Adèle47

Abonné·e de Mediapart

102 Billets

0 Édition

Billet de blog 19 mai 2025

Adèle47

Abonné·e de Mediapart

Pas le  CRIF, pas le  CRIF! Mieux vaut Desproges et Woody Allen  !

L'ARCOM, Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique ne pourrait-elle pas nous épargner un gag ? Un gag  pas drôle du tout.  Ne pourrait-elle pas choisir  des humoristes de qualité, plutôt que de confier à un pompier pyromane une mission de vigilance pour combattre l’antisémitisme ? Ce qui limiterait un peu le  maccarthysme ambiant.

Adèle47

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Nommer le CRIF "signaleur de confiance "  relève d'une bien  mauvaise plaisanterie. Et si des humoristes chevronnés  employaient leur liberté d’esprit à tenter de vaincre, de ridiculiser le vieux racisme à l’égard des juifs? Ils réussiraient peut-être en même temps, à transformer les paranoïas de persécution, incrustées dans les cervelles juives ( dans l’Hexagone comme en Outre Atlantique) en mots  d’esprit, en philosophie de dérision. Ce qu'ont su faire avec grand talent Shalom Aleichem, Shalom Auslander, Woody Allen, Desproges et d’autres… Qui n'auraient pas oublier de mettre en pièces le barbarisme de l’expression «  signaleur de confiance »!

 En  confiant au CRIF une telle mission, l’ARCOM agit comme l'hôpital qui se fout de la charité.  Pour mener combat contre l’antisémitisme, ne faut-il pas être indépendant des coteries et des jeux d’alliances politiques, n’être en rien juge et partie ?

 Pseudo représentant des « israélites » de France (il n’en regroupe  que 10-12 %), le CRIF, courtisé par divers gouvernements, ne tient  sa représentativité artificielle qu’à la logique d’un clientélisme électoral. Est-il vraiment le mieux placé pour dire le licite ou le non licite en matière de communication, pour faire le tri entre des propos antisémites et une critique politique visant  des crimes contre l’humanité ?

  Diverses mouvances juives, communistes comme religieuses, ont fondé  le CRIF, en 1942-43  pour notamment sauver familles et enfants juifs des griffes du nazisme – ce que n’a jamais fait le mouvement sioniste international-  Mais, au fil du temps, le CRIF s’est rapproché des droites extrêmes et de l’extrême droite française . Il a suivi en cela la propension d’une partie, une partie seulement,  des juifs de France : abandon des valeurs humanistes, vote en faveur du FN/RN et  justification permanente de la politique fascisante d’Israël. Un Etat qui  s’arroge, au nom de la protection et défense des juifs du monde entier, le droit de parler et d’agir en leur nom . Sans leur demander leur avis! Le CRIF fait de même à l’égard des juifs de France. Par exemple, en  diffamant un de ses ex présidents « modéré », feu Théo Klein, pour ses prises de position en faveur de la paix et de la justice au Proche Orient.

 Dans sa charte de 1977, le CRIF affirme « l’appartenance  du Juif français au peuple juif en Israël et en diaspora ». Et sans relâche, il demande aux autorités françaises de « soutenir l’État d’Israël ». Soutien patent et  inconditionnel à un Etat qui bafoue le droit international. Un Etat qui fait son beurre de toute manifestation, réelle ou fantasmée, d’antisémitisme afin d’obtenir l’adhésion de ses citoyens et coreligionnaires. Façon de les déresponsabiliser en entretenant la peur, les vieilles peurs comme les nouvelles depuis le 7 octobre 2023. Rien de mieux que d’agiter les angoisses existentielles des gens pour s’assurer leur soutien indéfectible, même face à un comportement génocidaire.

Devant un fonctionnement « démocratique » plus que douteux, plusieurs associations se sont distanciées du CRIF. Malgré une récente, légère inflexion de modération, il continue cependant son boulot de lobbyiste et ne s’en cache pas.

 L’ARCOM, que  messieurs Retailleau, Darmanin, Ciotti et consorts peuvent remercier, vient donc de mettre le loup dans la bergerie ou le renard dans le poulailler. On a le choix ! 

Etre réduits au silence ou condamnés comme tenant des propos délictueux, sous peine d’être, bien sûr,  taxés d’antisémitisme. Et qu’importe, n’est-ce pas,  si de l'autre côté de la méditerranée, on meurt sous les bombardements, on meurt de famine et du manque de soins.

Si un « probable » génocide n’était pas en cours, si une nouvelle atteinte à notre liberté d'expression, à nos convictions politiques, ne venait pas de se produire sous le ciel de la République, on pourrait admirer à travers le choix de l’ARCOM combien le ridicule fait concurrence au grotesque.

 Peut-être bon de se rappeler, ce qu'a dit maître Desproges: « on peut rire de tout mais pas avec n’importe qui » !

Adèle 47

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.