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Billet de blog 11 septembre 2023

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Migrants (3) : Ils arriveront quand même

Les opérations de communication de Macron et de ses « vassaux » en Afrique (dont Macky Sall, au Sénégal, est un des plus obéissants, pour ne pas dire lèche-cul) auront beau se multiplier, rien ne pourra empêcher la jeunesse africaine de fuir la misère pour aller gagner ailleurs le pain que nous lui volons. Arrêtons de lui enfoncer la tête sous l’eau et tendons-lui la main.

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Ce matin, le site d’information Senenews.com relate l’arrivée ce dimanche de 783 migrants aux îles Canaries. Cette porte de l’Europe, proche des côtes africaines, avait enregistré vers la fin des années 2000 un record de passages (36 000 en 2008) avant le perfectionnement du dispositif Frontex (radars sur les îles et patrouilles en mer et dans les airs), qui limita sérieusement les arrivées et se traduisit par une concentration des mouvements sur d’autres routes (le désert et les côtes méditerranéennes). Les difficultés s’accumulant sur cet axe en raison de l’attitude des pays du Maghreb à l’égard des populations subsahariennes et des pays européens à l’égard des sauveteurs en méditerranée, la route des Canaries reprend du service, malgré les risques de naufrage, beaucoup plus importants sur ce long trajet dans l’Atlantique. Bien que les Canaries soient proches des Côtes africaines (95 km de Fuerteventura à Tarfaya), la surveillance organisée avec la coopération du Maroc avait au début des années 2000 stoppé net le flux de « pateras » (grosses et profondes barques de pêcheurs pouvant transporter jusqu’à une centaine de personnes), qui rejoignaient ainsi l’Europe en quelques heures seulement. Les départs furent alors organisés depuis le Sénégal (Saint-Louis, Dakar, M’bour et même Kafountine en Casamance) à bord de « cayucos » (pirogues de pêcheurs), trajet beaucoup plus long et dangereux, ce qui fit exploser le nombre des naufrages.

Aujourd’hui, seules les noyages en Méditerranée arrivent parfois à attirer l’attention de la presse occidentale, mais les noyades dans l’Atlantique sont plus nombreuses et plus fréquentes.

Chacun sait que ce n’est pas en se contentant de traquer et punir les passeurs (et même au Sénégal les candidats à l’émigration « illicite ») que le problème se règlera. Il faudra s’attaquer aux causes qui poussent ces jeunes désespérés à de telles expéditions suicidaires. Une jeunesse sans espoir, c’est la fin du monde pour tout le monde, y compris les nantis.

Leur rendre espoir, c’est cesser de piller leurs ressources naturelles (lire entre autres La Françafrique pour les nuls) et faire passer les problèmes de changement climatique avant les revenus du capital. Il faut pour cela non seulement développer des systèmes de santé et d’éducation dignes de ce nom mais aussi stimuler la création d’une agriculture locale vivrière au lieu d’une production agricole d’exportation (coton, huile de palme, etc.), d’une industrie de transformation locale au lieu de l’exportation de matières premières brutes et investir dans les énergies renouvelable (et par exemple dans la Grande muraille verte) au lieu de l’extraction et l’exportation de gaz et de pétrole, suivies de l’importation de produits de raffinerie.

Il ne s’agit là que d’évidences clamées depuis de nombreuses décennies, mais qui n’intéressent pratiquement personne du « bon côté de la mer ». Il est urgent de bien comprendre que, comme le disait Fatou Diome en 2015 sur le plateau de France2 : « On sera riche ensemble ou on va se noyer tous ensemble » et si rien n’est fait, comme le chante Jolie Môme, Ils arriveront quand même.

Amitiés fraternelles.

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