Après de longues tergiversations, Le président du régime iranien, Massoud Pezeshkian a soumis dimanche pour approbation au Parlement les membres de son gouvernement. Le chef du Majlis, Mohammad Bagher Ghalibaf, a annoncé les noms des 19 membres du cabinet et a précisé que le Parlement doit examiner la liste des candidats à partir de lundi et les soumettre au vote à partir de samedi. le parlement devrait se prononcer sur chacun des ministre présentés. Dès les fuites sur les noms des ministres, des médias des courants dites réformateurs ont commencé à exprimé leur déception d'avoir participé à l'élection de Pezeshkian.
Mme Maryam Radjavi, présidente élue du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), a déclaré : Massoud Pezeshkian, le nouveau président du régime, s’est retrouvé à mi-chemin entre Rohani et Raïssi.
En effet plusieurs ministres présentés par Pezeshkian sont des ministres ou des hauts responsables du gouvernement d'Ebrahim Raïssi, notamment :
- Esmail Khatib, ministre du Renseignement, qui occupait le même poste dans le gouvernement de Raïssi
- Abbas Aliabadi, ministre de l'Énergie, qui occupait le poste de ministre de l'industrie des Mines et du Commerce dans le gouvernement de Raïssi
- Alireza Kazemi, ministre de l'Éducation, qui était ministre par intérim du même ministère dans le gouvernement de Raïssi
- Amin Hossein Rahimi, ministre de la Justice, qui était à la tête de la Cour suprême des comptes dans le gouvernement de Raïssi
- Farzaneh Sadegh, ministre des Routes et du Développement urbain, qui était vice-ministre du même ministère dans le gouvernement de Raïssi
Plusieurs ministres présentés par Pezeshkian étaient des vice-ministres de Hassan Rohani ou des hauts fonctionnaires de son gouvernement, notamment :
- Abdolnaser Hemmati, ministre de l'Économie, qui était gouverneur de la Banque centrale dans le gouvernement de Rohani à partir de 2018
- Abbas Araghchi, ministre des Affaires étrangères, qui a été adjoint aux Affaires juridiques et internationales lors du premier mandat de Rohani et adjoint politique lors de son deuxième mandat, et a toujours été un fervent disciple de Khamenei.
- Mohsen Paknejad, ministre du Pétrole, qui était vice-ministre du Pétrole dans le gouvernement de Rohani à partir de 2018
- Ahmad Meydari, ministre du Travail, vice-ministre du Travail et de la Protection sociale depuis 2013 dans le gouvernement de Rohani
- Mohammad Reza Salehi, ministre du Patrimoine culturel, du Tourisme et de l'Artisanat, qui a été ministre de la Culture et de l'Orientation islamique de Rohani en 2016 et 2017
- Abbas Salehi, ministre de la Culture et de l'Orientation islamique, qui a été vice-ministre de la Culture lors du premier mandat de Rohani et ministre de la Culture lors de son deuxième mandat.
- Hossein Simaei Sarraf, ministre de la Science, secrétaire du cabinet de Rohani depuis 2019
Les ministres de l'Intérieur et de la Défense, ainsi que le chef de l'Organisation de l'énergie atomique, sont comme toujours sous le commandement de Khamenei :
- Eskandar Momeni, ministre de l'Intérieur, est un général de brigade des Gardiens de la révolution qui a été commandant des forces répressives de sécurité de l'État (SSF) et conseiller du président dans les gouvernements de Rouhani et de Raïssi.
- Aziz Nassirzadeh, ministre de la Défense, est un général de brigade de la milice Bassidj qui était chef d'état-major adjoint des forces armées pendant le mandat de Raïssi et commandant de l'armée de l'air sous le commandement de Khamenei pendant le mandat de Rouhani.
- Le général de brigade des Gardiens de la révolution Mohammad Eslami, qui a été présenté hier par Pezeshkian comme vice-président et chef de l'Organisation de l'énergie atomique, a également occupé la présidence de l'Organisation de l'énergie atomique du régime à l'époque de Raïssi. En 1987, il a été le premier directeur du Centre de recherche des Gardiens de la révolution, qui a lancé le projet de missile et nucléaire du régime, et a rencontré Abdul Qadeer Khan, le père de la bombe nucléaire pakistanaise.
Les conflits entre factions hostiles au sein du régime s’intensifie
Pezeshkian a annoncé le 19 juillet : « Je suis venu parce que je voyais le régime en danger... Malheureusement, pendant cette période, il y a eu de nombreux boycotts pour empêcher les gens de participer aux élections. Au deuxième tour des élections législatives, seulement 8 pour cent ont participé, et ce niveau de participation était très dangereux. Si la participation du peuple à l'élection présidentielle s'était poursuivie de cette manière, des conditions défavorables auraient prévalu et l'ensemble du système aurait été remis en question" (Site Internet Jamaran).
Le nouveau président de Khamenei a souligné le 23 juillet : « Nous devons être capables de former un cabinet... qui avance ensemble vers les politiques définies par le Guide suprême » (Chaînes TV officielles).
Pezeshkian a déclaré lors de la cérémonie d'investiture par Khamenei : "Ma mission et ma responsabilité, ainsi que celles du futur gouvernement, sont l'engagement envers la vision définie par le Guide suprême et les politiques générales qu'il a communiquées" (Télévision Régime, 28 juillet 2024).
Selon le site Internet d'Ali Khamenei du 26 juillet, Pezeshkian a précisé concernant la sélection des membres de son cabinet, il ira finalement voir Khamenei et « avec coordination et consultation avec lui, nous parviendrons à une conclusion finale pour présenter ces [ministres]... Nous avons les politiques générales du Guide suprême, même dans ces débats électoraux, je disais que ces politiques sont le phare qui éclaire notre chemin et définissent notre objectif.
Mme Maryam Radjavi, présidente élue du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), a déclaré : le cabinet de Massoud Pezeshkian, représente un mélange d’éléments criminels et corrompus issus des administrations de Raïssi et de Rohani. Dès le début, il a affirmé que son entrée en jeu découlait de son angoisse vis-à-vis d’un régime en danger. Or ce danger s’intensifie avec les conflits internes croissants entre les factions adverses du régime.
Mme Radjavi a ajouté : Pezeshkian lui-même a reconnu que son objectif principal était de mettre en œuvre la politique de Khamenei. Néanmoins, contrairement à la dictature religieuse, la feuille de route du peuple iranien reste le démantèlement du régime de Khamenei et de l’ensemble du régime du guide suprême, dans le but ultime d’établir une république démocratique.