J’ai dans mon précédent billet souligné les problèmes qu’entraînerait le confinement d’une population qui gagne son pain en travaillant au jour le jour, sans bas de laine, et qui ne peut donc ni acheter de stock de nourriture ni le conserver. Le gouvernement fait tout pour réduire les risques de propagation avec les moyens dont il dispose et la population accepte généralement les mesures instaurées. À ce jour, son action semble efficace et nous ne comptons (pour l’instant) qu’un seul mort, un cas « importé » en la personne de Pape Diouf. Tout miser sur la responsabilité et le bon comportement de la population est donc l’unique choix. L’économie informelle et le pays pourront ainsi peut-être survivre, si la crise ne dure pas trop longtemps.
Mais quid des bénéficiaires de l’aide de la diaspora ? Des parent, souvent âgés, qui dépendent entièrement des transferts d’argent effectués chaque mois par leurs enfants, ces « migrants qui viennent profiter de l’AME ». Comme chacun sait, l’argent de la diaspora représente trois fois le montant de l’aide au développement dans de nombreux pays. Il est également connu et toléré que de nombreux migrants travaillent sans papiers, sans contrat, sans couverture sociale, pour des salaires scandaleux (parfois 1 euro de l’heure). Cet esclavagisme convient à de nombreuses petites et grandes entreprises qui font ainsi l´économie des charges sociales et, tout en se remplissant les poches, tirent le niveau de vie des citoyens vers le bas par le biais de cette concurrence déloyale. Avec l’arrivée de ce connard de virus, toute cette « diaspora informelle » se retrouve non seulement confinée mais aussi privée de travail et donc de toute ressource financière (les aides promises par l’état ne les concernent évidemment pas).
Cet effet boule de neige se fait déjà ressentir en ce début de mois d’avril. Il n’y a plus la queue devant les agences Western Union, MoneyGram et autres Ria. Et lorsque le dernier mouton aura été mangé, cela risque d’avoir des conséquences graves sur la sécurité. C’est peut-être ce que le gouvernement a voulu anticiper en instaurant avec un peu d’avance ce couvre-feu si décrié.
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