Notre société est ainsi faite aujourd’hui qu’un habit tient lieu de moine. Et les tenants de la sacralité et réification de symboles, emboîtant le pas aux logos publicitaires qui nous font tant de mal mais dont les marchandises se vendent si bien, ne veulent pas en démordre : pas question de tourner le dos, encore moins d’être facétieux face à l’injonction de « vénération » de certains signes dont l’étoile jaune fait ou ferait partie. Se détourner de cette nouvelle forme idolâtrie relèverait de la profanation, du sacrilège et du verdict de tribunaux qui ne manqueraient pas de rappeler à l’ordre les contrevenants, éventuellement de les punir, au nom de la bien séante lutte contre la haine raciale et du non respect d’un génocide qui, comme tout génocide, reste « unique » et spécifique.
Pouvons-nous sortir en tant soit peu des confusions qui s’accumulent depuis un certain temps?
L’étoile jaune fut bien l’obligation faite aux juifs résidant en France, français ou pas, de porter ce morceau de tissu jaune *afin de les distinguer, de les stigmatiser et de les humilier tout en leur interdisant certains lieux et métiers. Cela selon la volonté nazie appliquée avec zèle par le régime de Vichy. Et dans un cynique retournement de sens, comme l’occident tout chrétien a toujours su si bien le faire, en imposant dans cette forme de déchéance un des symboles même du judaïsme, l’étoile à 6 branches, dite étoile de David.
Recueillie pieusement après la guerre par certaines familles juives, brûlée par d’autres, célébrée par un Patrick Modiano qui y a gagné sa célébrité, cette étoile est devenue un sacro objet intouchable, symbole de persécutions jamais égalées. Et c’est bien au nom du « jamais égalé » que diverses catégories de gens s’en sont emparés pour se réclamer de la reconnaissance du triste sort (vrai ou inventé) qui est leur ou qui leur serait fait. Si dans cet acte de monstration, d’exhibition il y a effectivement négation de l’Histoire, il y entre aussi beaucoup de vantardise et de mimétisme à la René Girard : je veux ce que mon voisin a, que cela lui plaise ou non.
Il se trouve que le voisin en question n’a pas manqué de tirer sur la corde ni la couverture à soi. De quoi exciter bien des convoitises dans la concurrence victimaire ! Comment a été construite cette « marque de fabrique » et par qui ? C’est la question à se poser et qu’il serait temps de poser publiquement. Une chose est sûre : ce n’est certainement pas les familles endeuillées qui sont allées se pavaner avec. Ce ne sont pas non plus les juives et juifs de France, et ils sont nombreux, qui considèrent comme éhonté que l’on puisse manœuvré autour de ce symbole pour faire avaliser le massacre d’autres peuples au nom des persécutions endurées. Restent d'autres braves gens, mais surtout les représentants, juifs ou pas, de tout pouvoir politique et institutionnel pour qui cette affaire d’étoile jaune demeure une opération fructueuse : en terme de bulletins de vote, de termes de blanc seing dans les instances internationales, en terme de distinction quasi aristocratique !
Ne serait-il pas temps d’aller voir de prés quel moine s’agite derrière l’habit ? Ne serait-il pas temps de comprendre qu’aujourd’hui il y a tentative d’effacement de tout réel poids et sens historique, de toute valeur éthique puisqu’aux dernières nouvelles voilà-t-y pas que des extrémistes de droite se sont emparés du symbole de la « Rose blanche », ce groupe de jeunes étudiants allemands de Munich luttant contre le nazisme au prix de leur vie, pour tenter d’imposer leurs fadaises, leur vision du monde et leur envie d’en découdre.
Il serait donc temps, non de se bercer gentiment de symboles, mais de s’emparer des réalités et s’y confronter…
Adèle 47
* jaune parce que dans les ghettos, les juifs furent soumis pendant longtemps à porter des chapeaux jaunes , tandis que les prostituées durent endosser du rouge! Satan a toutes les couleurs nécessaires!