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Billet de blog 19 janvier 2016

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Les oubliés du 18 Novembre

Aux oubliés du 18 Novembre, victimes de terrorisme, et pour qui l'état Français n'a rien fait.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Vous n’êtes pas des victimes comme les autres. Vous êtes celles qui ne procurent aucune compassion, aucune écoute et aucune envie de se battre. Tout le monde est juste indifférent à votre histoire car on ne vous voit pas comme des victimes, seulement des parasites de plus qui hantent ces nombreuses banlieues françaises.

Vous êtes simplement des oubliés de la République, des attentats du 13 Novembre, votre seul tort étant de vivre du mauvais côté du périphérique parisien, d’habiter dans un squat où des illuminés se sont retrouvés afin de planifier des attentats, de vivre dans une ville où le maire laisse des personnes abjectes jouer avec la vie des gens en leur proposant des logements insalubres et tenir en toute impunité ce commerce odieux.

Quelques voix se sont élevées pour dénoncer cette injustice, pour souligner l’importance de vous élever au rang de victimes du terrorisme mais n’ont rencontrées malheureusement aucun écho. Vos histoires et souffrances n’intéressent pas, il semblerait même pour certains que vous soyez responsables de cette situation dantesque.

Or, après le 18 Novembre, j’ai pensé que votre situation allait finalement alerter l’opinion et les pouvoirs publics sur la situation des banlieues franciliennes et qu’enfin un débat serait ouvert sur l’avenir de ces dernières. Je me suis dit aussi que l’état allait enfin intervenir et jouer son rôle dans les banlieues, que des budgets seraient votés pour mettre en place des solutions concrètes, ouvrir des maisons de quartier, rénover les écoles,  revoir l’urbanisme et améliorer le transport.

Il n’y rien eu de tout cela, et la gestion de votre relogement suite à la destruction de votre immeuble souligne naturellement cet abandon auquel vous devez faire face. Une fois de plus, les banlieues sont mises de côtés, sont pointées du doigt comme repaire de terroristes, de voyous et de fanatiques religieux.

Vous avez simplement eu comme réponse un débat sur l’identité nationale, sur la sécurité, sur de la répression et chaque jour un rappel sur la nécessité d’adhérer aux valeurs françaises qui sont l’égalité, la liberté et la fraternité. Une fracture de plus entre vous et la république, entre vos enfants qui vont grandir en cultivant le sentiment d’avoir été rejetés par leurs dirigeants et patrie, d’avoir vu leurs parents dans la rue pour demander un logement digne et de devoir se reconstruire seuls face à l’horreur vécu.

 Ce matin-là, le 18 Novembre, pourtant vous avez perdu une partie de votre vie et vos enfants ont définitivement dit au revoir à leur innocence. Pendant plusieurs heures, vous avez vécu au son des tirs, des menaces, des cris, de plafonds qui s’écroulent, tout en essayant de rassurer vos enfants terrorisés par ces scènes de guerres. Ces longues heures passées dans l’inquiétude, à suivre au plus près un évènement traumatisant pour tous, ne vous donneront pas le droit d’obtenir ce statut de victime d’attentat.

Ne soyez pas Charlie, ne soyez pas génération Bataclan, mais continuez de faire entendre vos droits, dans une résistance digne,  pour ne plus être ces oubliés du 18 Novembre, mais les précurseurs d’un nouvel élan positif des banlieues françaises. Ensemble, vous pouvez devenir plus forts, faire valoir vos droits, montrer que ceux qui ont peur, qui vous craignent ont tort de vous rejeter, de ne pas vous avoir accordé l’attention méritée, et que l’unité d’un peuple prévaut à son déchirement.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.