Lettre ouverte aux adoptés du Centre Sfânta Ecaterina (Bucarest) : révéler la vérité derrière la façade humanitaire et le projet d'effacement.
En tant que personne née en Roumanie, issue d'une adoption marquée par la manipulation, la trahison et le trafic, j'ai été prise dans les filets de cette mafia qui m'a exploitée. Grâce au travail d'autres experts et à ma mère biologique que j'ai trouvée, j'ai découvert et entendu la vérité, une vérité douloureuse, mais que j'ai le devoir de partager avec mes mots. Je publie cette lettre ouverte aux adoptés pour révéler les suspicions autour du Centre Sfânta Ecaterina : philanthropie dévoyée, liens avec l'intelligence post-guerre (incluant des opérations en France via la fille de la princesse, Tanda), controverses éthiques du BEIP (Bucharest Early Intervention Project), rôles des ONG SERA (dont le fondateur principal est Mr François Polge de Combret – mon ami et conseiller financier – et Hope and Homes), et le risque d'effacement via le projet de régénération et le Muzeul Abandonului. Débattons !
Chers adoptés du Centre Sfânta Ecaterina, vous qui avez été arrachés à la Roumanie des années 1980 jusqu'au moratoire de 2004, souvent sous le couvert d'adoptions internationales "humanitaires", cet article s'adresse directement à vous. Vous êtes des milliers à avoir transité par ce qui était le plus grand centre d'enfants roumains à Bucarest, un point de chute pour des réseaux bien organisés qui rassemblaient mineurs abandonnés, volés ou manipulés, les plaçant sur un marché lucratif, avec des agences d'adoption y siégeant et promouvant ces processus comme des sauvetages, masquant corruption, traite humaine et exploitation de l'ère post-Ceaușescu.

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Leaganul Sfânta Ecaterina-Bucarest
Fondé à l'origine par la famille de la princesse Ecaterina Olympia Caradja-Cantacuzino (1893-1993), souvent glorifiée comme une philanthrope, ce centre a évolué en un symbole des horreurs institutionnelles, où la négligence extrême et des études comme le Bucharest EarlyIntervention Project (BEIP) (1) ont exposé les impacts dévastateurs sur le développement des enfants, tout en soulevant des questions éthiques sur l'utilisation de mineurs comme sujets de recherche ; leur objectif, avec des méthodes très critiquées et non éthiques – comme la randomisation d'enfants dans des environnements nuisibles sans arrêt précoce malgré des preuves de bénéfices du foster care, était de promouvoir la désinstitutionnalisation et l'adoption internationale, influençant des politiques en Roumanie et ailleurs pour favoriser le placement familial au détriment d'une éthique rigoureuse.
La face cachée : soupçons d'intelligence, trafic et expérimentations
Derrière cette image idéalisée se cache une réalité plus sombre : des documents déclassifiés américains évoquent des suspicions sur les activités post-guerre de la famille Caradja, notamment sa fille Alexandra "Tanda", impliquée dans des missions humanitaires potentiellement liées à des opérations d'intelligence.
https://www.archives.gov/files/declassification/iscap/pdf/2010-081-umissdoc8.pdf

