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Billet de blog 1 octobre 2015

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Les russes ont debarqué!

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

 Bon alors ça y est les russes sont entrés en action, avec le consentement de la Syrie, dans l'espace aérien syrien.Mon amie de Damas vient juste de raccrocher.

Elle était ravie.

« Tu as vu m'a-t-elle dit, c'est génial ! Poutine vient nous aider ! Avec un peu de chance, on va même sauver Damas !!! »

J'ose à peine lui dire qu'en France, les reproches sur l’armée russe pleuvaient déjà...avant même que les avions décollent...J'ose à peine lui dire, que les français (dont les ¾ ne savent toujours pas faire un plan de la Syrie), ne comprennent pas pourquoi on à tiré sur ça et non sur ça ou encore sur ça....En fait, je n'ose rien lui dire. J'ai mal .

Mes contacts syriens voient surtout que les russes vont enfin soutenir leur armée qui est si seule.

Mes contact syriens, leur famille, leurs amis fuient devant l'extension permanente de l’État Islamique, ou d'une vie rendue impossible par les conflits comme à Alep.

En bref...mes contacts syriens vivent au quotidien dans leur pays et pensent , comme le disait si bien Regis le Sommier (rédacteur en chef de Paris Match) sur la chaîne parlementaire LCP le 15 septembre qu' «Il faut arrêter le délire, il n'y a aucun opposant modéré actuellement en Syrie".

Alors pour ce qui est des doutes de la population française sur « la pertinence des cibles » choisies par sieur Poutine, ils s'en foutent un peu.

Ce qu'ils voient c'est que le calme va un peu revenir.....enfin.

Mais, moi, j'ai bien intégré que cela ne suffirait pas, ici, comme explication.

Alors voilà quelques éléments pour aider chacun à se faire son opinion sur ce qui se passe actuellement en Syrie.

C'est juste mon regard avec les infos dont je dispose, mais au moins, je vais partager cela avec vous et...cela donnera du grain à moudre à mes détracteurs .

  1. Regis le Sommier a raison pour ce qui est de l'absence d'opposition modérée actuellement en Syrie, en cela que maintenant nous ne sommes plus du tout dans le conflit idéologique, quelqu'est pu être sa proportion...C'est à dire que maintenant , il n'y a plus que des gens payés, en face de l'armée syrienne. Payés, par nous entre autre (qui ne nous cachons plus de les soutenir), et payés, parce que sinon , ils n'iraient pas se battre. Si on replace la situation de ses combattants dans le contexte actuel syrien, c'est logique. D'une part parce que pour se battre "pour une cause" , il faut en avoir une...et pour l'instant de cause, il n'y a plus. Pas plus que de « porteur de cause », de héros pour qui se battre. C'est bien triste à dire mais pour l'instant en face du président syrien, comme projet politique , il n'y a que le calife de cet État Islamique si envahissant. Il n'y a donc pas de héros de l'opposition, mais par contre, il y a la pauvreté et l'embargo. Si l'on rajoute à cela ce manque de pluie qui, dès le début, fit le souci des agriculteurs, on comprend fort bien comment les différentes factions sous traitées par Al Qaida fonctionnent : elles payent. Elles offrent un emploi. Moi, qui ne pense pas être un monstre, je pense que si j'habitais une ville d'un pays sous embargo et que je dusse alimenter mes enfants, je n’hésiterais pas longtemps. Sans compter que je saurais que les USA et la France  garantissent mon salaire....Voilà comment un simple citoyen syrien ne se bat pas dans le cadre d'un grand combat politique, plein d'espoir sur le Grand Soir ,mais actuellement , uniquement pour manger.

  2. Les russes ont très bien compris que le moral des syriens est au plus bas, il faut donc envoyer des messages forts. S'ils bombardent l'EI, en plein desert... qui enverra le message auprès de la population syrienne ? Personne car l'EI commencera par nier tout dommages et bien malin celui qui pourra aller vérifier. Donc les russes ont choisis d'intervenir dans les zones où les rebelles/miliciens payés gagnent du terrain. Comme ça la population ressent directement le résultat de son acte. Il faut savoir qu'actuellement, les rebelles n'ont pas d’hôpitaux qui marchent et que donc c'est en zone sous contrôle de l’armée que l'on trouve des soins, de même c'est en zone sous contrôle de l’armée qu'on peut faire ses courses, de même que c'est en zone sous contrôle de l’armée que l'on trouve de l'eau (l'exemple d'Alep est, à cet égard , flagrant). Donc que l'on soit « pro ou anti » régime (le point qui chipote tant les français ! ), c'est en zone sous contrôle de l’armée que l'on vit à peu près normalement. Que font les russes ? Ils pilonnent là où ça donne un coup de main aux zones sous contrôle de l’armée. Ce n'est pas une attitude « pro-Bachar », c'est surtout une attitude indiscutablement pro- armée, donc pro-amelioration rapide de la vie de la population 

