Souvent, quand on parle du Brésil, on évoque essentiellement le football, la samba, les feuilletons de TV Globo, les favela, Pelé, l’Amazonie, mais également Lula, cet ouvrier parti de rien, pour devenir un syndicaliste de renom, responsable de parti, le Parti des Travailleurs, puis Président de la République. Pour beaucoup, sa condamnation était injuste, comme celle de Dilma Rousseff.
Arrêté, objet d’intolérables dépassements judiciaires, ayant passé 580 jours en prison, puis libéré pour vice de procédure grâce à la résistance de ses soutiens et à une relative indépendance de la justice brésilienne, Lula va, cette fois-ci, -tous les sondages le donnent gagnant, certains instituts de sondage le voient dépasser les 50% au premier tour-, gérer une situation extrêmement désespérée au cas où il s’installerait à la présidence. Jair Bolsonaro a désarticulé l’économie brésilienne, la pauvreté a augmenté de 30% par rapport à l’année dernière, plus de 14% de la population vit dans une extrême pauvreté, un peu moins de 40% des Brésiliens se nourrissent mal. Sa gestion du coronavirus a été désastreuses, des centaines de milliers de morts. Ce qui devrait rendre les choses extrêmement difficiles pour Lula. Même les structures de l’Etat n’ont pas été épargnées par la volonté de Bolsonaro de décrédibiliser l’Etat pour l’éventualité d’un coup de force en cas de victoire de Lula.
La hantise d’un coup d’Etat traverse tous les esprits. C’est une possibilité. Bolsonaro prépare déjà sa défaite tout en soutenant l’idée qu’il ne partirait pas. Ses attaques continues contre les institutions de l’Etat, le processus électoral et le tribunal suprême fédéral, notamment le vote électronique sont peut-être la manifestation d’une possible non reconnaissance du résultat des urnes. Ce qui le pousserait à mobiliser ses partisans, d’ailleurs très disciplinés, pour fomenter une insurrection qui lui permettrait de rester au pouvoir. Il pourrait mobiliser des forces de police, proches de ses orientations et les camionneurs, comme ce qui s’était passé contre Salvador Allende en 1973. L’armée le suivrait-elle dans son aventure ou se cantonnerait-elle dans une sorte de silence suspect ? Rien pour le moment n’exclut ni ne confirme sa possibilité. Le rôle des Etats Unis sera primordial. Ainsi, Joe Biden pourrait, s’il en a le désir, de le dissuader.
Pour beaucoup, la victoire de Lula, dans ce contexte délétère, serait certaine, mais les choses sont très délicates dans une période de graves difficultés économique et sociales. Le retour de la pauvreté alors qu’il avait réussi à la faire reculer quand il était au pouvoir et les nombreux problèmes financiers seraient des éléments dissonants dans un contexte international très difficile. Pour le moment, le programme économique de Lula ne semble pas clair, d’autant que souvent, il prend des mesures quelque peu éloignées des recommandations du parti dont apparemment il paraît au-dessus de considérations partisanes.
Personne ne sait concrètement comment les choses risqueraient d'évoluer dans un sous-continent habitué aux coups de forces et au déni du jeu démocratique.