Bien étrange, ce mélange de carpe et de lapin, cette alliance de forces politique antinomiques, depuis et à cause du 7 octobre. Pas moins scandaleuses les prises de position déclarées de certains juifs de France en faveur du FN/RN au prétexte que leur seul combat est de lutter contre l’antisémitisme. Est-ce si vrai que ça, leur seul et unique souci? L’enjeu n’est-il pas plus clair de jour en jour : « Plutôt l’extrême droite que le retour d’un Front populaire !». Eh, oui, le constat s’impose : il est fini le temps où la grande majorité des juifs de France, avait le cœur à gauche, ralliait les forces de gauche et savait distinguer les amis des ennemis ! A soutenir inconditionnellement un Etat colonial, aujourd’hui plus que jamais meurtrier, rien d'étonnant à ce que le « résiduel » antisémite ait été, avant même et à fortiori après le 7 octobre, ravivé par l'embrassement qui s'en est suivi. Et par les mensonges réitérés dans les médias dont la sempiternelle « guerre d’Israël contre le Hamas » alors que se déroule sous nos yeux un nettoyage ethnique, un "possible génocide". Quand on joue avec le feu, quand on marche tête en bas, jambes en l’air, il ne faut pas s’étonner du résultat. A refouler, occulter, pervertir la réalité des faits, on devient vite pompier pyromane.
D’intègres citoyens français juifs sont, pour de bon, « traumatisés », désemparés par la cascade des évènements qui se sont succédé plusieurs mois durant, mais ils ne voteront certainement pas FN/RN. D’autres, qui tiennent le micro tous les jours et font la Une dans les médias, tentent, ici, en France, de faire le même coup que le gouvernement de Netanyahu : cimenter, autour du nécessaire combat contre l’antisémitisme, des voix juives qui ne se sont jamais reconnues dans l’establishment « israélite » ni habituées à soutenir des forces de droite et d’extrême droite. En niant et déformant la réalité, de manière intentionnelle et perverse, ils sont les premiers responsables de cette montée « spectaculaire » de l’antisémitisme. Et ceux-là ne sont pas convoqués au tribunal ni affublés d’un titre infamant ! Pourtant les « négationnistes » des camps de la mort nazis ont bien été poursuivis, de la même manière que le seront, par la CIJ, les responsables de ce qui se passe à Gaza et en Cisjordanie. Quant aux bonnes âmes, qui subitement deviennent philosémites, on sait, depuis longtemps, combien l’enfer est pavé de bonnes intentions.
On sait aussi à quoi aboutit de crier au loup alors qu’il n’est pas encore là. Des chiffres sont ressassés sans qu’on sache de quoi relèvent tous les actes classés antisémites. Nous sommes d’accord : il n’y en aurait qu’un, il serait de trop. Mais de quoi sont-ils TOUS réellement constitués ? N’est-il pas dangereux ce petit jeu qui cherche à nous faire prendre des vessies pour des lanternes ? Entre ceux attestés, authentiques agressions physiques et verbales, et ceux amalgamés comme tels, il y a de quoi se poser des questions. Port de Keffieh ou d’insignes aux couleurs palestiniennes, graffitis ou slogans de soutien à Gaza, propos publics tenus par des hommes et des femmes politiques, repris à l’emporte-pièce et hors contexte, le compte ne semble pas être rond. Quant aux incidents de cour d’école où les gamins- et autres ados- sont une caisse de résonance de tous les préjugés courants, au sein de leur famille et entourage, il n’y a plus à s’interroger s’ils virent à une coloration antisémite compte tenu de l’actualité. La fausse équation, dite et redite, antisionisme= antisémitisme n’y est pas pour rien ! Elle passe dorénavant pour vérité acquise, à force d’être répétée sans fin, suivant les bons conseils d'un certain... Goebbels !
Il y a fort à parier que, sur cette base erronée et martelée jusqu’à plus soif, se soit construit un recensement dont la validité des critères n'est pas évidente. Que, pour de bon, nous soient communiquées officiellement, et non par chiffrage d’officines communautaristes repris par la grande presse, la nature exacte et la teneur des actes antisémites incriminés ! Et que l’on prenne le temps et les moyens de chercher de vraies solutions pour les éradiquer. Avec un système éducatif qui périclite en France, avec un matraquage médiatique unilatéral et insensé, il ne faut guère s’étonner!
Il est crucial de mettre un terme à l’accaparement, à l’instrumentalisation de l’antisémitisme à des fins électorales. Il doit être fermement combattu pour ce qu’il est, sans servir de paravent à des récupérations politiciennes.
Adèle 47 et Rachèle.