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Billet de blog 15 mars 2024

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le 7 octobre: un crime de lèse majesté.

«  Ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu’on te fasse. C’est ça la Torah. Le reste n’est que commentaire. » Rabbi Illel de Vérone

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

  Les survivants rescapés des camps de concentration et d’extermination nazis n’ont pas été, dans leur grande majorité, des revanchards. Plusieurs raisons à cela, mais au moins une : ils, ou elles, ont connu au plus profond de leur vécu ce que signifie la transgression de toute humanité. Ce que signifie l’absence de limites à la rage de dominer.

Ce n’est pas le cas de la société israélienne, qui, à 15-20 % d’exceptions près, n’a connu qu’une chose : la conviction qu’elle a le droit à une revanche éternelle et sans limite si on ose lui marcher sur les doigts de pied, si on ose exister comme « Autre ». Une société convaincue d’être dans son bon droit, toujours lavée, « par avance » de tout soupçon de terreur et d’injustice.  L’impunité de tous ses actes illégaux depuis sa création en 1948 n’a pu que renforcer ces sentiments, d’autant qu’on l'a assurée qu’elle est et sera toujours invincible (le Mossad, meilleur service secret, le High tech vendu dans le monde entier, armes et formation militaire de même). Une invincibilité, se révélant fictive depuis le 7 octobre.

Une brèche dans le fantasme d’invincibilité, et d'innocence, bien plus douloureuse et lourde que les otages et les malheureux civils tués par le Hamas. De quoi déclencher bien des peurs lorsqu’on pense qu’on est le plus fort !

 Or, nous le savons : il est interdit d’attenter au monarque. Pendant des siècles ce fut ainsi, aussi bien en Occident que dans le « grand Orient ». Les crimes de lèse-majesté, les plus divers soient-ils, ont toujours conduit aux pires et spectaculaires punitions. Afin d’anéantir toute volonté d’opposition et de récidive. Les châtiments individuels et collectifs sont là pour inscrire dans chaque mémoire qu’il n’est pas question d’attaquer les dominants.

 D’où cette rage de détruire et détruire à Gaza, d’éliminer si possible toute vie ou de la mutiler à jamais. Détruire, éliminer, y compris la moindre parcelle de culture, de trace historique d’un peuple qui manifeste (jusqu’à quand ?) des capacités de vie et de survie peu ordinaires. Un peuple qui vit, sourit et continue à faire chanter ses enfants en pleine occupation. Quel affront !

 L’ignorance de cette force et forme de « résistance » montre à quel point, la société israélienne est hors réalité et en oubli total de ce que sut conserver, à travers des siècles d’oppression, un groupe humain dénommé « juif » !

 Quelle que soit la manière dont on nommera l’irruption du Hamas sur la grande scène politique, terrorisme ou résistance, cela ne change pas la donne : il y a bien eu apparition d’un « autre » que l’on s’acharne depuis des décennies à faire disparaître, y compris en le mal nommant, « arabe » et non pas « palestinien ». Un autre rendu anonyme, sans visage et sans nom, avec qui on a coupé au fur et à mesure presque tous les liens (emploi, zones d’habitation, mur, barbelés, routes de contournement ...) un grand Autre autorisé à ne venir en « zone de sécurité » qu’au prix d’humiliations et de restrictions successives (checks- points, absence de permis de construire, emprisonnement en détention administrative, sans délai ni procès…)

Bien avant le 7 octobre, la rage s’était déjà emparée d’Israël face à une autre « irruption » jugée, elle aussi, insupportable : être accusé d’apartheid ! Non seulement l’autre existe bien, mais il a le culot de revendiquer des droits et même d’appeler à des boycotts sanction (BDS) pour tous produits et activités relevant de l’Etat israélien. Ce que la Cour européenne de Justice vient de reconnaître comme non délictueux. Encore un affront !

Quoi que fasse le lobby sioniste, notamment en France, pour cadenasser toute voix d’opposition au nom d’un antisémitisme qui a bon dos, quoique pensent d’honnêtes citoyens français juifs, endoloris par le 7 octobre et qui tremblent (ou rêvent !) d’une nuit de cristal, la crédibilité et l’impunité d’Israël est en train de connaître des limites. Sans hélas, que cela se traduise par l’arrêt des atrocités commises à Gaza, avant tout, à l’égard des enfants.  Ni par l’arrêt de la violence sadique dont font preuve les soldats de Tsahal : les vidéos, qu’ils fabriquent eux-mêmes, témoignent d’une jouissance perverse que l’on n’a même pas vue sur les gueules des nazis !  Ces derniers enfermés dans une froide logique gestionnaire, « scientifique » d’extermination, tandis que nous assistons à des réjouissances d’hallucinés, hystérisés par la « Shoah » et la destruction biblique d’Amaleck, en guise d’actions dites « militaires ». Appuyer sur un bouton de loin : il n’y a pas une chose qui s’appelait Hiroshima ? Déclencher une arme, tout près d’un palestinien sourd, qui gesticule, et le prendre en photo baignant dans son sang, cela ne s’appellerait pas du terrorisme ?

 " Les paranos peuvent aussi avoir de vrais ennemis" Tout est là. Le Hamas existe bien avec ses hauts et ses bas, avec ses contradictions et ses errances, la résistance palestinienne également, mais tant qu’Israël aura besoin d’un ennemi pour se sentir exister, tant que les juifs de France auront besoin de l’antisémitisme pour se sentir juifs, la paix ne saurait être atteinte.

"C'est seulement quand l'homme réalise sa volonté dans un être humain, et donc en même temps dans un autre homme que cette volonté est une action réellement humaine." Marx, "La Question Juive" (1844)

Adèle 47 

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