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Billet de blog 18 juin 2019

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La vérité est dans les autres

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

D’où que nous venions et quelles que soient nos connaissances, nos expériences et nos « vérités », nous sommes tous stoppés au pied du mur du néant, de l’avant et de l’après, de l’univers, de l’infini. L’existence a-t-elle besoin d’être expliquée ? La pensée en est-elle le principal témoin ? Quid du Créateur ? Les questions se pressent avec plus ou moins d’insistance, et la quête de réponses est bien souvent génératrice de conflits dont personne ne sortira jamais vainqueur.

Mais peut-être faut-il se poser les questions en d’autres termes et refuser que la réponse soit l’urgence absolue qui justifie toutes les quêtes, se dire que l’important réside dans la voie qui conduit à la réponse et non dans la réponse elle-même. Commencer par faire le vide dans notre cerveau et écouter dans quelle voie notre cœur nous oriente. Pascal nous a placés à un point bien précis de l’univers. Pourquoi ne pas partir de là, de ce milieu entre tout et rien ? Pourquoi ne pas être un roseau pensant ? Sans armes, sans certitudes, sans arrogance. Partir pour enfin nous retrouver après nous être perdus dans les autres.

Au cours de ce voyage, on comprendra peut-être que l’intention du néant, ou du Créateur, est précisément le voyage, les rencontres, la découverte de la différence. Il ne s’agit pas d’aller imposer d’en haut notre « vérité », celle qui nous a été apprise ou que nous croyons avoir découverte et dont nous avons fait un système de valeurs, de lois ou de rites plus ou moins exclusifs. En cheminant, nous croiserons les autres, venus d’ailleurs, par d’autres voies. Et c’est dans ces rencontres à cœur ouvert que nous trouverons l’universel, étape par étape. Un universel qui a pour noms respect, amour, liberté, bien-être, partage, égalité, fraternité, justice, paix. Que l’autre soit bouddhiste, chrétien, juif, musulman, polythéiste, animiste ou athée, il tiendra alors toujours ce miroir dans lequel nous nous verrons ensemble. Pour les croyants, cela confirmera des signes, pour les athées, cela leur ouvrira peut-être les portes de la sérénité, de la paix et du bonheur spirituel.

Les Indiens et autres peuplades « dites primitives », en Afrique ou ailleurs, reprochent aux « blancs » de se considérer propriétaires de la terre, alors que nous ne sommes que les bienheureux bénéficiaires de ce qu’elle veut bien nous donner. Ils lui témoignent du respect, certains allant jusqu’à l’idolâtrer, alors que nous l’avons violée et dévorée, peut-être irrémédiablement. Rousseau les a sans doute un jour rencontrés, mais sa voix s’est noyée dans le courant d’une pensée matérialiste déjà prédominante.

Paradoxalement, ce sont précisément les populations les plus défavorisées qui semblent avoir fait le plus de chemin sur le sentier naturel de la découverte des autres et qui souffrent le plus des erreurs du monde dit civilisé. Nous faisons mine de les respecter, d’admirer leurs authentiques plumes et leurs danses ancestrales mais, arrogants, nous doutons a priori de leurs capacités intellectuelles. Anéantis par les Yankees et les Conquistadors, asservis par les marchands guerriers d’Occident ou d’Arabie, ceux des « sauvages » qui survivent restent les premières victimes de notre boulimie agricole, minière et énergétique.

Il nous reste un peu de temps pour leur tendre la main et nous découvrir en eux. Nous deviendrons un peu Inuits, Kayapos, Aborigènes, Zoulous, Bambaras ou Malinkés, et l’humanité sera enfin humaine. Mais il faudra d’abord redevenir le roseau pensant qui sait exactement sa place dans l’univers. Accepter de revenir sur nos pas pour y rencontrer l’autre et repartir avec lui sur le chemin de la vérité. À cœur ouvert, pieds nus et avec joie. Qu’attendre de plus beau de la vie sur terre sinon cette aventure ?

Après, à chacun sa vérité, à chacun sa réponse. Le roseau sera ou non phénix, l’homme renaîtra, peut-être enfin doué d’intelligence, et comprendra alors les signes qui se cachent dans l’alternance du jour et de la nuit.   

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