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Billet de blog 17 octobre 2025

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DIBBOUK 2, un accord mort-né.

Etre Dibbouk, il y a peu de temps, ce n’était pas le bagne, ça restait humain. Une âme à sauver, par-ci, par-là. A présent, c’est une autre paire de manches. A ne plus savoir par où commencer. Face au Tsunami qui cherche à nous égarer, en nous vendant la guerre comme si c’était la paix, faire le Dibbouk est devenu un vrai travail de galérien.

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Dans la légende, ne l’oublions pas, la tendre fiancée préfère mourir. Parce qu’on ne l’entend pas, parce qu’on refuse de l’entendre, elle qui reste fidèle à la promesse faite, à la parole donnée. On prétend la sauver, la débarrasser de son Dibbouk trop encombrant qui en  irrite plus d’un.  Au nom de futurs et plus convenables arrangements- première entité économique est le matrimonial -on veut la contraindre à tout désavouer. Son choix est irrémédiable. Comme Antigone, elle est condamnée.

         Qui est ce « on » qui assiège une âme qui ne veut pas renoncer, qui ne veut pas trahir ce qui nous est le plus cher, le respect de la vie, la dignité ? Ceux-là même qui prétendent sauver la civilisation, tandis qu’ils provoquent le désastre et s’en glorifient. Trump, à la Knesset n’a-t-il pas récemment déclaré : « Avec les armes que nous vous avons données, vous avez fait du bon travail, vraiment du bon travail » ? Puis il rend hommage et congratule Netanyahou. Le pseudo clown, le dangereux saltimbanque dit la vérité de son monde et rattrape son retard question Riviera. Dés avril 2024, des projets immobiliers israéliens, maquettes et photos à l’appui, avaient déjà fleuri. Sur les rives de Gaza nettoyée, de merveilleux appartements avec vue sur mer n’attendent que leurs clients !      

 « On » ce sont aussi, en France,  ceux qui maintiennent coûte que coûte leur chasse aux sorcières, lançant l’accusation d’antisémitisme, à tort et à travers. Ne manquent pas au rendez-vous mauvaise foi intellectuelle,  pensée médiocre et retorse, alors qu'on prétend représenter la fine fleur de l’intelligentsia française. De nouveaux maccarthystes. acharnés à déguiser la réalité : la sanglante domination qui détruit et dévaste tout, à Gaza, en Cisjordanie. 

 Face à tant d’ignominies, le Dibbouk s’est remis à l’ouvrage. Ne devons-nous pas l’aider, et rappeler, a contrario de ce que les médias nous chantent : ce « bon accord » est mort-né, à l’instar du plaisant et vieil aveu « un bon communiste c’est un communiste  mort ! ». Ce que les médias feignent d’ignorer. Un accord dont le solde provisoire présente un certain visage…

 Après le retour des otages, on s’est déchaîné sur les réseaux sociaux en Israël : "Maintenant exterminez-les tous !" A croire qu’entre l’armée la plus morale du monde et la plus démocratique nation du Moyen-Orient, on est synchrone. Rêve de toutes les  dictatures !

Tsahal, en se dégageant d’une partie de la bande de Gaza (environ 40%), y a laissé quelques mignonnes bombes qui explosent dans les ruines des maisons où reviennent leurs habitants : de nombreux enfants, en premier, sont blessés, les bombes explosant dans leurs jambes.  Z’avaient qu’à pas y revenir. On leur a proposé le désert, la Jordanie, l’Egypte ! Alors, tant pis pour eux, z’avaient qu’à pas faire tant d’enfants... de futurs terroristes, c’est évident ! Demander des preuves, des images, risquent d'accentuer les cauchemars que nous faisons depuis deux ans.

              Les FDI, le Shin Beth ont autre chose à faire que de perdre du temps avec des animaux à deux pattes qui infestent toujours les rivages de la future Riviera. Ils ont laissé aux soins d’une milice efficace le boulot restant. Ici, un journaliste- chanteur de plus, tué certainement en raison de ses trop nombreuses apparitions en public. Là-bas, un « terroriste », déguisé en soignant…

              Quant aux palestiniens pris en otages, pardon, aux centaines de prisonniers relâchés, souvent blessés (n’allez pas dire qu’ils ont été torturés ou qu’ils ont subi de mauvais traitements, ça serait par trop antisémite). S’ils ne peuvent obtenir les soins nécessaires dans ce qui reste des hôpitaux, c’est de la "faute au Hamas". Et que leurs proches ne  viennent pas se plaindre : bien d’autres familles ne retrouvent pas ici un fils, là-bas un frère ou un père parmi ceux qui sont sortis de prison. Sont-ils morts, portés disparus ou toujours emprisonnés ? Pas de raison d’être si impatient, Rome ne s’est pas faite en un jour ! Les braves  citoyens israéliens attendent, eux, depuis des lustres, de pouvoir s’étendre jusqu’aux rives du Jourdain, Syrie comprise.