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Extrait document déclassifié par le Interagency Security Classification Appeals Panel (ISCAP)-archives nationales des Etats-Unis
Mais c'est surtout dans les années 1990 que Sfânta Ecaterina est devenu un hub pour le trafic d'enfants, avec des allégations contre la Fundația SERA (Solidaritate cu Copiii România Abandonați), une ONG accusée de trafic d'enfants et d'expérimentations sur des enfants roumains directement au Centre Sfânta Ecaterina, comme exposé par des officiels européenset un documentaire de la télévision publique allemande WDR intitulé "Găsește un copil, plătesc cash. Lobby-ul adopțiilor" (Cherche enfant paye cash, paie cash, le lobby d'adoption) (2).
Malgré ces graves accusations, SERA continue de faire pression pour rouvrir les adoptions internationales et a été déclarée ONG d'utilité publique par le gouvernement roumain en 2020 sous Ludovic Orban, ce qui soulève des interrogations sur une possible complicité des autorités.
SERA est également liée aux expérimentations BEIP, selon des critiques, bien que le gouvernement roumain l'ait déclarée ONG d'utilité publique en 2020, soulignant une possible complicité et le BEIP lui-même est considéré par certains comme faisant partie des acteurs controversés, voire criminels comme SERA, car son objectif sous-jacent était de promouvoir l'adoption internationale et la désinstitutionnalisation, en utilisant des méthodes éthiquement contestées pour générer des données influençant les lobbies et politiques en faveur de placements à l'étranger.
Des organisations comme Hope and Homes for Children, faisant partie du puissant lobby de désinstitutionnalisation, ont poussé à la fermeture d'orphelinats au nom de la protection infantile, mais cela a souvent coïncidé avec une augmentation des adoptions controversées, critiquées comme un "business" masquant des trafics.
La Perpétuité des mensonges : Le musée de l'abandon
La chaîne de mensonges sur les horreurs des orphelinats roumains se perpétue depuis des décennies, transformant la souffrance en un business lucratif pour les acteurs impliqués dans la désinstitutionalisation et les adoptions internationales, comme en témoigne le Muzeul Abandonului (Musée de l'Abandon), lancé en 2021 comme un "musée-forum digital et participatif" prétendant cartographier la culture de l'abandon et offrir un espace de dialogue pour les survivants du système communiste et post-communiste. Bien que présenté comme un
outil de vérité et de guérison – avec des appels à des dons de témoignages et une adhésion récente à la « Coaliție Internațională Sites of Conscience » en 2024 –, ce musée est lié à des collaborations avec des ONG comme Hope and Homes for Children Romania, un acteur clé du lobby de désinstitutionalisation critiqué pour favoriser des fermetures d'institutions qui masquent des dynamiques lucratives, perpétuant ainsi un narratif humanitaire qui occulte les trafics et exploitations sous-jacents depuis les années 1990. Cette "campagne réelle" de mémoire sélective risque de blanchir l'histoire, en ignorant les accusations de corruption et de traite, tout en générant des fonds et une visibilité qui profitent aux mêmes réseaux, démontrant comment les horreurs passées deviennent un commerce durable pour ces "trafiquants" déguisés en sauveurs.
Bien qu'il ne soit pas explicitement indiqué que le Muzeul Abandonului sera installé sur le site du projet de régénération, cela interroge fortement en raison de leur réseau interconnecté et de leurs collaborations passées avec Hope and Homes for Children, suggérant une possible intégration qui pourrait servir à légitimer davantage ces narratifs controversés.
Un Message personnel aux adoptés : votre droit à la vérité
Chers adoptés, vous méritez de connaître toute la vérité sur vos origines et les circonstances de votre départ de Roumanie. Ces révélations ne visent pas à raviver des douleurs inutiles, mais à vous armer pour réclamer des réponses, des réparations et une reconnaissance officielle des
abus subis, afin que votre histoire ne soit pas effacée et que justice soit faite pour tous ceux qui ont souffert dans l'ombre de ces institutions.
Le Projet de Régénération : un effacement du Passé ?
Aujourd'hui, le projet de régénération urbaine annoncé en 2023 pour transformer l'ancien site en campus avec musée, parc et centres thérapeutiques, géré par la DGASPC (DirecțiaGenerală de Asistență Socială și Protecția Copilului), interroge : est-ce une reconnaissance historique ou une tentative d'effacer le passé, les souffrances et les trafics qui ont marqué votre histoire ? Il est temps d'exiger des enquêtes pour préserver la mémoire et obtenir justice (3).
Marion LE ROY

1 L'expérimentation BEIP (Bucharest Early Intervention Project), lancée en 2000 par des chercheurs comme l'américain Charles Nelson, est une étude randomisée sur les effets de la privation psychosociale dans ces institutions : elle a comparé des enfants restés en orphelinat(comme ceux du Leagănul Sfânta Ecaterina, rebaptisé sous le communisme) à ceux placés en familles d'accueil, révélant des impacts durables sur le développement cérébral, mais soulevant des critiques éthiques pour avoir maintenu un groupe contrôle en institution, potentiellement prolongeant leur souffrance au nom de la science.