et dont ils n'ont cure. On est soucieux de respecter le voisin, de l’aider au besoin, de trier ses déchets, on dénonce bien les excès des multinationales (mais Amazone obtient des records de livraison) les profits des labos pharmaceutiques, quelques scandales fiscaux à répétition et on dit bravo aux lanceurs d’alerte. Et après l’alerte on fait quoi ?  Qui est prêt à lâcher son portable, son écran pour cause de défonce du sol de notre planète et du retour de formes d’esclavagisme au Congo ? Qui est prêt à faire grève totale de la télé pour cause de faux débats et de la mise en podium récurrente de l’affreux Z. ?
         Voilà qu’à une presque veille de Noël, au lieu de nous laisser vaquer tranquillement à nos consumérismes habituels, des fascistes montrent leur vilain nez et nous « proposent » leurs solutions pour mettre fin à tous nos malaises.  La bonne vieille recette  d’une société aux abois. Alors du coup, surpris, chaviré, on s’étonne que ça puisse marcher autant !
        « Normal !» puisqu’on continue à se tromper de cible ou à s’en choisir une petite mignonne parmi tout ce que le capitalisme nous offre comme sujet de révolte : ses crises financières, sa soif illimitée de profits et de pouvoir, ses capacités de corruption, de division, de destruction, d’incitation à la haine de l’autre, de rejet de plus pauvre ou démuni que soi. Toute une belle panoplie avec l’illusion  joliment démocratique qu’on peut « en parler ».. On continuerait bien ainsi, persuadé que son petit jardin personnel de lutte est le plus important, plus important que cette satanée et ringarde lutte de classes. On déclare quand même qu’on s’en occupe et même qu’on la soutient. Mais voilà que ça ne suffit plus. Elle nous rattrape pour de bon, cette lutte-là, et sous une forme peu ragoûtante.

        "Normal!", tous les moyens sont bons quand ce bon vieux capitalisme entend  dépasser "la crise"à sa manière. Une once de " pédagogie" démagogique et trois louches de pré fascisme.   Normal aussi, puisque comme une pertinente GJ vient de le constater :« à droite on a les idées claires, tandis qu’à gauche  ça se brouille et ça s’embrouille » ! 
        La droite n’oublie jamais ses intérêts.Elle sait les défendre bec et ongles, et même se « collectiviser » comme disaient les Pinçon Charlot avec quelque ironie. La droite sait battre ses cartes, aussi éculées soient-elles : un bon bouc émissaire, toujours « étranger »*, de simples raisonnements avec des phrases choc, un appel à se rassembler, quitte à accepter des compromis. 
        La droite n’oublie jamais la frousse que la colère d’un peuple a suscitée en elle. Alors elle n’hésite pas, quitte à jouer avec le feu, jusqu'à financer des nervis, des revanchards, des hommes prêts à en découdre. La droite et le capitalisme, tel un sphinx renaissant de ses cendre – après 14-18, après 39-45, prêts à utiliser la « stratégie du choc » pour garantir ses lendemains à elle, qui chanteront violences sans nombre, expulsions (l’extermination étant la phase finale), terrorisme de la pensée et une totale soumission à son baratin comme à la barbarie. On nettoie, on évacue et c’est bon !

       Et la «  gauche » ? Prête à sortir de toutes ses aliénations, de ses compromissions, de son nationalisme à la noix, de son républicanisme toujours de bon aloi ? Prête à entendre le peuple lui dire  qu’il faut cesser de ne penser qu'à sa petite boutique et qu’il devient urgent de se rassembler ?  Et le peuple, prêt à sortir de ses « naïvetés » ?
 
  Adèle 47

* " Etranger" à ses valeurs, à sa religion, à la patrie, à une France fictive, reconstruite comme le gros gâteau de mariage, dénoncé par Flaubert « La pièce montée » ! Le bricolage zemmourien lui ressemble comme deux gouttes d’eau !

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