En mars 2023, la réforme des retraites passe en force grâce au 49.3. En avril, le ministère annonce la fusion des métiers d’assistant.e d’éducation et d’accompagnant.e d’élèves en situation de handicap en assistant.e à la réussite éducative (ARE). En juillet, le ministère présente l’exercice du levier indemnitaire en guise de revalorisation salariale pour les accompagnant.e.s d'élèves en situation de handicap. De fait, il contourne ainsi l’augmentation réelle des salaires.
ARE : Toujours NON
À l’issue de la conférence nationale sur le handicap du 26 avril 2023, le président de la République a présenté une réforme du cadre d’emploi des accompagnants qu’il qualifie « d’avancée professionnelle ». Sous prétexte de consolider ce cadre, il propose l’agglomération des métiers d’accompagnant.e et d’assistant.e d’éducation en « accompagnant.e à la réussite éducative » (ARE) afin de nous faire accéder aux 35h, en prenant en charge les élèves sur les temps périscolaires ; la disparition du H dans ce nouvel acronyme sous-entendant la prise en charge de tous les élèves !
NON, à la régression professionnelle !
ARE, c’est la régression qui nous ramène 17 ans en arrière, quand les directions nous réquisitionnaient pour des tâches qui ne relevaient pas de l’accompagnement.
ARE, c’est la négation de toutes ces années de lutte pour obtenir la reconnaissance d’un métier que nous avons construit nous-mêmes.
NON à l’aliénation professionnelle !
ARE, ce sont des emplois du temps insoutenables : se tenir à la porte de l’établissement à 8h00, aller en cours, surveiller la cour de récréation, retourner en cours, assurer la surveillance à la pause méridienne, reprendre les cours, retourner surveiller la récréation de l’après-midi et retourner en cours, finir au portail à 18h. Sans compter « devoirs faits » !
ARE, c’est la schizophrénie au bout du chemin !
NON à l’ultra polyvalence !
ARE, c’est la poursuite de l’émiettement de l’accompagnement instauré par le PIAL
ARE, c’est l’officialisation de la prise en charge de tous les élèves à besoins particuliers !
ARE, c’est l’augmentation des risques psycho-sociaux et des accidents du travail.
ARE, c’est l’aggravation des conditions de travail.
Le PIAL avait créé le travail empêché, l’ARE créera le travail désagrégé !
Nous devons continuer à rejeter ce projet d’ARE et à réclamer une vraie revalorisation salariale et .
Primes ponctuelles, salaire toujours bas : petite pension !
Nos demandes de revalorisations salariales ne sont pas des doléances fantaisistes mais bien des revendications légitimes pour vivre dignement de notre travail.
Dans une société salariale comme la nôtre, le salaire devrait être la seule ressource qui donne la possibilité aux salarié.e.s de vivre décemment. Or, l’Éducation nationale s’ingénie avec succès à nous maintenir dans la précarité. En effet, sa politique de revalorisation salariale ne porte pas sur l’augmentation des salaires mais sur la distribution de primes qui peuvent disparaître en fonction de l’humeur de l’exécutif et qui bien évidemment ne
sont pas comptabilisées dans le calcul de nos futures pensions de retraite. En outre, s’agissant de nos salaires, il serait plus juste de parler de valorisation, avant d’évoquer leur revalorisation !
Le passage obligé par l'aide sociale doit cesser
Avec des temps partiels imposés et le salaire de misère qui va avec, nous vivons l'inflation est vécue avec d'autant plus d'acuité. Les budgets fragiles dont nous disposons ne souffrent aucun imprévu. Frais d’obsèques, de justice en cas de séparation ou de divorce, un trop perçu de la CAF qui se rembourse sans prévenir, un trop perçu du rectorat qui fait de même après ou pendant un arrêt maladie, un non-versement de salaire peuvent être des éléments déclencheurs qui produisent des impayés (cantine, électricité, ...) ou/et difficultés à se soigner. Tous ces difficultés additionnées nous contraignent à solliciter des aides sociales.
Cumulées à la pression du travail imposée par les PIAL, ces conditions financières ne sont pas sans conséquence sur notre santé. Dépressions, démissions ou licenciement pour inaptitude physique s'enchaînent depuis 2019 et cette période inflationniste n'arrange rien.
Nous devons continuer à nous insurger contre nos conditions de vie et de travail imposées par l’État. Nous ne devons pas nous résoudre à ce que, même avec un temps complet, et de surcroit avec un temps partiel, nous ne puissions vivre décemment de nos salaires. La contrainte d'avoir à recourir à l’aide sociale doit cesser. Nous devons exiger une augmentation de salaire concrète pour sortir enfin de ce mal-vivre, de cette précarité.
Les primes : le leurre de la revalorisation salariale
Face à sa défaillance volontaire en matière de rémunération, l’administration propose, dans sa grande mansuétude, des primes. Cette politique du levier indemnitaire est une stratégie à court de termes. En effet, si ces primes améliorent le quotidien immédiat, elles n’auront aucune répercussion sur le calcul de la pension, lequel se fait sur la base de 50% du salaire annuel brut moyen. Au regard de notre grille indiciaire de rémunération, cette pension sera plus qu’insuffisante. Le passage en force de la réforme des retraites nous obligent d’autant plus à poursuivre la lutte pour une amélioration de nos conditions de vie d’aujourd’hui et de demain.
Pour rappel, les annonces ministérielles :
- Une prime exceptionnelle de pouvoir d’achat pouvant aller jusqu’à 800€ bruts devrait être versée avant la fin de l’année 2023 ;
- Une indemnité de fonction de fonction sera versée à toutes et tous, CDD ou CDI. Son montant sera de 1529€ pour un temps plein, soit 102,41€ nets par mois. Il sera de 63.49€ nets pour un.e agent.e qui assure 24h d’accompagnement hebdomadaire.
- La revalorisation de l'indemnité des accompagnant.e.s référent.e.s sera portée à 660 € bruts par an à compter du 01/09/2023.
La perception de ces indemnités ne doit pas occulter les combats à mener, à savoir la création d’un corps de catégorie B avec une grille indiciaire afférente. Une fois de plus, l’exécutif propose la pérennisation de la misère comme perspective de carrière. Le levier indemnitaire en guise de revalorisation salariale ne répond pas à nos attentes puisqu’il ne nous assurera pas une retraite digne.
Cette nouvelle année scolaire s’annonce donc combattive pour une vraie hausse des salaires et une virulente opposition à cette transformation du métier d’accompagnant.e d’élèves en situation de handicap.
Le passage en force de la réforme des retraites illustre un grand moment anti-démocratique qui ne doit pas nous mener à la résignation. Des élections auront lieu en 2027… En attendant, le renoncement ne doit pas être notre boussole. Nous devons nous mobiliser pour notre métier.