              Un bon accord se voit également à ceci : en Cisjordanie par avion, on a lâché  un communiqué sur la tête des Palestiniens qui attendaient leurs proches libérés : "toute manifestation de joie ou de festivité est interdite. On vous aura prévenus. On n’hésitera pas à vous tirer dessus" ! Sûr, pas de liesse pour des Untermenschen, c’est réservé aux civilisés. La Zone d’intérêt est aussi zone de confort. Doit-on conclure, comme cette israélienne, ex jeune sioniste ayant vécu en kibboutz, puis exilée à Londres après avoir découver la réalité de la Nakba : "Israel is a nice sunny fascist country" ?

            Nous souhaitons, en toute humilité, aider un peu le Dibbouk, seul à rêver que des paroles et des faits prennent place dans nos mémoires. Qu’ils s’inscrivent dans nos cervelles abîmées par les incertitudes, réfrigérées par la peur et des murs d’indifférence, soumises qu’elles sont à des flots de folies ambiantes, et ballottées entre fake news, pieux mensonges et déclarations tonitruantes. Une stratégie qui s’acharne à nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Au risque, comme pour l’éternelle fiancée, de provoquer la mort de tout avenir possible, du moins de l’obscurcir pour longtemps.

      Afin d’éviter l'impasse pour les humains que sommes, pouvons-nous entendre et ne jamais oublier le témoignage du Docteur Ezzideen en octobre 2025,à Gaza ?

        « Je suis revenu aujourd'hui. Je pensais avoir déjà connu le désespoir, mais ce que j'ai vu aujourd'hui dépasse le désespoir….Le ciel était d'un bleu impossible. Ce bleu qui vous nargue, qui vous fait vous demander si la beauté elle-même n'est pas un crime. J'ai parcouru des rues qui n'existent plus, des rues qui étaient mon enfance. Ils ne sont plus qu’un désert de pierres, de fils et de poussière . »
D'une maison qui a coûté […] une vie de travail, d'espoir, de décence, j'ai trouvé deux choses : un couteau et un oreiller. Deux vestiges de civilisation. L'un par nécessité, l'autre par illusion. Voilà ce qui reste de l'homme…
J’ai pensé à mes parents, à leurs mains, à leur foi dans le travail honnête. Comment supporteront-ils cela ? Comment un homme supportera-t-il de voir le toit de son père réduit en poussière par des mains étrangères, des mains qui ne connaîtront jamais le nom de ceux qu'ils ont détruits ?
      J'étais assis dans les ruines, le bleu de ma chemise était devenu gris à cause des cendres, et je pensais : ce n’est pas la fin d’une ville, mais du sens lui-même. Mais ce qui me déchire plus que la ruine, c'est le silence. Personne ne nous parle. Personne ne nous dit où aller, qui reconstruira ou qui est responsable.

             Les politiciens parlent de victoires, les généraux de stratégie, le monde de paix et de progrès. Mais aucun d'eux ne vit ici parmi les cendres. Aucun d'eux ne se tient là où je me tiens, à fouiller ses propres morts.Et ceux qui prétendent nous représenter, où sont-ils ? Où est l'argent qu'ils ont collecté en notre nom, les promesses qu'ils ont faites devant les caméras, les slogans qu'ils ont écrits pendant que nous enterrions nos enfants ?Qui parmi eux viendra à cette ruine et dira : Pardonnez-nous, nous vous avons déçu ? Pas un seul.
      Ils sont assis dans des bureaux, chemises propres, comptant nos cadavres comme des chiffres sur du papier. Ils parlent de « reconstruction », « aide », « négociations », comme si le vocabulaire du pouvoir pouvait combler le vide du lit d'une mère.
      Je vous le dis en vérité : il n’y a pas de plus grand crime que l’indifférence. Le meurtrier au moins reconnaît la victime. Mais ceux qui détournent le regard tuent l’âme elle-même.
       J'ai regardé mes mains. Elles tremblaient, non pas de peur, mais de la conscience insupportable que nous étions devenus des objets de valeur pour le monde. Notre souffrance est un divertissement, notre mort une politique, notre endurance une statistique.
     J'ai alors pleuré, ouvertement, sans honte. Moi qui croyais autrefois à la dignité de la souffrance, je vois maintenant que la dignité elle-même a été anéantie. Il n’y a rien de noble à être oublié.

Si vous lisez ceci, n’admirez ni le style ni le langage.
Baissez la tête et pleurez.
Parce que cette poussière, ce silence, ce cri, c'est ce qui reste de nous".

Adèle 47.

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