Pour cet ancien de la DGSE, Vincent Crouzet, autoproclamé spécialiste de l’Afrique :
« L’une des raisons principales des coups d’Etat en Afrique, c’est la foire aux vanités et à la prévarication au sein des élites militaires, et le fait que nous ne sommes plus introduits dans les gardes présidentielles. Avant, la France disposait toujours de relais au cœur du palais, qui pouvaient fournir des informations et prévenir. Aujourd’hui, nous n’en avons plus, parce que nous avons peur d’être montrés du doigt. Mais cela va peut-être nous coûter cher. »
En d’autres termes, cela ne risquait pas d’arriver au temps de Bob Denard et du Capitaine Barril. Nous ne savons plus diriger nos marionnettes nègres, qui font n’importe quoi et se battent entre elles, c’est grave. Ce témoignage a au moins le mérite d’être franc. Le peuple n'aurait donc strictement aucun rôle à jouer dans ces affaires, qui ne sont au fond que des révolutions de palais.
Analyse du journal burkinabè Le Pays :
« Autant dire que c’est l’inconséquence de cette politique du deux poids deux mesures de l’Hexagone [l’article dénonce plus haut la tolérance vis-à-vis de Déby au Tchad et l’intransigeance vis-à-vis d’autres juntes], qui révolte aujourd’hui la jeunesse africaine en manque de perspectives et à la conscience de plus en plus éveillée. En d’autres termes, c’est cette politique d’hypocrisie de l’Occident qui l’a vu souvent s’accoquiner avec des présidents mal élus, des dictateurs de la pire espèce que des grandes puissances occidentales ont parfois travaillé à maintenir au forceps au pouvoir pour servir beaucoup plus, leurs intérêts et ceux de ces satrapes que ceux de leurs propres peuples, qui est aujourd’hui décriée par une jeunesse africaine de plus en plus consciente de son rôle et de sa force. C’est dire si, sans faire l’apologie des coups d’Etat, l’Europe récolte aujourd’hui les fruits de la politique qu’elle a semée en Afrique. C’est pourquoi le Vieux continent gagnerait à changer fondamentalement de paradigme, dans ses rapports avec l’Afrique. Et pour cela, l’UE a besoin de crever l’abcès des comportements condescendants et paternalistes de mauvais aloi envers l’Afrique, en son propre sein. Et ce n’est certainement pas en mobilisant une quelconque force européenne, soit dit en passant pour lutter contre l’expansion du terrorisme dans certains pays du littoral ouest-africain dans le secret espoir de contrer l’influence russe en Afrique, qui changera quelque chose à la donne. Au contraire, le continent noir semble aujourd’hui engagé dans un processus irréversible en vue de trouver sa propre voie. Aussi est-il temps que cesse cette forme d’infantilisation de l’Afrique qui, tout comme l’Occident avant elle, a besoin de temps pour construire, pas à pas, son mode de gouvernance. Un mode de gouvernance débarrassé de toutes les scories actuelles, en dehors de la camisole de force qu’on veut lui faire porter ici et maintenant. Et les turbulences actuelles, semblent participer de ce processus. En tout état de cause, qu’il soit civil ou militaire, l’histoire a souvent prouvé qu’aucun dirigeant, aussi puissant soit-il, n’est jamais plus fort qu’un peuple déterminé. Aux peuples africains d’écrire désormais leurs histoires respectives. »
Je trouve pour ma part cette analyse plutôt pertinente.
Amitiés fraternelles