« Nous disposons d’un vocabulaire varié à propos des évènements de Varsovie en avril et mai 1943: « soulèvement- révolte- insurrection- Massada du 20° siècle ». Cette variabilité de vocabulaire signale une signification problématique de l’évènement
Pour l’éclaircir, je rappellerai, en substance, ce qu’en disait, dans l’immédiate après-guerre, l’un des principaux dirigeants de l’UJRE, Marceau Vilner, ancien résistant, déporté à Auschwitz : cet évènement n’était ni un acte isolé, ni un acte de désespoir. D’une part, il a mûri tandis que la défaite des nazis à Stalingrad détruisait la légende de leur toute puissance, D’autre part, il a été rendu possible par l’aide réelle, bien qu’insuffisante, de la résistance polonaise et des partisans juifs hors du ghetto,
Non ! Les 40 000 derniers survivants du ghetto n’ont pas cherché une mort héroïque et sans perspective.(1) On ne combat que pour la vie, seul stimulant pour la lutte. Les combattants de Varsovie ont engagé un assaut pour lutter, avec d’autres, contre le fascisme hitlérien. Un combat acharné, difficile mais non un affrontement désespéré. Ce fut, au contraire, une des plus belles pages de la lutte des peuples contre la barbarie hitlérienne.
Deux jours après l’attaque antinazie de Varsovie avait eu lieu en France une réunion clandestine pour créer l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide, regroupant différentes organisations issues de la section juive de la Main d’oeuvre immigrée du PCF ( M.O.I.). Cette union se donnait pour tâche de conduire par tous les moyens, idéologiques et militaires, la lutte des Juifs contre les envahisseurs nazis. L’exaltation de l'insurrection des juifs du ghetto de Varsovie fut une des premières tâches accomplies, grâce à des « journaux », de simples feuilles recto-verso ronéotées, que les militants glissaient sous les portes des familles au péril de leur vie.
Dans un tract rédigé en yiddish, daté de mai 1943, on peut lire: « Le soulèvement des Juifs de Varsovie s’inscrit dans les traditions héroïques de notre peuple. Il est marqué du sceau de l’esprit des Maccabées, de Bar-Kochba, ce même esprit qui anime des centaines de milliers de Juifs dans les rangs de l’armée rouge et des groupes de partisans dans les pays sous le joug hitlérien. Les Juifs de Varsovie se sont placés à la hauteur des communards parisiens et leur combat couronnera l’histoire de notre peuple, qui vit et vivra. »
C’est cette même immense envie de vivre qui anime, encore aujourd’hui, l’UJRE." Jacques Lewkowicz.
Soulignons qu’il n’est pas nécessaire d’être affilié(e) à une particulière mouvance politique, ni même à l’UJRE, pour souscrire à l’idée dernière que ce responsable exprime :« L’insurrection du ghetto de Varsovie reste un exemple de dignité humaine et de courage héroïque, toujours d’actualité ».
(1) Minoritaires, certes, furent les combattants de l'insurrection varsovienne, tout comme ceux de la résistance armée en France. Les militaires le savent bien : le nombre ne fait pas toujours la force! Quant aux précieux documents, enterrés par le groupe "Honeg Shabbat", Joie du Shabbat, et récemment retrouvés, ils ont été établis quotidiennement par environ 60 personnes!