  3. J'en profite pour faire un stop sur ce sujet de l’armée. J'avoue que je n'en peux plus d'entendre « l’armée de Bachar ». Ne serait que par respect pour tous mes beaux frères qui sont des bédouins sunnites qui s'en sont tous tapés minimum deux à trois ans et (Dieu sait ! ) n'étaient pas des militants du parti Baas, ne serait-ce que par respect aussi pour tous les morts de l'armée syrienne, on ne peut pas changer son nom ... ce terme « armée pro-Bachar » est une insulte au pays et à son armée officielle, qui n'a d'ailleurs toujours pas eu à faire de « rappel général de tous les hommes valides ». On parle d'appelés! .Je récuse donc absolument cette idée que les militaires syriens ne sont que des monstres manipulés, parce que c'est faux. Au contraire, l’Armée est très hétérogène en terme d'appartenances religieuses (elle l'est beaucoup moins en terme de niveau social!) et très soudée depuis que....même l'ONU n'a pas bougé quand Israël a purement et simplement annexé le Golan syrien (1982) au mépris de tous les engagement pris et que, depuis, la « diplomatie internationale » fait celle qui regarde ailleurs. C'est très ancré dans la tête des syriens cette histoire, c'est très actuel. Ils savent parfaitement qu'ils seront toujours seuls face aux débordements israéliens. Seuls mais avec leur armée. Alors oui, ils respectent leur armée. Ils en ont un peu la trouille mais c'est la seule entité qui représente à leurs yeux « nos jeunes gars qui se font tuer parce qu'on est abandonné du monde » et il est sûr que l’État a parfaitement planté cette info-là (à coup de spot télévisés et de drapeau dans les écoles) dans la tête de chaque syrien depuis....33ans. On constate d'ailleurs que malgré 4 ans et demi de troubles, l’armée n'est toujours pas dissolue alors que les occasions ont du être nombreuses...Ce n'est donc pas un sujet léger pour les syriens. Les rebelles n'ont pas de leader, mais l’armée, elle, a un chef. C'est à ce titre que le président est respecté. 

  4. Les relations entre al Qaida et l’état Islamique sont bien nébuleuses. Ce qui veut dire, comme nous l'avons vus avec nos otages français, qu'il y a beaucoup de tractations et d'echanges en cours même si les uns prétendent ne pas fréquenter les autres. On constate par exemple que nombre de zones prises par les rebelles sont subitement passées entre les mains de l'EI par un très rapide coup de baguette magique. Donc là encore, c'est plutôt là, dans ces zones « entre deux eaux » que les russes ont choisis d'intervenir. Car, s'il y a tant de noms de factions rebelles c'est qu'il y a surtout beaucoup de compte à rendre aux banquiers de chaque faction, mais il reste que la grande majorité des décideurs rebelles sur le terrain sont des salafistes, c'est à dire des frères musulmans.  Les frères musulmans sont ceux qui ont voués aux Gémonies la famille Assad depuis son installation au pouvoir . Souvenons nous de 1982 et du fameux massacre d'Hama, c'était bien déjà contre les frères musulmans que Hafez se battait. La méthode (le pilonnage pur et simple) n'a pas plût aux puissants démocrates que nous sommes, mais enfin il n'empêche que ça a fait taire les frères musulmans pour un temps et là encore, essayons de comprendre qu'un jeune homme actuellement dans l'armée à ….entre 18 et 25 ans et donc que pour lui, les frères musulmans sont ceux qui faisaient sauter les bus, scolaires de ses (vrais) grand frères ou le bus de son père, à Hama et ailleurs. C'est de l'histoire récente. Il s'agit une lutte permanente entre l'Etat syrien et les frères musulmans. Donc en gros, que l'on parle d'Al Nosra ou de l'EI c'est "bonnet blanc ou blanc bonnet", vu des syriens. On parle des salafiste et donc de l’opposition habituelle, historique, à l’État.

  5. Et dernier point....l'image américaine dans cette région du monde est particulièrement détériorée . Ce n'est pas le cas chez nous. Chez nous, on aurait plutôt un peu peur des russes.... Mais pour les syriens, l’Amérique c'est avant tout le vaste bordel irakien donc, c'est un truc à craindre. On ne parle pas de sauveurs, on parle d'une plaie ouverte. Voilà pourquoi mes contact yézidis m'ont dit hier : « En vérité Adeline, on est partagé sur ces bombardements. C'est sûr que les russes vont nous aider à nous débarrasser de tous ces terroristes, mais comme ils vont sûrement être efficaces, ça va foutre les américains de mauvaise humeur et ça...il suffit de voir en Irak. C'est pas bon ...les américains de mauvaise humeur . Ça va nous retomber dessus» Ceci est juste pour faire entendre que , de base, nous ne réfléchissons pas aux russes avec les yeux des syriens.... Et puis pour vous prévenir aussi que la contre attaque de propagande pro américaine et pro atlantiste risque d'être très, très forte...On va nous ressortir tous les cadavres de tous les placards et ça ne pourra être QUE la faute du Grand Méchant Loup, parce qu'en effet les américains de mauvaise humeur...ça dépote en France depuis 5ans...alors maintenant, avec les russes qui ripostent, je suis prête à tout entendre...

    photo:Muzaffar salman,March 4, 2012 ,Damascus, vs AP

    Voici mon Appel citoyen.

    J'écris sur la Syrie depuis 5 ans et mon premier papier est en cliquant là (après suivez les liens).

     Je refuse de soutenir le mensonge d'Etat qui raconte que cette guerre a commencée par une "revolution" et encourage maintenant nos politiques à agir de la façon la plus reparatrice possible des drames que nous avons générés.

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