Le 16 Azar 1332 (7 décembre 1953) est commémoré en Iran comme la Journée des Étudiants, un symbole de la lutte pour la liberté et la justice dans les universités iraniennes. Cette date remonte à l'année 1953, quelques mois après le coup d'État orchestré par les États-Unis et le Royaume-Uni qui a renversé le Premier ministre Mohammad Mossadegh, figure emblématique de la démocratie iranienne. Ce coup d'État a permis le retour du Shah au pouvoir, marquant le début d'une période de répression intense.
En ce jour de décembre, des forces armées ont envahi l'Université de Téhéran pour réprimer les protestations étudiantes contre la visite imminente du vice-président américain Richard Nixon. Au cours de cette intervention brutale, trois étudiants ont été tués :
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Depuis, cette journée est devenue un symbole de la résistance des étudiants iraniens contre la tyrannie, qu'elle provienne de la monarchie ou de la théocratie actuelle. La Journée des Étudiants est célébrée chaque année pour honorer leur mémoire et rappeler l'importance de la lutte pour la liberté et la justice dans le pays.
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Saïd Massouri est l’un des plus anciens prisonniers politiques iraniens. Accusé d’être membre de l’OMPI, il a été condamné à la perpétuité et est incarcéré depuis 23 ans. À l’occasion de la Journée des Étudiants, il a adressé une lettre ouverte aux étudiants d’Iran, les appelant à rejoindre la campagne contre les exécutions dans le pays.
"Appel aux étudiants pour sauver des vies sous la menace de la peine de mort"
Il fut un temps où les cours d'anatomie commençaient par l'histoire et les dessins de Léonard de Vinci, avec ses perspectives illustrant l'anatomie du corps humain. Nous lisions également comment les étudiants de l'Université de Padoue, malgré les enseignants qui leur lisaient les traités de Galien, acceptaient ce qu'ils voyaient sur la "table de dissection" – comme il était clair sur cette même table que le nombre de côtes dans le thorax était égal chez l'homme et la femme, et que la femme n'était pas faite d'une côte de l'homme...!! Et Vésale (l’anatomiste André Vésale) le démontra à tous.
Jusqu'à William Harvey, qui calcula le fonctionnement du cœur et le volume du sang circulant dans le corps, et Galvani, qui prouva avec ses grenouilles le fonctionnement de l'électricité dans le corps, et alors que le microscope fut inventé, le monde se révéla dans un détail sans précédent, l'unité de vie fut nommée cellule, et avec sa coloration, la division cellulaire et les chromatines furent révélées, puis les chromosomes, et avec la découverte des rayons X par les physiciens, la possibilité de photographier et de comprendre la structure de l'ADN fut rendue possible. Tout cela, et bien d'autres efforts, visaient à sauver des vies humaines.
Mais d'un autre côté, le projet Manhattan visait à fabriquer la bombe atomique, qui avec juste un "Little Boy" a directement tué des centaines de milliers de personnes et indirectement a ensanglanté une nation (peut-être même l'humanité). Mais il y avait des étudiants, des chercheurs et des scientifiques qui n'avaient pas fermé les yeux ; des manifestations étudiantes en Amérique, en France, et ailleurs contre la guerre du Vietnam et les inégalités, jusqu'à ceux qui quittèrent des projets comme le projet Manhattan, comme Maurice Wilkins qui quitta le projet nucléaire pour se consacrer à l'application de la physique à la biologie, utilisant la diffraction moléculaire pour révéler la structure de l'ADN, posant ainsi les bases d'une nouvelle ère dans la science médicale et le sauvetage de vies.
Il n'est peut-être pas exagéré de dire qu'aujourd'hui, dans notre patrie, l'Iran, des groupes d'êtres humains sont directement tués et privés de vie, et bien d'autres encore indirectement deviennent victimes de ce massacre et de cette privation de vie, non par une bombe nucléaire, mais par des cordes de pendaison et des exécutions.
La bombe atomique a d'abord été construite au nom de la garantie de la paix et de la dissuasion (exactement comme la peine de mort et le talion sont censés servir d'avertissement et de dissuasion contre le crime), mais elle-même est devenue une source de crime... car lorsque la bombe est fabriquée, le terrain est déjà prêt pour les massacres d'Hiroshima et Nagasaki et les autres catastrophes qui s'ensuivent, et quand l'exécution et la pendaison sont légalisées et deviennent loi, le massacre et les exécutions de masse deviennent inévitables. Surtout par un pouvoir dont la nature médiévale et criminelle est bien plus dangereuse que la bombe atomique (il suffit de comparer les statistiques des morts de la bombe atomique à Hiroshima avec celles des exécutions de ce régime).
La campagne et le mouvement pour contrer et désactiver cette "bombe activée de l'exécution" sont bien plus importants et urgents que l'opposition à la bombe nucléaire à l'époque. Parce que cette "légalité de la peine de mort" prépare le terrain pour des exécutions arbitraires et en masse, particulièrement en réaction aux défaites (du régime iranien-Ndt) à Gaza, au Liban et récemment en Syrie, les vagues d'exécutions agissent comme des bombes sauvages explosant sous les yeux du peuple pour intimider les gens épuisés et garantir sa propre survie.
C'est là que l'on attend des étudiants, des professeurs et des enseignants, en tant que segments les plus conscients de la société, qu'ils soient à l'avant-garde pour soutenir l'abolition de la peine de mort et la campagne "Non à la peine de mort", comme l'une des tâches humaines les plus urgentes dans leur patrie, avec tout ce qu'ils peuvent : Par la parole ou l'écriture, ou par l'action et l'engagement.
Saeid Masouri, Prisonnier Politique Prison de Ghezelhessar, 6 décembre 2024