Chaque jour de la semaine, les musulmans qui le souhaitent (et le peuvent) se rendent cinq fois par jour à la mosquée pour y prier durant quelques minutes. La présence d’un imam, bien que fréquente, n’est pas obligatoire, n’importe quel fidèle étant habilité à diriger la prière, pour peu qu’il connaisse par cœur la Fatiha et quelques brèves sourates de fin de Coran. Tout comme monsieur le curé ne délivre son sermon que le dimanche à la grand-messe, l’imam ne prêche que le vendredi à la prière de midi.
S’il arrive qu’un imam « sorte des clous » et tienne durant son prêche ou même en dehors des propos incompatibles avec les lois de la République (incitation à la haine, appel au meurtre, légitimation de la violence etc.), il est normal et même urgent de se saisir de cet individu et de le confronter à la justice de notre pays. Nous le faisons aussi, depuis peu, avec les ecclésiastiques coupables d’abus de mineurs.
La question qui se pose n’est donc pas de savoir s’il faut lutter contre l’islamisme radical, car c’est une évidence, mais quelle forme il convient de donner à cette lutte. Fermer la mosquée est-il utile alors que l’imam n’y prêche plus ? Les seules victimes de la fermeture sont les fidèles qui se retrouvent privés de lieu de culte. Un lieu de culte qui pourrait très bien continuer de fonctionner en tant que tel sans imam, ou avec un autre imam. Clamer sans cesse sur les ondes qu’il faut bien faire la différence entre les « bons » musulmans (dont les fidèles qui vont prier chaque jour à la mosquée comme certains vont chaque jour aux vêpres) et les « islamistes radicaux » pour ensuite mettre en quelque sorte tout le monde dans le même panier en fermant la mosquée ne me semble ni logique ni souhaitable. Cela risque en effet d’être contreproductif, les « bons » musulmans ayant à juste titre l’impression d’être punis parce qu’ils sont musulmans, dans un amalgame que la bien-pensance de tous bords jure sans cesse condamner. On voudrait semer la zizanie entre les citoyens qu’on ne s’y prendrait pas autrement. Je n’ai jamais entendu dire qu’il fallait fermer une église sous prétexte que le curé aurait été condamné pour abus de mineurs. Que penseraient nos bonnes et fidèles grenouilles de bénitier si les portes du confessionnal leur étaient soudain fermées ?
Ne serait-il pas plus judicieux de concentrer les efforts de la justice sur les véritables suspects et d’éviter des réponses administratives (parfois aux relents électoralistes) dont les intentions peuvent sembler douteuses aux yeux des personnes visées ?