Il est 18 heures, Julien décroche, il à l'air fatigué. Son retour à l'hôpital, bah... "C'est la merde ! Arrivé hier, j'étais au bloc où j'étais censé m'occuper des urgences classiques, les bras cassés, les appendicites, une nana qui s'est cassé la jambe, une autre le bras et qui s'est fait rapparier pour ce faire opérer ici... Enfin tout ça, ça nous a occupé jusqu'à 2 heures du mat. Mais on était aussi censés transformer la salle de réveil pour accueillir les patients Covid. On a que deux respirateurs, il en faudrait dix. On a pas d'info, y'a juste un cadre qui est descendu." Et les masques, ils ont annoncés hier qu'il y avait des masques, tu en as toi ?
"Masques, surblouses, lunettes, on doit s'équiper pour tous les patients, on a que six masques ! On doit le changer au bout de deux heures, donc non, clairement on est toujours pas équipés. Peut-être qu'ils ont jugés qu'on était pas encore en première ligne, on a pas beaucoup de cas pour le moment. Ils ont peut-être livré en premier les plus urgents..."
"On a trois cas en réa, la "vraie réa" a 12 places, on a plein de lits occupés, mais on devait en réserver 4 pour les cas graves de covid 19 et il reste juste un lit Covid-19, et on devait en préparer 18 autres. Pour le moment, c'est un peu surréaliste comme ambiance, t'as l'impression que personne pilote le truc. Mon chef était pas là, mon cadre s'est barré, je suis pas sûr qu'on le reverra... c'est dingue. On a des échos des collègues de Colmar et Mulhouse, ils sont surchargés déjà, 90 % de leurs urgences sont du Covid. Sans compter les médecins qui sont malades, ça commence. La réa est très lourde, c'est très long. Et à côté de ça, il y a encore des luttes de chefs de services, réa, anesthésistes!"
Et à côté de ça, quand il rentre, Julien croise "des tas de gens dans la rue, comme si de rien n'était, ça me bouffe ! Sans compter que pour la bouffe, justement, j'ai pas envie de faire les courses en rentrant, et ils vont surement fermer le self de l’hôpital. Hier, j'ai pu y aller pendant 15 minutes de pause, c'est pas sûr que ça continue comme ça." Ah, t'as pas les taxis, les hôtels ? Il se marre "faudrait déjà qu'ils gèrent le repas, j'espère qu'ils vont faire quelque chose, mais franchement, c'est pas gagné quand tu vois comment ça s'organise... alors les taxis, les hôtels, c'est pas pour nous."